Propos de confinements

Le 7 avril 2020

Jour 22. Nous commençons notre quatrième semaine de claustration. Si encore on en connaissait la durée, ça adoucirait sans doute cette attente interminable. Mais on sait bien qu’on nous annonce stratégiquement notre enfermement par vagues de quinze jours. Cette communication infantilisante commence d’ailleurs à m’agacer. Surtout qu’on ne peut pas dire qu’en matière de stratégie donc d’anticipation, nos politiques aient été très brillants jusqu’à présent.

Alors, entre deux parties de fléchettes sur la photo d’Edouard Philippe, on s’occupe comme on peut. Hier, j’ai passé un long moment à démêler le cerf-volant de Jade qui n’était plus qu’un amas de noeuds impressionnants. Un peu comme le réseau autoroutier du Cantal en vue satellitaire. Non, je rigole.
Ca m’a pris un temps certain pour démêler tout cela. Mais j’étais confiant. A condition d’avoir une bonne méthode et du temps, on vient à bout de tous les problèmes. Avec la crise sanitaire actuelle, notre gouvernement n’a ni l’un ni l’autre…
Tout entier absorbé par mon oeuvre de désemberlificotage , je voyais de temps en temps Myriam venir m’encourager chaleureusement : « Tu n’y arriveras pas, il faut couper. » Alors quand j’ai brandi victorieusement la poignée du cerf-volant avec sa ficelle impeccablement enroulée dessus, j’ai eu envie de célébrer ça comme Usain Bolt : la flèche dans mon salon, penché entre le canapé et la télé, le doigt pointant un tableau de flamand rose, devant une foule en liesse de deux supportrices !

Après, Jade, élève honoraire de CM2, s’est laissée aller à quelques considérations philosophiques. Je vous la cite de mémoire :
« Vous, vous travaillez et vous gagnez de l’argent. Moi je vais à l’école, je travaille et pourtant je ne suis pas payée. C’est injuste. Peut-être qu’un jour les élèves gagneront de l’argent. Ce serait trop bien (petit rire). On ne sait jamais avec l’évolution de l’homme. »

Effectivement, on ne sait jamais avec l’évolution de l’homme. Je me demande si Jade veut toujours devenir palefrenière quand elle sera grande. Peut-être est-elle en train de bifurquer vers l’anthropologie, ou l’histoire ? Peut-être sera-t-elle le Yuval Noah Harari des années 2040 ? A moins que… peut-être ai-je une graine de CGTiste à la maison ? Pour paraphraser mamie Françou : « Ne parle pas de malheur ».

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