On dit que la propagation du virus chinois s’accroît de jour en jour, les chiffres officiels montrent une épidémie désormais hors de contrôle, et certains politiques réclament même – le mot n’est plus tabou – un nouveau confinement. Après avoir juré cet été qu’il n’y aurait pas, quoiqu’il arrive, de seconde grande claustration puisqu’au plan économique, nous assurait-on, le pays ne s’en relèverait pas. C’est drôle aujourd’hui de voir avec quelle véhémence certains élus réclament ce nouveau confinement auquel ils ne seront par ailleurs pas soumis. Comme nos gouvernants sans inspiration ni charisme ont pris l’habitude de suivre les tendances plutôt que de les impulser, et que deux pays voisins nous ont précédés dans le reconfinement, il ne fait plus guère de doute que nous allons subir une seconde assignation à résidence générale. Sous une forme – mince espoir résiduel – peut-être atténuée.

Une allocution d’Emmanuel Ier est prévu demain soir. Je le vois déjà, aux côtés des ministres Castex, Veran, et du maréchal Delfraissy nous annoncer conjointement, solennellement, la « mort dans l’âme », la nouvelle réclusion du peuple français. Comme les quatre cavaliers du nouveau testament annonçant l’Apocalypse, ou comme Jean-Claude Camus prononçant l’annulation du concert de Johnny au Stade de France en 1998.

Mais cette fois, pas question de subir l’événement les bras ballants, il faut réfléchir et anticiper. La tactique du mois de mars dernier qui consistait à de se ruer sur les pâtes, le riz, et le papier-toilette n’ayant pas produit d’effets positifs notables, il va nous falloir essayer autre chose. Je vous propose quelques pistes pour nous préparer au mieux à l’enfermement qui nous attend :

– D’abord, ne pas croire Manu lorsqu’il va nous parler de la durée du confinement. La première fois, l’étendue a été au final quatre fois plus longue que promise. Ne pas oublier d’appliquer un coefficient multiplicateur de quatre cette fois encore.

– Après avoir enduré un premier confinement, nous sommes aguerris, nous en connaissons les effets dévastateurs, notamment psychologiques. En mars et avril, nous avions par miracle bénéficié d’une météo exceptionnellement clémente pour un printemps, ce qui avait adouci la peine des chanceux propriétaires d’un jardin. Mais le printemps est bien loin, et la douceur pré-estivale ne sera pas cette fois au rendez-vous. Soyons préparés à rester tristement cloîtrés entre quatre murs, c’est à dire à subir un confinement plus éprouvant que le premier.

– Souvenez-vous que les librairies vont être fermées et que les e-libraires ne traitaient plus les commandes de livres en avril, afin de privilégier les biens de première nécessité, catégorie dont le livre est exclu. Il est vrai que dans une France éducativement en voie de déclassement, le livre est une préoccupation totalement superfétatoire. Si vous ne voulez pas manquer de lecture, prenez de l’avance, achetez des livres. Je viens de commander L’Anomalie, le thriller virtuose d’Hervé le Tellier qui a l’air diaboliquement addictif.

– En cas d’urgence, fignolez une stratégie pour pouvoir sortir coûte que coûte de chez vous, en utilisant l’un des motifs autorisés sur les laissez-passer idoines, lesquels ne manqueront pas de faire leur réapparition aussi sûrement que les cèpes en forêt de Margeride.
Pensez à acheter un chien pour pouvoir le sortir plusieurs fois par jour, ou alors adoptez un vieux pour pouvoir cocher la case de l’aide aux personnes âgées. Payez-vous aussi un nouveau jogging pour bénéficier à plein de l’heure de sortie quotidienne dévolue au sport. Et si vous n’avez croisé personne, offrez-vous une seconde excursion avant la fin du jour. Bref, pour bien confiner, et tenir la distance, sortez !

– Listez enfin les commerçants qui livrent à domicile, inscrivez-vous sur UberEats, Deliveroo, RestoMalin, Just Eat, Seazon et compagnie. En contrepartie commencez à vous préparer psychologiquement à une succession de repas de burgers, pizzas, tacos, kebab et autres sushis…

Cette liste est fatalement incomplète, merci d’y participer activement en ajoutant en commentaires vos propres idées de nature à aider les futurs confinés et courageux lecteurs de ce modeste blog.