On vend la maison

Le 23 mai 2020

Ce sera mon 10ème déménagement, le premier hors du Massif Central. La décision a été prise il y a un an. On a hésité pour trouver notre nouvelle région. Comme nous travaillons depuis notre domicile, nous sommes libres de nous poser un peu n’importe où. On a quand même choisi la France. Ca n’a pas toujours été notre idée. En 2012, Holllande était arrivé au pouvoir avec une rhétorique haineuse à l’endroit des gens disposant d’un peu de patrimoine. On avait alors réfléchi sérieusement à une expatriation, Barcelone aurait pu être un bon choix, Jade aurait intégré une école française, et nous, nous serions épanouis dans l’effervescence culturelle, linguistique, historique, économique de la capitale de la Catalogne…. J’aurais pu retrouver un ami, fondateur de l’équivalent de jeuxvideo.com en Espagne, on aurait appris le castillan et le catalan, ç’aurait été un plan vraiment sympa. Et puis, le train est passé, et on n’est pas monté dedans.

Nous étions aussi allés en reconnaissance à Montpellier, mais avions rapidement été découragés par les importantes difficultés de circulation de la capitale héraultaise, ainsi que par une croissance démographique non maîtrisée, suivie par une inflation de constructions anarchiques d’immeubles moches qui laissent augurer de futures décennies difficiles. Il suffit de regarder sur les bords de l’A9 pour en être convaincus. .

Enfin l’an dernier, sans pression cette fois, on s’est décidé. Mon projet d’incubateur à Aurillac était en train de mourir à petit feu, les politiques locaux avaient ouvertement déclaré que l’innovation n’était plus un sujet dans le Cantal en dépit de beaucoup de leurs beaux discours publics qui disaient le contraire.
« Ne jugez jamais les politiques sur ce qu’ils disent, mais sur ce qu’ils font réellement » rappelle fort pertinemment Idriss Aberkane. Dans le Cantal, force est de reconnaître que la plupart des élus depuis vingt ans sont médiocres si on se fie à leurs seuls actes : rares, peu efficaces et jamais en phase avec les enjeux réels du territoire. Les gars sont totalement déphasés, comme l’illustrent les projets aurillacois de la Sablière ou de l’ilot des Frères Charmes qui accusent tous deux vingt ans de retard, et ne résoudront aucun des problèmes de la ville.

Bref , je n’avais plus aucune perspective professionnelle ici, et nous avions envie de naviguer sur des courants moins contraires. J’avais pourtant tenté plusieurs projets au bénéfice du territoire, dans l’espoir de faire bouger les lignes, bénévolement et sur mes deniers : le site de e-commerce de produits du terroir auvergnat Testadaz.com, le club d’investisseurs Cantal Business Angels, l’incubateur d’entreprises innovantes Catapulte

Myriam a d’abord regardé une plateforme web qui référençait les villes françaises où il fait bon vivre. On a étudié Annecy qui nous avait émerveillés pendant des vacances estivales au bord du lac, puis on a louché vers Aix-les-bains. Ensuite, on s’est rendu plusieurs fois à La Grande Motte en juin dernier. On y a même visité une vingtaine de maisons. L’image d’Epinal de La Grande Motte, c’est le béton et l’usine à touristes. Mais, la réalité, c’est un urbanisme plutôt bien pensé, beaucoup d’espaces verts. Et hors saison, c’est une petite ville calme où il fait bon vivre, et qui dispose d’un réseau de voies piétonnes et cyclables incroyable. On a failli craquer, on était à deux doigts d’acheter une maison, jusqu’à ce qu’on découvre par hasard que le propriétaire du bien que nous convoitions nous avait menti, nous dissuadant de signer. On a donc reculé au dernier moment, alors qu’on s’apprêtait à faire le grand saut dès l’été 2019. Là encore, le train est parti sans nous.

