Mes oeufs bleus

Le 27 septembre 2019

Ce midi, j’ai acheté des oeufs bleus, une demi-douzaine. A La Halte Paysanne*, magasin de producteurs bio à Maurs-la-Jolie, le plus méridional des villages du Cantal. Après avoir testé sur la route le radar de contrôle de vitesse de Saint-Mamet – c’est bon, il marche – nous nous sommes retrouvés en bonne compagnie avec des producteurs locaux et des consommateurs tout aussi autochtones, pour un sympathique vin d’honneur célébrant la première année d’activité de la boutique.

C’est là que j’ai trouvé mes oeufs de Schtroumpfs. Et dire que je croyais que la couleur bleue était introuvable à l’état naturel. Même ces viticulteurs corses, avec leur « vin naturellement bleu », phénoménal succès sur les terrasses des campings l’été dernier, avaient finalement été démasqués. Des étudiants chimistes toulousains avaient détecté dans l’étonnant breuvage turquoise un colorant artificiel pétrochimique dérivé du goudron de houille, le E133. Ce même additif qu’on trouve aussi dans le Curaçao, les Mentos, les Tic-Tac et les M&M’s bleus. Au passage, sachez que le E133 est à consommer avec modération, Wikipedia avertissant qu’un excès fait uriner bleu, ce dont même le grand schtroumpf ne peut s’enorgueillir.

Et pourtant ils sont bleus, « bleu émeraude » disent les spécialistes. Mais ici aucun colorant, aucun tour de passe-passe, zéro chimie, la nourriture des animaux est tout ce qu’il y a de plus saine. Nous sommes là en présence d’oeufs de poules, avec un goût et un aspect en tous points semblables à des oeufs classiques, sauf pour ce qui est de la couleur de la coquille. Ils sont simplement les rejetons de poules de race Araucana, une espèce sud-américaine qui fut découverte chez les indiens Araucans du Chili d’où leur nom. Depuis 2013, on sait même précisément d’où vient cette couleur puisque des chercheurs chinois ont découvert l’existence d’un rétrovirus dans le patrimoine génétique des Araucanas, qui provoque la capture de la biliverdine, un pigment de la bile. Cette dernière intégrée dans la coquille donne cette surprenante couleur bleue.
Ces gallinacés chiliens ont en outre la particularité d’être affublés de volumineux toupets d’oreille qui ne sont pas sans rappeler la célèbre et broussailleuse moustache de José Bové. A n’en pas douter, cette caractéristique anatomique a joué dans l’esprit de l’éleveur, étant lui-même un dynamique représentant de la Confédération Paysanne.

Merci Stéphane pour cette belle découverte, merci Céline et Sylvain les fondateurs de la Halte Paysanne, ainsi qu’à tous les producteurs présents, dont Maxime, le jeune gérant de la Ferme de la Maison Rouge qui nous régale avec ses formidables produits laitiers bio. Bravo à tous, et longue vie à La Halte Paysanne !

*Disclosure : je fais partie des consommateurs qui ont participé au financement de ce beau projet de territoire.

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