Recrutement : faut-il embaucher des profils surqualifiés ?

Le 1 février 2006

Quand on en parle aux demandeurs d’emplois, un des motifs de refus d’embauche parfois avancés par les recruteurs est la surqualification. Typiquement, le recruteur recherche un bac+2, or c’est un un bac+5 qui se présente. Lequel se voit recalé parce qu’il est "trop diplomé".
Au début, je me disais que ça avait du sens de ne pas recruter de profils trop qualifiés par rapport au niveau requis pour un poste. Parce que dans ce cas-là, on peut craindre que la personne ne se plaise pas à ce poste-là et qu’elle mette les voiles sous peu dès qu’elle aura trouvé un emploi plus en adéquation avec ses qualifications.

J’avais ce sentiment, mais depuis j’ai changé d’avis ! Mon opinion désormais est la suivante :
1. Je cherche à embaucher le meilleur candidat parmi tous ceux qui se présentent. Pourquoi me limiter et ne pas embaucher des gens "trop compétents" pour le poste ?
2. Quelle que soit la qualification, rien ne me garantit que la personne que je vais recruter restera à long terme. Dans ces conditions pourquoi ne pas recruter celle que je considère comme la meilleure, indépendamment de ses diplômes ?
3. Je vois désormais plutôt comme une chance la possibilité d’employer quelqu’un dont les compétences sont au-delà du minimum requis pour le poste. Et tant pis si la personne s’en va au bout de quelques mois ! Pendant ce temps-là, elle aura été précieuse pour l’entreprise apportant souvent une connaissance ou une expérience supplémentaire, la plupart du temps bénéfique à l’équipe.

Quel est votre avis par rapport à cette question ? En tant que recruteur ou en tant que recruté ?
Photo : kodama

Commentaires

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  1. frar

    le 1 février 2006

    Mon avis est le même que le tien sur ce point et je donne là un avis de recruté puisque que j’ai déjà eu des problèmes à l’embauche à cause de mes diplômes. J’en ai parfois même caché (limite, on a honte de ses diplomes qui sont devenus un handicap) car on me l’a reproché au cours d’entretien : « mais que faites vous là ? vous êtes surdiplomés par rapport au poste. si je vous prends, vous allez nous lacher au bout de 3 mois… »
    Mon problème est définitivement réglé puisque dans la fonction publique, les diplomes ne comptent pas sauf pour l’inscription au concours, où les surdiplomés sont partout (c’est même courant de voir des Licences cadre C et des bac +5 cadre B).

  2. Sacris

    le 2 février 2006

    « le recruteur recherche un bac+2, or c’est un un bac+5 qui se présente » => cela arrive-t-il souvent?
    Car à l’école le prof de recrutement nous dit que çà arrive souvent que des bac+2 postulent pour un poste d’ingé, cas pour lequel ils n’ont aucune chance.

  3. Lightman

    le 2 février 2006

    Sacris> Les deux cas doivent se produire effectivement. Cependant, je ne dirais pas que le bac+2 n’aura *aucune* chance sur un poste de bac+5… Sur certains postes, si le candidat a passé avec succès le test de sélection (c’est donc que c’est un très bon bac+2), et si l’entretien se passe bien, pourquoi ne pas l’embaucher ? Le diplôme ne fait pas tout : la motivation, la volonté de progresser et d’apprendre (surtout en informatique) l’esprit d’équipe et le désir de faire progresser l’entreprise en apportant sa pierre à l’édifice…
    Mais, c’est vrai qu’un bac+2 qui postule à un emploi bac+5, il va devoir réunir deux conditions difficiles à obtenir pour se faire embaucher :
    1. Trouver un recruteur qui ne jette pas immédiatement son CV à la poubelle à cause de son diplôme en deça du niveau requis.
    2. Etre très très bon pour pouvoir rivaliser avec les bac+5 et emporter la décision finale.

  4. Julie

    le 2 février 2006

    Le recrutement, c’est mon métier !!
    Mon agence recrute plus de 1000 personnes par an pour nos clients. Et sur ce sujet, nous avons tous les cas de figure.
    Alors à vous de choisir… Recruter des candidats surdiplômé sur du long terme, cela engendre de la frustration si aucune évolution n’est possible pour l’employé. Pas très positif…
    En revanche, embaucher des candidats surdiplômer sur un poste peut être très positif car cela « tire » toute l’équipe vers le haut (le manager) y compris. Et si la structure est dynamique la personne sera amenée à évoluer vite et bien !
    Pour mon équipe je vise toujours haut… S’entourer des meilleurs (même jeunes diplômés) et les faire évoluer.

