Aubagne et Dicker

Le 9 août 2020

« Je suis né dans la ville d’Aubagne, sous le Garlaban couronné de chèvres, au temps des derniers chevriers »
Marcel Pagnol.

Aubagne. Ce nom est évocateur pour peu qu’on ait lu Pagnol, par exemple La Gloire de mon Père. Evocateur peut-être pas d’un paradis perdu, mais au moins d’une période révolue, celle d’une France rurale et méridionale, simple, joyeuse, qu’on imagine fraternelle et laborieuse au début du siècle dernier.

Nous sommes allés à Aubagne. Pas vraiment sur les traces de Marcel Pagnol. Pas par les chemins poussiéreux, convoyés par une mule, mais au contraire, sur l’autoroute avec la clim et la ferme intention de revenir avec une table de cuisine dans le coffre. Nous l’avons trouvée chez Alinea, ce temple de la consommation concurrent de la célèbre enseigne suédoise trop souvent citée sur ce blog. Et puis, nous avons malbouffé chez Quick. Je sais, après avoir cité Pagnol, ce billet est un véritable massacre. Je vous l’avoue tout net : je n’ai pour l’instant connu d’Aubagne que la gigantesque zone commerciale des Paluds de 120 hectares qui borde l’autoroute. Pas de quoi être fier.

De retour à Aix, j’ai lu un article sur l’enseigne Alinea qui est justement en redressement judiciaire. J’espère que la table est solide, car il ne faudrait pas avoir à miser sur la garantie. Une offre de rachat de l’entreprise a été faite, prévoyant de supprimer les deux tiers des magasins et la moitié des salariés en France. Sinon ce sera la liquidation pure et simple, pas de plan B.
Quant à Quick, les jours de cette usine à burgers industriels belge sont comptés depuis longtemps. Le cantalou qui a racheté l’enseigne avait promis de les transformer en Burger King, une autre usine à burgers industriels, mais américaine celle-là. J’en déduis que les belges sont bons pour faire les frites, moins pour le business ; quand ça devient gros, ce sont presque toujours les ricains qui gagnent.
Du coup, finalement les deux boutiques que nous avons visitées à Aubagne sont en sursis, pas encore aussi obsolètes que les parties de chasse de l’oncle Jules et du père Pagnol dans la garrigue, mais tout comme. Une sorte de consolation. Il faudra quand même retourner à Aubagne pour dissiper ce grand malentendu, c’est à dire voir autre chose que les parkings asphaltés brûlants et les étiquettes racoleuses de troisième démarque…

Et puis, j’ai débuté la lecture de L’énigme de la Chambre 622, le dernier Joël Dicker, le jeune et fringant romancier suisse dont j’avais apprécié le premier roman et best-seller planétaire « La Vérité sur l’Affaire Harry Quebert » – trois millions d’exemplaires vendus dans le monde.

Je reviens à Dicker comme une parenthèse au milieu du tome 2 de La Guerre et la Paix. Dicker, c’est un romancier qui écrit de façon simple et fluide. Hergé avait apporté la ligne claire à la BD. Dicker, c’est la ligne claire du roman. L’intrigue est facile à suivre malgré des chapitres emmêlés chronologiquement.
J’ai acheté ce roman, car le titre me rappelait Le Mystère de la Chambre Jaune de Gaston Leroux. Dicker, c’est peut-être le Gaston Leroux du XXIème siècle, son livre aurait pu sortir au rayon jeunesse. Après 120 pages, ce dernier roman m’apparaît plaisant à lire, même s’il est moins addictif que Harry Quebert et peut-être moins travaillé également.
En tous cas, il doit se vendre comme des beignets aux pommes sur la plage de Palavas-les-Flots, car les mises en place en librairie sont énormes : en général une palette par point de vente. Pourquoi vendre les livres à l’unité quand on peut les écouler par containers entiers ?

Commentaires

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  1. Christophe

    le 9 août 2020

    Salut Sébastien
    Quand nous allons à alinéa nous mangeons au restaurant du magasin. Et le Suédois ne lui arrive pas à la cheville. Alors ok ce n’est pas le même prix mais contrairement à ce que dit une enseigne de supermarché discount : ça coûte plus cher de bien manger.
    😉

  2. lightman

    le 9 août 2020

    Salut Christophe, on avait eu aussi l’idée de manger sur place, mais le restaurant du magasin était « exceptionnellement fermé » ce jour-là.