Et puis, on s’est enfin focalisé sur Aix-en-Provence, magnifique cité historique dotée d’une richesse culturelle incomparable, aux portes de l’agglomération phocéenne dont le caractère rebelle et l’identité multiculturelle sont sans doute sans égal dans l’hexagone. On a peiné à trouver un point de chute tant l’immobilier là-bas est très demandé : les biens en agence sont rares, et se vendent plutôt par connaissance de gré à gré, et chèrement. On a finalement eu un coup de coeur pour une maison construite sur le modèle des bastides provençales. La vente signée, après quelques travaux, on va pouvoir emménager bientôt.

On se trouve désormais dans la situation inverse à l’an dernier : on ne visite plus, mais on fait visiter notre future ancienne maison de Toulousette, sur Aurillac. Si vous cherchez une demeure récente (2010) en pleine campagne mais à 2 minutes du centre-ville d’Aurillac, agréable, très calme et avec une vue panoramique, n’hésitez pas à jeter un oeil notre l’annonce sur LeBonCoin

A part ça, je me suis abonné au site du philosophe Michel Onfray dont je suivais les interventions de loin en loin, mais dont les propos « souverainistes libertaires » deviennent assez pertinents à l’occasion de cette crise sanitaire dans laquelle nous sommes empêtrés. J’attends de voir ce que va donner sa future revue Front Populaire qui verra le jour fin juin, et que certains journaux ont déjà conspué avant même de voir de quoi il s’agissait (comme ici). Un tel sectarisme de principe à l’égard de cette initiative ne fait qu’exciter ma curiosité.

Côté lecture, je suis toujours plongé dans La Guerre et la Paix après 600 pages, un petit tiers de l’oeuvre de Tolstoï. La plongée des héros dans la bataille d’Austerlitz m’a enchanté, d’autant que l’auteur se débrouille pour que ses protagonistes rendent compte indirectement de la stratégie géniale mise en place par Napoléon pour laminer les deux empereurs adverses, en faisant de cette journée, probablement sa plus grande victoire militaire, et l’une des plus éclatantes de l’Histoire de France.
Il y a dans ce roman des passages haletants qui font de ce classique un redoutable page-turner. Je me sens de plus en plus attaché aux héros, comme par exemple le comte Pierre Bezoukhov (qui est en train de se convertir à la franc-maçonnerie), mais aussi le très calculateur et vénal Prince Basile Kouraguine…

Cet après-midi, pluie et ennui au programme. J’ai quand même apprécié un bon film. Comme quoi, en cherchant un peu, on arrive parfois à trouver quelques perles sur Netflix, au milieu de tout un fatras de navets américains sérialisés, tous plus niais les uns que les autres. Une bonne pioche tout à l’heure avec Les Pleins Pouvoirs, de, et avec, Clint Eastwood. La seule présence du maître peut justifier le visionnage, mais en plus le scénario n’est pas mal ficelé. Une affaire de meurtre concernant un politique de premier plan, et dans lequel se trouve involontairement mêlé un cambrioleur de haute volée. Beaucoup l’ont sûrement déjà vu, mais sinon voyez-le.

Commentaires

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  1. jdo

    le 11 juin 2020

    J’avais pris le temps de découvrir la Grande Motte il y a quelques mois, et j’ai été scotché par la cohérence de la démarche d’urbanisme. La radicalité du travail de Jean Balladur a de quoi effrayer, mais il faut bien admettre que c’est une ville incroyablement agréable à vivre.

    Aix en Provence c’est pas le même style mais c’est très sympa aussi ! Je compte bien passer te voir à l’occasion, ça me fera une excuse pour vadrouiller un peu dans le sud… je ne profite jamais assez de mon statut de télétravailleur nomade

    Bon déménagement à toi !

  2. lightman

    le 11 juin 2020

    Jdo> Merci de ton message Jean-David ! Avec plaisir pour se revoir dans le sud ! Concernant la Grande Motte, la plupart des gens ont une image datée de cette station balnéraire, qui remonte aux années 80 lorsque la végétation n’avait pas encore poussé, et où l’on retenait ces paquebots de béton en bord de mer. Aujourd’hui la ville a une autre physionomie.