Les municipales de l'an prochain

Le 29 juillet 2019

Dans un peu plus de 7 mois déjà, se dérouleront les élections municipales. Partout en France, mais ce qui m’intéresse pour l’instant, c’est Aurillac, même si j’ignore si je voterai encore ici en 2020. Raison pour laquelle, il n’est pas question que je me présente à quoi que ce soit. Ca ne me privera d’ailleurs en rien, dans la mesure où je ne me vois pas participer aux réunions de conseils interminables pour débattre de l’emplacement du prochain giratoire, ou de la subvention à accorder à tel ou tel club de sport local. La politique du quotidien est ennuyeuse et dérisoire. Mais, le jeu politique, les stratégies et surtout les idées et les projets, ça c’est déjà plus intéressant. D’ailleurs, je visionne actuellement la saison 2 de House of Cards 🙂

Aurillac, depuis 40 ans est un bastion socialiste, au coeur d’un département historiquement à droite. La situation de la ville est difficile.

Economiquement d’abord : plusieurs entreprises d’envergure ou emblématiques ont plié les gaules ces dernières années, et le territoire n’a connu quasiment aucune installation de business significatif. Le déclin économique est avéré, il est important. Le taux de chômage est étonnamment bas, ce qui s’explique par l’exode des jeunes et des diplômés qui ne trouvent pas ici des carrières à la hauteur de leurs ambitions.
Je perçois également qu’Aurillac a perdu une partie de ses notables, ou de sa bourgeoisie locale, appelons-la comme on veut. Retraitée ou non, une partie de cette population est partie sous d’autres latitudes, définitivement ou une bonne partie de l’année.
Ce qui nous amène au deuxième problème : démographique. La ville compte moins de 25.000 habitants en 2019 contre près de 31.000 en 1999. Aurillac a ainsi perdu en 20 ans, 20% de sa population. Probablement une des plus fortes baisses en pourcentage en France sur cette période. Ce qui permet au géographe Christophe Guilluy de nous identifier dans sa « France périphérique ». Il est permis de penser que pendant longtemps, la cité géraldienne s’est endormie sur ses lauriers, en se satisfaisant d’une croissance démographique régulière due à l’exode rural local : des cantalous des champs venaient s’installer dans la préfecture. Nous n’avions pas forcément besoin d’être attractifs et compétitifs au plan national puisque nous accueillions naturellement les cantalous des campagnes alentour.
Une fois que la campagne cantalienne a été bien essorée, le mouvement inverse s’est enclenché : Aurillac s’est mise à perdre des habitants. Au profit de son immédiate périphérie, mais pas seulement.
Beaucoup de signaux sont au rouge. Et si rien ne change, on peut craindre qu’Aurillac passe sous les 20.000 habitants d’ici une quinzaine d’années. Avec ce que cela sous-entend : faillites de commerces, suppressions de services publics, baisse de dynamisme, fermetures d’entreprises…

Tout cela pour vous dire qu’il y a un énorme challenge à relever à la mairie pour la prochaine mandature. Il y aura a priori au moins deux listes principales : une liste sortante qui pourrait être menée par Pierre Mathonier, le maire sortant, et une liste d’opposition menée par le leader de l’opposition à la mairie, Jean-Antoine Moins.
Je connais un peu ces deux personnes qui me semblent être, à la fois des personnes de valeur et très humaines. C’est déjà pas mal.

J’avais d’ailleurs voté Pierre Mathonier aux dernières élections, plein d’enthousiasme et d’espoir que sa proximité du monde économique (il est expert-comptable) nous permettrait de mettre la priorité sur l’économie, un des deux problèmes identifiés sur ce territoire. Malheureusement, s’il y a eu une priorité, elle a plutôt été mise sur la création de rond-points, de ralentisseurs ou de bornes anti-stationnement. Sans doute aussi avons-nous bénéficié d’une belle orthodoxie budgétaire : je suis persuadé que les finances de la ville seront en meilleure santé qu’à la fin du mandat précédent. Maigre consolation.
Le bilan de l’équipe municipale étant ce qu’il est, je pense que la réélection pour les sortants va être compliquée. D’autant que la ville est en perpétuels travaux depuis plusieurs années : à la nécessaire réfection des égouts ont succédé les importants travaux du réseau de chaleur, ainsi que ceux du contournement d’Aurillac. Stratégiquement, ça ne semble pas très bien vu de mettre la ville en chantier avant des échéances électorales, c’est même la meilleure façon de se faire battre à mon avis.

