Les boîtes à livres comme source d'inspiration

Le 28 avril 2021

Vous avez remarqué que j’ai en ce moment une petite obsession : les boîtes à livres. J’ai toujours fonctionné comme ça ; sans savoir pourquoi, mon esprit se fixe sur un thème et ne le lâche pas. Ca peut durer quelques heures, et jusqu’à plusieurs décennies pour les jeux vidéo qui ont accaparé mon adolescence et mes premières années de vie professionnelle. Ce genre de passions peut déboucher sur un simple hobby comme mon goût pour la généalogie, dont j’ai réussi à dompter le caractère obsessif au fil du temps. Ou sur des projets plus consistants. Qui sait où m’emmèneront les boîtes à livres.

Depuis maintenant huit ans, je traîne dans un coin de ma bibliothèque, un petit carton qui contient des exemplaires neufs de Jeuxvideo.com : Une Odyssée Interactive. Je pensais que le carton se viderait assez vite de son contenu, mais depuis une paire d’années, le niveau est stable. Il faudrait que je fasse le compte, mais il me semble qu’il reste une quinzaine de copies jamais ouvertes du livre de votre serviteur qui raconte les coulisses du site web qui fut jadis, au temps de sa splendeur, le leader des jeux vidéo en Europe. Il y a même encore le bandeau de promotion rouge rempli de superlatifs, sensé appâter le chaland. Qu’en faire ? Ce carton banal est devenu une sorte de petit caillou dans ma chaussure. A chaque fois que mon regard s’arrête dessus, je me dis qu’il faudrait que je m’en débarrasse. Je ne vais quand même pas les mettre au pilon. On ne met pas au pilon quinze exemplaires, j’aurais l’air ridicule. Non, il me faudrait quelque chose de plus romanesque. J’ai imaginé de les disperser dans des boîtes à livres, un peu comme on disperse les cendres d’un défunt du haut des falaises de craie du sud de l’Angleterre. Ce serait une belle façon de mettre un point final à cette aventure. Note pour mes descendants : je n’ai pas encore décidé si je voulais être incinéré, merci de ne pas surinterpréter mes propos…

Bien sûr, il faudrait sélectionner ces boîtes à livres selon des critères restant à établir. On pourrait en imaginer dans plusieurs régions de France, ce serait l’occasion d’un road-trip que je pourrais raconter ici. On peut imaginer pas mal d’histoires à partir de ces mini-bibliothèques, y raccrocher des écrivains, des lieux, des expériences de vie, des autochtones, des paysages. L’inspiration est infinie…
Et pourquoi ne pas ensuite faire éditer ce récit. Ce serait assez élégant que les restes de mon premier et unique livre m’emmènent sur les routes pour me permettre d’accoucher d’un second. Restons cependant lucide, aucun éditeur ne sera intéressé si l’on considère le raz-de-marée de tapuscrits qui leur parvient en ce moment suite à ces confinements successifs qui ont inspiré des milliers de nouveaux écrivains. Gallimard a même émis un communiqué de presse le 2 avril pour demander solennellement de « surseoir à l’envoi des manuscrits ». Comme c’est joliment dit. Heureusement, il reste la solution de Bookelis de l’ami Vincent, une plate-forme d’auto-édition dont le succès ne se dément pas et qui accepte tous les auteurs.

En attendant de creuser cette idée, je crois que j’ai trouvé un bouquin à ramener chez ma coiffeuse pour mon prochain rafraîchissement capillaire. Pour ceux qui n’ont pas lu la note d’hier, ma coiffeuse a disposé une vingtaine de livres sur une étagère à l’entrée de sa boutique, invitation destinée à ses clients pour échanger leurs lectures. J’ai remarqué un livre de Haruki Murakami, et je me disais que je pourrais le prendre en échange de Ta Deuxième Vie Commence Quand tu comprends que tu n’en as qu’une. Ce ne sera pas un effort de m’en séparer. Je crois qu’il m’avait fallu moins de 3 pages pour me rendre compte que sa lecture me serait insupportable. Est-ce que c’est parce que c’est un livre ouvertement réservé à une cible féminine ? Est-ce que l’usage immodéré de la première personne du singulier trois fois par phrase a eu raison de ma patience ? Est-ce que la vacuité des propos m’a sidéré ? Ou bien est-ce que je suis devenu allergique aux livres sur le développement personnel écrits par des spécialistes auto-proclamés ? Je ne saurais le dire, mais cet ouvrage est devenu pour moi l’exemple parfait de livre qui se vend par containers entiers, mais qui est en fait une sombre daube… C’est pas très gentil pour ma coiffeuse de lui refiler ça, mais d’un autre côté, je suis persuadé qu’il ne restera pas très longtemps en rayon. Il y a un public pour ça, et je crois que le salon de coiffure est l’endroit idéal pour écouler ce type d’ouvrages, entre la pile de Paris Match, et celle du Figaro Madame. Après avoir eu le cerveau un peu ramolli par un massage cervical prolongé, une telle lecture s’impose d’elle-même. Un peu comme une pub pour les serviettes hygiéniques à la mi-temps de The Voice.

Commentaires

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  1. Jérôme

    le 28 avril 2021

    Je pense que les bibliothèques seront contentes de prendre les exemplaires qu’il reste, non ?
    (si c’est légalement possible)

  2. lightman

    le 29 avril 2021

    Oui, sûrement, mais c’est moins rigolo 🙂