JVBook 21 : à Aix

Le 13 mai 2021

Ca y est, je viens de débuter ma mission de dispersion des exemplaires résiduels du JVBook, mon livre écrit en 2013 pour raconter les coulisses de Jeuxvideo.com. J’ai commencé par un dépôt dans une de ces boîtes à livres métalliques grises que l’on trouve devant certaines épiceries « Vival by Casino ». Et je dois dire que c’est une belle initiative de la part du groupe de grande distribution, plus inspirée sans doute que d’accoler dans un même logo deux noms d’épiciers reliés par l’improbable mais tendance « By ». « Vival by Casino », comme « Flower by Kenzo », mais en plus prolo.

Elle se trouve dans un quartier populaire d’Aix, pas très loin de chez moi. J’aurais pu y aller à pied, mais on trouve toujours une raison pour prendre le volant plutôt que les baskets. Cette minuscule bibliothèque de rue se trouve au coeur d’un quartier agréable et bien entretenu, à mi-chemin entre une cité et une résidence, pas intimidante avec ses trois étages rectilignes de pierre ocre. Tout juste un peu oppressante pour un claustrophobe, car le Vival, qui fait aussi office de bureau de poste, se situe au bout d’une impasse, équipée d’une sorte d’aire de retournement rectangulaire plantée en son centre de quelques végétaux et arbustes qui s’épanouissent là sans vandalisme ni incivilités. En me garant à proximité, un regard pour une voisine, une vieille Ford Cortina blanche. Je suis pourtant d’ordinaire réfractaire aux vieilles carosseries, mais celle-ci m’a plu, car sa ligne élégante m’a fait penser à une version miniature du véhicule d’intervention des Ghostbusters. Ca vous donne une idée de ma méconnaissance des automobiles de collection, car l’ectomobile, dans le film, était une Cadillac, qu’un véritable spécialiste ne pourrait en aucun cas confondre avec une Ford.

J’avais choisi le début d’après-midi, parce que je savais que Vival serait fermé. Ici les commerçants font la sieste de 14h à 16h, l’influence corse sans doute. Il paraît qu’il y aurait plus de 300.000 corses dans la métropole Aix-Marseille, ce qui en fait la plus grande métropole corse du monde, du système solaire, et de l’univers observable. Bref, je savais que je pourrais prendre tout mon temps, que je ne serais pas dérangé par les allées et venues des clients.
J’ai déposé le JVBook n°21 au beau milieu de l’étagère centrale, afin que le regard du passant soit pile en face du smiley :noel: imprimé sur le bas du dos de couverture. Pour les non initiés, c’est un smiley hybride entre un pirate et un père noël, emblématique du jeuxvideo.com des années 2000, un habitué n’aurait pas besoin de lire le titre pour connaître le contenu.

Mais que prendre en échange ? Si cette boîte à livres était pleine, les bons livres se faisaient discrets, et les récents étaient tout bonnement absents. J’ai feuilleté un bouquin de François de Closets, alors fringant jeune journaliste, qui parlait de la fracture entre les riches et les pauvres en 1983. Trop obsolète. J’ai aussi renoncé devant La Chartreuse de Parme, une de mes nombreuses grosses lacunes littéraires, mais une lecture trop ambitieuse pour un viaduc de l’Ascension. Surtout depuis que j’ai entendu un écrivain sur un plateau télé dire sans vergogne que le chef d’oeuvre de Stendhal lui était tombé des mains…

Et puis, entre une demi-douzaine de Daniele Steel, j’ai repéré « Les Riches ». En dos de couverture, ce descriptif :  » Ils sont riches, très riches. Ils vivent à Paris et New York, Rio et Abu Dhabi. Ils appartiennent au monde des affaires, à la jet-society, au milieu du show-business et du cinéma. Certains sont très connus, d’autres cultivent le mystère« … Mais année : 1985. Un peu obsolète aussi, quoique les moeurs des ultra riches ont pu ne pas changer radicalement en 36 ans, tout juste le Walkman dernier cri a pu être évincé par un iPhone Max plaqué or…
Et puis enfin, j’ai déniché un petit livre mauve de Marie Desplechin que j’avais déjà repéré dans une autre boîte à livres et pour lequel j’avais hésité à échanger mon Sérotonine de Houellebecq. Avant finalement que Françoise Sagan finisse par l’emporter. Le titre : « Toujours fâchée : le journal d’Aurore 2« . Un journal, c’est abordable, ça ne peut pas être complètement illisible. Wikipedia m’informe que c’est un livre jeunesse. C’est pertinent pour un week-end prolongé où le cerveau, de même que le corps, a droit à son temps de repos.