Reprise de vitalité

Le 14 mars 2021

Premier footing depuis quatre mois. Quarante minutes en trottinant sur les petites routes aixoises pour reprendre pied en douceur. Mais que ça fait du bien ! J’ai l’impression que lorsque je cours, mon corps biologique se resynchronise avec son rythme naturel. Entre deux sorties, il est comme une montre à l’ancienne qu’on ne prendrait pas le temps de remonter : il ralentit, il se perd peu à peu.
Quatre mois d’abstinence sportive totale pour cause de gremlin dans l’abdomen, ce dont je vous avais déjà parlé. On l’a bien calmé ce petit monstre, à coup de bistouri, d’inhibiteurs de la pompe à protons (si si !) et d’anti-dépresseurs. Finalement, j’ai stoppé tous les médocs il y a un mois, j’ai aussi arrêté la psy. Deux ou trois séances à 70€ l’unité, c’est le prix d’une nouvelle paire d’Asics Gel, un investissement avec un bien meilleur rendement.

Du coup, je peux reprendre également le cours de ce blog après cette énième jachère depuis sa création en 2003. Je vais pouvoir à nouveau vous faire part de mes réflexions plus ou moins inspirées. Un ami m’a écrit hier un truc qui m’a fait plaisir « tes réflexions sont (presque😜) toujours pertinentes et par conséquent toujours les bienvenues. » Sympa. Ce « presque » teinté d’humour est un stimulant, et en même temps, c’est parce que certaines de mes interventions sont moins pertinentes que les autres peuvent émerger un peu.

Cette semaine, j’ai été interviewé à propos de jeuxvideo.com. C’est la première fois que j’accepte depuis de longues années, le sujet ne m’intéresse plus guère, mais là il s’agissait d’une sollicitation de deux brillants étudiants d’une école de l’élite de la République devant remettre un rapport sur le rachat des startups française par les entreprises étrangères. Vaste sujet, qui me concerne peu dans la mesure où j’ai toujours vendu mes entreprises à des groupes français, même si concernant jeuxvideo.com nous avions mandaté une banque d’affaires américano-suisse et discuté avec des acquéreurs anglais et canadien.
Au début de l’entretien par Google Meet, l’un des étudiants commence à me brosser dans le sens du poil en m’expliquant qu’ils sont tous deux fans de jeuxvideo.com, que c’est formidable, tout ça, et concluant par une note nostalgique : « après la fin de Tilt et de Gen4, on était bien contents d’aller sur jeuxvideo.com »… Grand sourire poli de ma part devant cette flatterie au goût de fraise Tagada. Peu importe de savoir si ces jeunes étaient nés lorsque le vénérable Tilt a stoppé sa parution en janvier 1994, j’apprécie l’effort de préparation de l’entretien. C’est loin d’être toujours le cas.
J’avoue que j’ai aussi accepté la visio car j’étais curieux d’échanger avec ces futures élites, j’ai toujours été fasciné par les gens supérieurement intelligents, dont le cerveau carbure comme le moteur surpuissant d’une Ferrari… C’est vertigineux, ça ne peut qu’inciter à l’humilité, et ça enrichit intellectuellement. C’est la réciproque de la formule de Michel Audiard : « j’parle pas aux cons, ça les instruit ». Moi, peu illusionné par mes capacités cognitives modestes, je cherche la compagnie des génies dans l’espoir qu’ils m’instruisent un peu. Toujours cette idée que nous sommes un peu le produit des gens que nous rencontrons…

Côté lectures, j’ai aimé le dernier livre de Bernard Pivot « … et la vie continue ». Le présentateur de Bouillon de Cultures, a écrit ce roman qui n’est certes pas révolutionnaire, mais intéresse, étonne, puisqu’il est centré sur le grand âge. Le personnage principal est octogénaire, et ressemble à son auteur comme deux gouttes de Guignolet. Il s’efforce de composer avec les tourments de la vieillesse, tout en conservant un humour et un entrain qui sont plus qu’une marque de politesse. Pivot est un amoureux des mots et même s’il n’est pas un grand écrivain a rendu une copie agréable à lire. Sur la fin, on s’enferme toutefois dans des problématiques médicales qui sont un peu pénibles, il était temps d’arriver au bout.
Hier, belle découverte avec l’album de BD « Chroniques de jeunesse » de Guy Delisle, dans lequel le dessinateur raconte les étés de sa jeunesse lorsqu’il travaillait dans une usine à papier du Québec, pour payer ses études en arts graphiques. On découvre cette industrie, ses contraintes – le bruit, la chaleur, l’odeur, les cadences de 12h d’affilée. Le dessin peu coloré, joli et épuré, retranscrit à merveille l’atmosphère industrielle grisâtre. Hâte de découvrir d’autres albums du même bonhomme.

Ce sera tout pour aujourd’hui. Comme pour le footing, il faut se garder de rattaquer trop brusquement, ne risquons pas le claquage littéraire. A+