JVBook 17 : à Marseille (9ème)
J’ai troqué le 17ème exemplaire résiduel du JVBook, contre les Cahiers de Jean Paulhan. Je n’ai aucune idée de qui peut bien être ce Jean qui porte le patronyme d’une aire autoroutière de l’Hérault. En ouvrant, je vois vite qu’il s’agit d’une correspondance avec un ami, un genre que j’affectionne presque autant que les journaux. J’ai parcouru une ou deux lettres, elles datent du début du siècle dernier, sont fort bien écrites, dans un style solennel et littéraire qu’on n’oserait plus employer de nos jours, sauf pour rechercher un effet comique. C’est la NRF (Gallimard) qui a édité ça en 1980. Allez, je le prends. De toutes façons, c’est largement mieux que tous les livres voisins : des recettes de cuisine, un Guy des Cars, un Martine, le Lonely Planet du Canada, et plein d’auteurs inconnus et qui le resteront pour le bien de la littérature…
Une fois revenu de ce charmant petit Parc de la Maison Blanche dans le 9ème arrondissement de Marseille, qui avait pour avantage probant d’être situé à moins d’un kilomètre de l’Institut Paoli-Calmettes – où Myriam a brillamment passé un examen avec félicitations du jury – j’ai voulu en savoir plus sur le livre que le hasard a conduit dans ma bibliothèque.
C’est drôle mais il semble comme intact, le dos n’est pas cassé, les pages n’ont pas jauni, c’est comme si ce livre avait été offert, et directement rangé dans une bibliothèque sans jamais avoir été lu par son propriétaire. C’est souvent le lot des prix littéraires, ces livres qu’on achète beaucoup, qu’on offre énormément, qui sont peu lus, mais vous habillent avantageusement une étagère qui manquerait de références reconnues.
Sur la page 1 de mes Cahiers de Jean Paulhan, la seule a avoir été déflorée, un nom a été écrit au stylo-plume bleu. Un nom composé, peu usité, précédé d’un prénom : Jean. Il aura voulu écrire son nom sur le livre comme cela se faisait autrefois. Peut-être ce Jean prêtait-il parfois ses livres et cette inscription était censée augmenter ses chances de retour à la maison ?
Google m’apprend que ce Jean est décédé en février 2011 à Marseille. Etant donné la rareté du patronyme et le lieu du trépas, j’ai donc entre les mains, un livre qui a été offert à un marseillais qui est décédé depuis, sans l’avoir lu.
Je ne sais pas quoi penser de cette information. Ca fait un drôle d’effet quand même. Pour me tranquilliser, je me dis qu’il y a peu de chances pour que Jean soit mort du choc provoqué par ce cadeau (« c’est quoi ce livre pourri, arrrrghhh je meurs ! »), pas plus que d’un fatal remord de ne jamais l’avoir lu…
Pour conclure sur une phrase informative qui vous évitera le détour par Wikipedia, Paulhan est un écrivain et critique littéraire, il a dirigé la NRF, et fut ami de Paul Eluard et d’André Breton. Il a dû forcément avoir des choses à raconter, nous verrons ce qu’elles valent plus d’un siècle après…
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