Témoignage partisan et mensonger sur Vichy

Le 31 mai 2013

Mes travaux de généalogie me font lire de ces bouquins…

J'ai découvert qu'était cité dans cet ouvrage André PISSAVY*, jeune officier de cavalerie tué aux commandes de son char en juin 40. Voilà donc un ouvrage qu'il me fallait lire, même si je n'ai, pour l'instant, pas trouvé de parenté avec cet André PISSAVY.

Après lecture, j'éprouve une drôle d'impression proche du dégoût. Son auteur, Jacques Alibert, était un administratif de Vichy, technocrate de sous-préfecture, pistonné par son père qui était ministre et l'un des plus proches collaborateurs de Pétain, une de ses éminences grises. Raphaël Alibert est en effet connu pour être l'un des pères des premières lois anti-juive et anti-maçonniques de Vichy. C'est également lui qui est à la manoeuvre, de par sa formation de juriste, pour légitimer au plan légal la plupart des actions de Vichy jusqu'en 1941, dont le vote des plein pouvoirs à Pétain et les premières mesures autoritaires qui ont suivi. Un bien sinistre personnage qui finira condamné à mort par contumace à la libération, en fuite à l'étranger.

Ce livre, Jacques Alibert l'a écrit uniquement pour tenter de réhabiliter son père. Il est toutefois un témoignage qui ouvre quelques perspectives ; se mettre à la place d'un Vichyste permet de mieux comprendre comment une majorité de français était pétainiste en 1940, et peut-être pourquoi certains irréductibles sont toujours restés fidèles à Pétain (dont Mitterrand qui faisait fleurir sa tombe tous les ans). Mais, c'est bien le seul mérite de l'ouvrage.

L'auteur passe en effet son temps à minimiser ses responsabilités ainsi que celles de son père. Il noircit des pages pour mettre en exergue les mérites supposés du régime de Vichy, il légitime la signature de l'armistice avec les allemands ; il légitime le vote des pleins pouvoirs à Pétain en dénigrant au passage les 80 parlementaires qui ont osé s'y opposer ; il légitime les premières lois de répression comme un moindre mal ; il dénigre la résistance armée…

A aucun moment, il n'y a le moindre regret, la moindre interrogation sur ses propres actions. Concernant son père, il refuse de voir la réalité en face. A aucun moment, je n'ai lu de compassion pour les victimes des crimes de Vichy, dont il est très peu fait état, sauf pour les minimiser et pour dire que c'était le fait d'une infime minorité…

Les dernières pages sont  les plus ignobles : les résistants y sont décrits comme "une population de réfractaires", l'épuration qui a suivi le retrait des troupes allemandes n'est vu que comme un moyen pour de Gaulle de prendre le pouvoir. Pour finir, voici l'un des passages les plus mensongers et abjects de ce livre, extrait de la conclusion :

" Par la convention d'Armistice, Pétain a tenté de donner au pays le moyen de garder ce qui était sauvé, de limiter les conséquences de l'invasion, de ménager l'avenir et de gagner du temps dans la mesure de ses faibles moyens, ce qui permit aux résistants et aux Alliés de s'équiper et de préparer la Libération. "

Rappelons que Vichy a condamné de Gaulle à mort pour trahison dès le 2 août 1940

* ne pas confondre avec André PISSAVY maquisard tué en Margeride en juin 44 (voir cette note)

Commentaires

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  1. Tillieux

    le 31 mai 2013

    Sur la même période (l’avant, l’instauration et pendant Vichy), il y a aussi les conférences d’Henri Guillemin sur « L’Affaire Petain » c’est assez long (12 partie de 25 à 30 minutes environ) mais c’est passionnant.
    http://www.youtube.com/watch?v=-kv1RK1LUnE&list=PL3FE0F0801FEAED00&index=91

  2. Lightman

    le 31 mai 2013

    Merci pour ce lien !