Durée de vie de l'information, et transmission

Le 14 octobre 2006

Jeudi dernier, à Envoyé Spécial, j’ai regardé un reportage dédié à Pierre Perret. Au delà de la bonne qualité du reportage et du caractère éminement sympathique du bonhome, une image m’a marqué. C’est vers le début du reportage, on y voit Pierre Perret, dans son grenier, ouvrir une malle très ancienne. A l’intérieur, l’auteur a conservé tous ses manuscrits, y compris les premiers : des cahiers d’écoliers sur lesquels il a griffonné les toutes premières notes du Zizi, de la Cage aux oiseaux, ou les premiers mots de Lily. C’était il y a près de 50 ans. Pourtant, Perret a tout conservé, tout est là dans cette malle aux souvenirs. Des dizaines de cahier jaunis, écrits à la main, raturés, gribouillés. Séquence nostalgie.

Alors je me suis projeté quelques années en avant, et je me suis dit : qu’est-ce que ma génération va mettre dans sa malle aux souvenirs. Qu’allons-nous pouvoir transmettre dans notre société devenue presque complètement dématérialisée ? Est-ce que les archives du web seront conservées ? Rien n’est moins sûr. Malgré le travail de fourmi d’un site comme webarchive.org, tout n’est pas conservé : nous n’avons d’ailleurs presque plus rien des toutes premières versions de jeuxvideo.com, qui ne datent que de 10 ans !
Nos blogs existeront-ils dans quelques années ? Que deviendront les vieilles notes ? Les sociétés internet prendront-elles la décision de conserver toutes ces infos ? Pourquoi le feraient-elles si plus personne ne les lit et que l’auteur n’est plus abonné à leur service ? Décideront-elles un jour de supprimer toutes les vieilleries sans préavis ? Sans parler du risque de fermeture de ces entreprises.

Remarquez, le net n’a rien inventé en matière de volatilité et de lente destruction de l’information. J’en avais déjà eu la preuve au cours d’une conversation avec Jean-Jacques Reygnier, patron de la société Auvergne Reliure. Cette entreprise aurillacoise s’occupe avec talent de restauration de livres et documents anciens (jusqu’à plusieurs siècles). Il me confirmait ce dont je me doutais un peu : plus nous remontons dans le temps, plus les documents étaient écrits dans le but de se conserver longtemps. A l’inverse, plus nous revenons au monde contemporain, et plus le papier est de qualité médiocre, plus il a tendance à se dégrader vite, et moins il ne laissera de place à d’éventuels restaurateurs futurs. Un livre écrit il y a quelques siècles n’aurait pu se conserver que quelques décennies s’il avait été imprimé avec le papier et l’encre actuels.

Le net n’est donc qu’un maillon dans ce lent processus qui rend nos informations de plus en plus éphémères. Quelle est la durée de vie d’un disque dur, ou même d’un DVD à l’échelle de l’histoire ? C’est tout le problème de l’archivage du net, mais aussi de la transmission du savoir dématérialisé. Et au-delà, pour l’individu, l’idée de "laisser une trace".
Photo : soozika

Commentaires

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  1. [PM3]

    le 14 octobre 2006

    Certains s’enterre avec leurs souvenir..Moi perso’ je me préoccupe pas du futur sinon je déprime et j’ai des crises d’angoisse sur la mort , mieux vos laisser les choses comme elles le sont c’est que des objets .

  2. serbie

    le 24 octobre 2006

    bonjour, je suis novice dans le domaine des site de partage vidéo perso. comment faire pour y avoir accès.Et de pouvoir créer des sujets et les faire parvenir aux internautes.
    j’ai 76 ans et suis un peu perdu merci de me renseigner pour le savoir faire et éventuellement gagner un peu de sous car j’ai pratiquement pas de retraite. merci encore michel