  5. moune95

    le 2 février 2006

    Et si on embauchait des individus avant des diplomes ? Si l’on jaugeait les gens sur leur vraie valeur humaine, leurs qualités… Dans ma boite ils ont la folie des jeunes frais émoulus d’écoles de commerce. Ils ont tous les dents qui trainent par terre et finalement ça gêne la sté pour avancer. De plus les clients recherchent plus d’authenticité, d’humanité et d’empathie que de ficelles commerciales que l’on sent venir à 100 m… Enfin bon j’ai un boulot spécial aussi mais je pense qu’une qualification moyenne doublée d’une riche personnalité vaut mieux qu’un tombereau de diplômes obtenus par un connard…

  6. Jeff

    le 2 février 2006

    L’avantage des BAC+2 également, c’est la maléabilité. Qui dit plus de diplôme, dit forcément une spécialisation par forcément en adéquation avec le profil recherché par le recruteur. L’avantage avec des diplômés bac+2, on peut les former au métier que l’on souhaite. Ils ont souvent les bases et cherchent de la spécialisation via l’entreprise. Pour ma part, je rêverais pour la France d’avoir un système éducatif similaire à l’Allemagne et à ses Fachhochschule.
    Je m’explique : dans ce système, l’éducation nationale prend en charge le cursus théorique de leurs étudiant jusqu’à obtenir le niveau bac+2. Ensuite, pour les personnes voulant se spécialiser ou devenir ingénieur, ce sont les entreprises qui prennent le relais. La pratique leur est transmise ainsi qu’une bonne dose de théories et souvant ils sont très compétents. Pour ceux qui ont rencontré des ingénieurs allemand, ils savent de quoi je parle. C’est un peu le système d’apprentissage mais plus évolué.
    Malheureusement, on peut le faire en France mais il faut beaucoup d’année d’expérience pour en arriver à ce point et souvent, il faut passer des diplôme de reconnaissance d’aptitude. Il serait donc intéressant de ne pas limiter l’apprentissage au Bac+2.
    Pour ma part, il est dangeureux de recruter une personne dont les compétences sont trop forte car, comme vous l’avez dit, il faut soit lui prévoir un plan de carrière lors de la définition du poste soit prévoir le délai de départ et garder sous la main un autre candidat potentiel. Dans une petite structure, de telles prévisions sont dangeureuses car souvent certains postes sont occupés par une personne et si cette dernière part, il faut faire une campagne de recrutement dans la précipitation. Et qui dit préciptation, dit pas forcèment qualité dans le travail.
    Je pense que le cas de figure qui tu présentes est valable dans des grosses structures qui ont un vivier important et une capacité de renouvellement humain important.
    Voilà ce que pense un recruté ^^

  7. Alex

    le 2 février 2006

    Bac+5 ou Bac +2 ? Peu importe! Pour moi seules comptent les compétences et la motivation pour le poste.
    Julie : « En revanche, embaucher des candidats surdiplômer sur un poste peut être très positif car cela « tire » toute l’équipe vers le haut… ». Entièrement d’accord. D’autant plus, pourquoi ne pas donner une chance à quelqu’un dit « surdiplômé » s’il est prêt et capable d’assumer un boulot considéré à « moindre » hauteur par rapport à ses diplômes ? Et si en plus, il a un potentiel d’évoluer (et faire évoluer l’entreprise), c’est une plus-value à ne pas négliger par le recruteur.
    Moune95 « Si l’on jaugeait les gens sur leur vraie valeur humaine, leurs qualités… » Ok, alors c’est valable pour tout le monde, surdiplômés ou pas.
    C’est mon avis en tant que recruteur et recruté… tout peut arriver dans la vie 😉

