Le temps s'est arrêté

Le 25 mars 2020

C’est bizarre de rester cloîtré chez soi. On a l’impression de vivre au ralenti, toujours plus ou moins la même journée, comme dans un monastère au XVème siècle. Ou comme dans une pièce de théâtre classique : unité de lieu, de temps, d’action. Un seul décor, une seule journée, une seule histoire. Les journées s’empilent, elles sont délimitées par les nuits et les repas, les devoirs en début de journée, quelques activités subalternes. Chaque matin est un éternel recommencement. Surtout que depuis le début de notre enfermement collectif, il fait toujours invariablement beau. Une chance pour ceux qui peuvent disposer d’un devant de porte ; une guigne pour les autres qui se remémorent le fog londonien qu’on a eu depuis six mois, et se lamentent de ne pas pouvoir en profiter quand le soleil daigne enfin se montrer.

A l’instant, en tournant en rond sur ma terrasse, je me suis cru sur le pont d’un bateau. J’arpentais le sun deck d’un insubmersible navire-maison voguant paisiblement sur une mer de verdure, par temps affreusement calme. A la télé, le Capitaine nous avait annoncé notre appareillage imminent, et une arrivée prévue 15 jours plus tard, le temps d’une traversée de l’Atlantique. Et puis, on su qu’il s’était un peu trompé dans ses calculs. Peut-être devrait-il arrêter le rhum ? En fait de 2 semaines, c’est au moins 45 jours que nous passerons à bord. Un mois de retard tout de même ! Une performance de nature à provoquer une vague de suicides chez les ardents syndicalistes de la SNCF.

Prenons les choses avec philosophie, essayons d’apprivoiser tout ce temps, entre les mails débordant d’exercices scolaires en tous genres, et les lavages de mains compulsifs. Si l’on se pose deux secondes, on peut quand même repérer des points positifs à ce confinement. Etiez-vous par exemple informés de l’annulation de l’Eurovision ? Ca n’a pas fait une ligne dans les journaux, et pourtant, moi, ça a illuminé ma journée. Quel pied de savoir que cette année au moins ce spectacle navrant n’aura pas lieu ! C’est une vraie victoire de l’intelligence, non ? Dopé par cette nouvelle, et ayant foi en l’esprit de contagion actuel, je prie désormais pour l’annulation de la prochaine saison des Marseillais à Las Vegas et des Ch’tits à Miami (ou l’inverse). On peut rêver.

Je vais vous laisser parce que j’ai une partie de Puissance 4 en cours avec ma fille. Elle m’a battu l’autre jour. L’ego en a pris un coup. Je savais que je n’étais pas un grand joueur, mais de là à me faire battre par une CM2…
Je crois que ce que j’ai détesté le plus, c’est son petit air espiègle quand elle m’a dit, deux ou trois coups avant une fin de partie et à mon grand étonnement : « Tu as encore perdu papa ! ». Et effectivement, j’ai perdu. Au final 10 parties à 8. Myriam qui arrivait comme une fleur a voulu relever le défi à son tour, elle s’est faite ratatiner comme une débutante : 10 à 1 !
Cette histoire a assez duré, je dois laver l’affront. Fini l’amateurisme, je vais m’entraîner nuit et jour – que faire d’autre ? – avec tous les tuto existants sur le web. Il faut que j’arrive à mener rapidement d’une ou deux parties, puis en cas de mauvaise posture, je provoquerai des matchs nuls jusqu’à la 10ème partie de rang. Ce ne sera évidemment pas très glorieux, mais je suis prêt à toutes les bassesses pour reprendre ma place de champion de Toulousette de Puissance 4.
Sinon, j’ai un plan B : passer sur les Petits Chevaux. La stratégie, c’est peut-être pas pour moi, autant compter sur la chance. Et dès que le confinement se termine, je vous défie !

Commentaires

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  1. jean.phi

    le 30 mars 2020

    Et nous avons été ruinés par notre fils au Monopoly, un comble en cette période de sous-activité quasi générale. Sale gosse.