En face, Jean-Antoine Moins. Prononcez le « s », on est dans le sud ! Tout aussi sympathique que le maire. Il est un peu son reflet dans le miroir. Si le maire est plutôt un homme de droite étiqueté socialiste, j’identifie plutôt Jean-Antoine Moins comme un chrétien de gauche étiqueté à droite. Tous les deux sont passés par feu le prestigieux lycée Saint-Eugène, tous les deux professions libérales, tous les deux sont plutôt des modérés. Et si l’on excepte leurs places respectives à l’assemblée communale, peu de choses les opposent, et s’ils étaient dans le même parti, je suis persuadé qu’ils seraient à peu près d’accord sur tout.

En attendant de connaître le programme des uns et des autres, je vous fais part de mon espérance d’avoir enfin un programme pour renverser la table.

Nous n’avons pas besoin de mesurettes, il nous faut des remèdes de cheval en mesure de redonner du dynamisme à Aurillac, afin qu’elle redevienne la locomotive départementale qu’elle était lorsque je suis arrivé dans la ville à la fin des années 90. On ne peut plus avoir un programme d’approche incrémentale pour améliorer peu à peu l’existant. Il nous faut des projets très ambitieux pour la ville. Lorsque Yvon Bec et son équipe (associée à la CCI et au CD15) ont bâti un Village d’Entreprises orienté numérique en 1998, c’était un vrai programme innovant et ambitieux, une belle prise de risque aussi. Pendant des années, nous avons eu des ribambelles d’élus de toute la France qui venaient voir ce qui s’était fait à Aurillac. Aujourd’hui, qui vient visiter Aurillac pour s’en inspirer pour sa collectivité ?

Je veux que le prochain maire d’Aurillac soit aussi le président de l’agglo. Il faut arrêter ce vieux sketch aurillacois qui ne fait plus rire personne, et qui veut que le maire d’Aurillac ne dirige pas l’agglomération. Ce qui nuit à mon avis considérablement aux projets mais aussi à la voix d’Aurillac audible ou pas à l’extérieur de la ville.
Imagine-t-on que la métropole de Clermont ne soit pas dirigée par son maire Olivier Bianchi ? Imagine-t-on que le maire de Rodez ne soit pas le président de l’agglomération de Rodez… Corrigeons cette ineptie cantalienne.

Je veux que le prochain maire d’Aurillac développe un programme avec une vision de la ville à 30 ans ! Pas juste pour le mandat qui vient ! En incluant prioritairement les problématiques démographiques et économiques. Mais en intégrant aussi la problématique environnementale, à condition de ne pas copier/coller les recettes des grandes villes mais plutôt en inventant une écologie des campagnes dont nous pourrions être un porte-voix.

Je veux aussi que le prochain maire soit ambitieux pour l’esthétique de sa ville. Je regrette que le projet de passerelle aérienne au-dessus du square n’ait pas pu voir le jour au moment de la réfection du quartier il y a quelques années. Ce serait devenu l’emblème de la ville. Car quelle est l’image d’Aurillac aujourd’hui ? Il n’y en a pas. Nous n’avons pas de cathédrale, aucun bâtiment remarquable. On nous montre souvent les berges de la Jordanne. Vous pensez que ça fait rêver les touristes, ou les actifs à la recherche d’un lieu d’implantation ?
Pour chaque projet, on doit se poser la question du beau, du design. Si on l’avait fait avant, on n’aurait pas transformé la rue des Carmes qui était autrefois la vitrine commerciale d’Aurillac en une vulgaire route goudronnée, ornée d’hideux pots de fleur géants en plastique. Cette rue était dotée autrefois de matériaux beaucoup plus nobles : carrelage bordeaux et pavés, fer forgé. C’était sûrement moins cher et plus facile de tout recouvrir en goudron noir et beige, comme dans les zones industrielles. Mais le prix de la laideur, et les conséquences induites vont se payer sur des décennies. Si le centre-ville n’a pas d’autre ambition que de ressembler à un parking goudronné de supermarché, on se demande bien pourquoi les gens auraient envie d’y aller.

J’espère en tous cas que la campagne qui s’annonce, au-delà des querelles stériles de personnes, permettra de voir émerger de belles idées ambitieuses et innovantes dont le territoire a grand besoin.

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