Confinement et généalogie

Le 8 avril 2020

Jour 23 du confinement. Le Professeur Didier Raoult a raison : le confinement de tout un pays, c’est une méthode digne du Moyen-âge. Elle illustre notre défaillance collective à anticiper une crise sanitaire de cette ampleur. Comme le chercheur marseillais le rappelle, les maladies infectieuses, c’est finalement assez simple. Un triptyque qu’on apprend, dit-il, en troisième année de médecine : on teste, on isole et on traite. Actuellement, on ne teste pas, le nombre de tests de dépistage est ridiculement insuffisant si on se compare à d’autres pays mieux préparés comme l’Allemagne. En France, on n’a même pas une idée du pourcentage de la population qui est touchée.
On n’isole pas non plus, puisque les personnes suspectées d’être des hôtes du coronavirus sont renvoyées chez elles, histoire de contaminer tout leur entourage. Rappelons que nous autres occidentaux riions volontiers de ces chinois qui construisaient en janvier dernier des hôpitaux de campagne sur les stades de foot, justement pour isoler les malades du reste de la population.
On ne met pas de masques non plus, on nous a longtemps dit que cela ne servait à rien. Certains idiots professaient même que c’était contre-productif !
On ne traite pas enfin, fustige Raoult dans la mesure où l’on refuse pour l’instant, contrairement à de nombreux pays, d’utiliser la chloroquine, substance bon marché, déjà disponible en pharmacie, connue et archi-connue pour avoir été pendant des décennies le meilleur traitement anti-viral contre le paludisme, et avoir sauvé probablement des millions de vies humaines.
Bref, notre ignorance fait qu’on n’est pas prêts d’être déconfinés.

Entre une interview de Raoult (celle sur Radio Classique est éclairante) et un discours du Père Philippe Fouettard qui fustige les joggers, je me suis plongé dans la généalogie. J’avais un compte à régler avec mes ancêtres Delpirou originaires de Cézens (Cantal). J’étais bloqué au niveau de la septième génération : mes arrière-arrière-arrière-arrière- arrière-grands-parents. Dans le petit hameau de Paulhiagols de Cézens, Jean Delpirou s’était marié avec Marie Roussille. J’avais des infos sur un ou deux de leurs enfants, dont l’un semble avoir été incorporé dans la Grande Armée de Napoléon en 1813. En les consultant, on observe que les conscrits étaient classés par ordre d’incorporation selon le numéro de matricule. Sur la page de mon cousin, tout le monde est mort ou presque : tués au combat, morts à l’hôpital, faits prisonniers, ou portés disparus et jamais retrouvés. On a une mémoire tout à fait partielle de cette période, au-delà des noms ronflants de batailles glorieuses – Marengo, Austerlitz, Iéna, Wagram – ou de défaites honteuses – Trafalgar, Bérézina et bien sûr Waterlooo – on l’a oublié mais les guerres napoléoniennes avaient surtout été une véritable boucherie. Mais je digresse.

J’ai donc cherché l’acte de mariage de mes ancêtres Delpirou-Roussille, car l’acte de mariage est le document d’état civil le plus important. On y trouve des informations sur les époux et surtout les noms et qualités de leurs parents, éléments indispensables pour progresser dans toute généalogie ascendante.
J’ai commencé par les registres de l’état civil révolutionnaire en partant de la date de naissance des enfants supposés vers 1800, puis en remontant dans le temps. Car tant qu’on trouve des enfants, c’est que les époux sont déjà mariés. Les enfants hors mariage étaient assez rares.
A partir de 1792, je suis passé sur les registres paroissiaux, puisque sous l’ancien régime, c’étaient les curés qui faisaient fonction d’officiers d’état civil. Plus on remonte dans le temps et plus il est pénible de lire les actes. D’une part l’écriture et la rigueur des curés était vraiment fonction des individus. Et en plus, l’état de conservation des registres est très variable, la qualité de la numérisation est également aléatoire, sans oublier que plus les actes sont anciens et plus ils sont avares en information, ce qui rend les recherches de plus en plus complexes.

Heureusement, avec l’habitude et l’aide de Google Maps, le déchiffrage devient de plus en plus aisé. On finit par deviner les noms des hameaux à force de les voir écrits d’une façon ou d’une autre. Pour Cézens par exemple : Les Chabasses, Pauhiagol, Neirebrousse, Aubaguet, Lussenac, Pradines, Frescolanges, Arjaloux, Le Chafol, Chauvel, La Grangette, Les Aix….
Quant aux noms de famille, dans les petits villages de montagne avant la révolution, il y avait peu ou pas d’apports de populations extérieures. Ainsi, ce ne sont guère plus d’une trentaine de noms de famille qui se retrouvent dans les actes. A Cézens, outre Delpirou, on peut voir les patronymes Rongier, Bladinaire, Rouches, Vidalenc, Roussille, Amagat, Rigal, Douet, Ajalbert, Baduel, Blanc, Borel, Boudou, Chastang, Combes, Costes, Delpeuch, Delrieu, Giraldon, Lafont, Neiravèze, Nozières, Rolland, Rouquès, Teissèdre, Vaurs, Vazelle, Vergne…

Après avoir lu tous les actes sur une vingtaine d’années, j’ai pu voir que la petite famille était assez nombreuse. Mais c’était souvent le cas à l’époque. L’épouse a eu son premier enfant à 20 ans et le dernier à 40. Au moins neuf enfants sont nés, et au moins les deux premiers sont morts quelques jours après leur naissance. Là aussi c’était très fréquent, aucune famille ne voyait tous ses enfants atteindre l’âge adulte.

Et puis, arrivé au 24 février 1778, bingo ! Je tombe sur la mariage de Jean Delpirou et Marie Roussille, ce qui me donne les noms des parents. A partir des parents, et grâce à Geneanet, j’ai pu remonter les Delpirou jusqu’à la neuvième génération et un Antoine Delpirou né vers 1671 à Cézens, marié avec Marguerite Bladineyre. Mission accomplie. Jusqu’à la prochaine.

Acte de mariage de Jean Delpirou et Marie Roussille, du 24 février 1778 à Cézens
(ancêtres directs de 7ème génération du côté de mon arrière-grand-mère paternelle qui s’appelait Maguerite Delpirou)

Commentaires

Laisser un commentaire

Votre adresse de messagerie ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *