Le virus progresse, mais l'humanité aussi

Le 17 mars 2020

On dit que de faire face à des épreuves difficiles révèle les caractères. Les anciens le disaient à propos de la guerre, la seconde surtout. Je suppose que lorsqu’on a connu l’occupation, on a vu de ses propres yeux des manifestations admirables de courage et d’héroïsme, mais aussi des comportements inadaptés, et parfois notre face sombre : la lâcheté, l’égoïsme, ou même le cynisme.
Il est possible que cette « guerre sanitaire » contre le coronavirus, comme l’a qualifiée le président Macron dans son intervention télévisée de 21 minutes hier soir, nous emmène sur de semblables chemins.

J’ai eu cette impression lorsque j’ai voulu aller récupérer un drive Leclerc que Myriam avait commandé la veille. Le fait qu’elle ait eu du mal à trouver un créneau horaire aurait dû m’interpeller. Je m’en suis rappelé dans la fille d’attente longue de deux cents mètres devant l’entrepôt de Lescudilliers. Quarante-cinq minutes de queue pour récupérer ses courses, c’était inédit pour moi. Les clients étaient calmes mais moroses et silencieux. Tandis que l’un d’eux aidait un employé à ranger dans son coffre trois paquets de douze rouleaux de papier toilette « Mimosa ultra-doux double épaisseur » – le coronavirus aurait-il un effet laxatif ? – un véhicule s’avance à côté de moi. Lentement, le conducteur se serre le plus près possible de la borne, et dans un geste parfaitement synchrone, abaisse sa vitre électrique, dégaine sa carte magnétique, badge sans s’arrêter, et referme en un éclair. Puis, il serre son frein à main, et reste cloîtré dans son auto. Peut-être espérait-il qu’on lui charge ses courses sans qu’il en sorte ? Il n’a croisé le regard de personne, mais j’ai tout de même lu la peur dans les yeux de ce grand gaillard.

Par contraste, la jeune équipe du drive faisait face. Complètement concentrée sur son objectif de répondre aussi vite que possible à cet afflux inhabituel de clients. La jeune femme qui est arrivée avec mon caddie de courses, malgré l’heure tardive et la fatigue, a pris le temps d’un sourire et de prononcer quelques mots. Avant de courir ranger le caddie vide et repartir servir un nouveau client.
Le contraste était saisissant : d’un côté la peur paralysante, de l’autre une personne dévouée et souriante qui fait abstraction et s’efforce de remplir son rôle de son mieux, comme si la situation était normale… Ou plutôt comme si, en cette période pénible, ses clients avaient plus que jamais besoin d’un simple sourire pour les réconforter. Ca a marché avec moi.

Bravo à tous ces gens qui continuent malgré la pandémie à servir leurs compatriotes : les soignants en premier lieu, évidemment, mais aussi les commerçants, les fonctionnaires (merci la Poste), les e-commerçants, et tous les autres… Leur comportement force l’admiration. Tâchons, nous aussi, d’être à la hauteur en évitant de causer des pénuries, et en respectant les mesures de sécurité pour freiner la propagation de la maladie.
Et puis, soyons attentifs aux autres et solidaires. Voyez les italiens qui, ne pouvant sortir de chez eux, ont décidé chaque jour à 18h d’ouvrir leur fenêtre pour chanter ensemble : ils sont formidables !

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