Un parfum d'Union Soviétique

Le 7 juin 2020

Je me demande si depuis quelques temps il ne commence pas à flotter en France un léger parfum d’Union Soviétique ? Vous allez me dire, qu’est-ce que j’y connais à l’URSS ? A part les propos insolites de Georges Marchais, le clown triste du PCF des années 80. A part l’avenue de l’Union Soviétique à Clermont-Ferrand qui m’emmenait au 92ème R.I. pendant mon service militaire, et que personne n’a eu la présence d’esprit de débaptiser malgré les millions de morts dans les goulags. Un renommage en « avenue de la Russie » est-il encore impensable en 2020 ? A part aussi les Tupolev de l’Aeroflot sur le tarmac de l’aéroport de Moscou encore floqués « CCCP » en 2003, lors d’un transit sur la route du Tokyo Game Show…

Je n’ai donc aucune légitimité particulière pour vous parler d’Union Sociétique, mais il me semble que beaucoup s’accordent à dire que l’URSS c’était, contrairement aux ambitions initiales, une idéologie au service d’une classe dominante plutôt qu’au service du peuple, une bureaucratie envahissante et inefficace, une société de surveillance généralisée, des libertés très réduites, des politiciens incompétents ou corrompus, c’était aussi et plus visiblement la queue sur les trottoirs pour acheter une simple baguette de pain. En France depuis le début de l’année, on dirait qu’on a fait quelques pas en direction de ce régime peu enviable, non ? Si on y regarde de plus près : l’assignation à résidence de tout un pays pendant 2 mois, le matraquage à la télé des mesures de distanciation, les un million cent mille contraventions dressées pour non-respect du confinement, l’application liberticide Stop-covid, les mensonges et ânonnements quotidiens des Veran-Philippe-Castaner-Blanquer-Ndiaye, la pire crise économique de mémoire d’homme en passe de nous tomber dessus, et enfin la queue devant les magasins inédite depuis 1945. C’est à tout cela que je pensais ce matin quand j’ai pris ma place dans la file d’attente sur le trottoir de la rue des Carmes pour récupérer ma tarte aux framboises commandée pour la fête des mères.

La plupart des clients étaient masqués, certains parmi les plus âgés, exagérément soucieux de la stricte observance des règles de distanciation. Moi non, ni masqué ni soucieux. J’ai remarqué en arrivant aux portes de la boutique que les deux serveuses de la boulangerie portaient un même modèle de masque cossu en tissu d’un noir profond, surmonté d’une élégante bande scintillante argentée. On aurait dit que des danseuses orientales rescapées des Mille et Une Nuits avaient pris possession de l’emblématique boulangerie aurillacoise. Petit compliment au passage à l’une d’elle, il faut toujours encourager ces petits riens du quotidien qui « changent la vie » comme chantait Goldman avant la chute du mur. Ce matin, un simple consommable sanitaire était devenu un accessoire de mode. Charmant. C’est là que j’ai réalisé qu’on était toujours en France : l’élégance française et un certain style malgré la débâcle sanitaire de l’état macronien.

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