L'année des piverts

Le 29 septembre 2019

Plus rares que les moineaux ou les merles, mais plus gros que les rouge-gorges ou les chardonnerets, plus colorés que les geais, les piverts sont mes chouchous. J’ai la chance d’en voir tous les jours depuis une dizaine d’années dans mon jardin. C’est signe que les arbres sont malades paraît-il, et c’est vrai que les troncs secs remplis d’insectes ont les faveurs de ces merveilleux volatiles qui tambourinent l’écorce de leur bec pour les faire sortir. Une année, un couple de sittelles a bien tenté de s’incruster dans le royaume des piverts en nichant dans le trou du vieux chêne juste en face du salon. Je les avais observées souvent. Les sittelles sont agiles, capables de marcher sans effort apparent le long d’un tronc, à la verticale et la tête en bas, de quoi rendre jalouse n’importe quelle strip-teaseuse de pole dance. Mais les sittelles acrobates sont finalement reparties.

Cette année, nos amis les piverts sont particulièrement nombreux et ils s’aventurent de plus en plus hors des grands arbres, ils viennent volontiers sur la pelouse, et de plus en plus près de la maison. Leur ultime frontière est la terrasse sur laquelle ils n’ont encore jamais osé poser la patte. Il n’est plus rare désormais d’apercevoir trois ou quatre piverts sur la pelouse, becquant individuellement la terre à la recherche d’insectes. Leur plumage coloré offre au gazon exsangue et craquant quelques points de verdure bienvenus. En cette année de sécheresse, notre armée de piverts s’est ainsi substituée à la pluie défaillante. Parfois un corbeau se joint au bal. Et tandis que les piverts continuent de sautiller frénétiquement de façon désordonnée, Monsieur Corbeau lui, marche majestueusement à pas lents, tel un arbitre de football qui, les mains dans le dos, essaierait de donner une cohérence à une partie décousue disputée par des joueurs indisciplinés.

A la télé, on peut voir d’exceptionnelles images de documentaires animaliers, on peut aussi se connecter sur les réseaux pour admirer de magnifiques clichés photoshopés et instagrammables. Mais tout cela n’est rien par rapport au spectacle impromptu que nous offre la nature au quotidien quand on veut bien l’observer un peu.

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