  8. Krysztoff

    le 2 février 2006

    Deux questions importantes:
    – le Bac+5 recruté sur un poste Bac+2, il a une rémunération de Bac+5 ou de Bac+2?
    – Si les Bac+5 acceptent des postes Bac+2, que font les Bac+2? Ils prennent des postes niveau Bac? Et ceux qui n’ont que le Bac? Et si les Bac+5 prennent des postes définis pour des Bac+2, à quoi leur a servi leurs trois années d’études supplémentaires?
    Il me parait évident que dans le contexte actuel de chômage massif, en particulier chez les jeunes, le rapport de force est totalement déséquilibré en faveur du recruteur. Il peut donc sans problème choisir un profil surdiplômé tout en le sous-payant. Il en serait très certainement tout autrement à une autre époque ou sur des secteurs très pointus où il y a pénurie de main d’oeuvre (par exemple, un bon artisan, avec un bon BEP, peut très certainement mieux gagner sa vie qu’un BTS ou même que certains Bac+5 aujourd’hui).
    C’est pareil dans la fonction publique. Quel chance pour les administrations que de disposer de Bac+5 et parfois plus sur des postes auparavant « réservés » à des Bac ou Bac+2, et bien entendu payé à ce niveau. J’ai l’exemple dans ma famille d’une Bac+5 spécialisée en finances des collectivités territoriales (DESS) qui n’a passé « que » le concours de rédacteur (soit niveau Bac+2), l’a eu, et était payée au début un peu plus du SMIC… Quel rêve pour un employeur!
    Il faudra un jour se poser vraiment la question des études longues, quand de plus en plus de Bac+5 galèrent pour trouver un vrai boulot correspondant à leur niveau de qualification et que, par exemple dans le secteur du batiment ou de l’artisanat, il manque cruellement de main d’oeuvre et de bons artisans.

  9. jathenais

    le 2 février 2006

    Et que dire des peu diplômés dont l’expérience validée (j’entends par là exercée effectivement sous contrat) est sans rapport avec l’activité de la boîte visée ? Quelle société, quel recruteur va prendre le risque d’embaucher un autodidacte ?
    Et c’est bien dommage, car l’autodidacte a souvent un avantage, outre une grosse motivation, c’est sa capacité à apprendre, à intégrer, à changer, et, pourquoi pas, à apporter un regard neuf qui peut éventuellement s’avérer enrichissant… adaptabilité et réactivité… malheureusement, les portes restent fermées, cloisonnées, murées.

  10. moune95

    le 2 février 2006

    « Et c’est bien dommage, car l’autodidacte a souvent un avantage, outre une grosse motivation, c’est sa capacité à apprendre, à intégrer, à changer, et, pourquoi pas, à apporter un regard neuf qui peut éventuellement s’avérer enrichissant… adaptabilité et réactivité… malheureusement, les portes restent fermées, cloisonnées, murées.  »
    Oui voilà c’est exactement ce que je voulais dire ! Il faut absolument laisser leurs chances aux non-diplômés auto-didactes ! On ne peut se priver de la richesse de ces gens là ! D’ailleurs je trouve que les études devraient être totalement indépendantes de tout avenir professionnel. Je suis pour l’étude pour le plaisir qu’elle apporte sur le moment. La richesse qu’elle donne intellectuellement. mais ensuite, qu’importe si le type que a fait de longues études de biologie devient menuisier ?! (et vive versa…) Ce qu’il a appris avec plaisir reste sa richesse, son métier c’est son gagne pain ! Peut importe ce que l’on apprend entre 10 et 25 ans ! On l’a rarement choisi de son plein gré, mais il y a des choses que l’on est capable de faire et de bien faire à 30 ans, bien qu’on ait loupé le choche des bonnes études à 18 ans pour d’innombrables raisons… Et l’on passe ainsi à côté d’excellents professionnels motivés !Carfranchement ce qui manque de nos jours chez la plupart des salariés c’est la motivation, la vraie envie de bien faire, le véritable amour de son travail…

  11. EurUS15

    le 2 février 2006

    Je ne comprends pas trop le débat.
    En effet, aujourd’hui encore (et pourvu que ça dure) la relation entre embaucheur et futur embauché est « libre » au moment de la décision des 2 parties (ce n’est pas vrai à 100% mais presque).
    Donc chacun va se présenter et argumenter en fonction des intérêts réciproques dans le cadre d’une stratégie. Ce n’est pas mentir que de ne pas tout dire. Si l’embauché à bac+15 et qu’il pense que c’est un argument, c’est son choix de le dire. En revanche, s’il perçoit que ce n’est pas « HOMOGENE » et cohérent par rapport au poste recherché et souhaité, il suffit qu’il se limite à Bac+2 en fonction d’une stratégie.
    Sur le fond (et non sur la forme) il n’y a pas de différence entre une relation employeur-employé et une relation Client-Fournisseur. Dans les 2 cas on est partenaire chacun devant rechercher la cohérence et la convergence dans l’homogénéité et l’intérêt commun.

  12. Erwann

    le 2 février 2006

    Une personne surdiplomé peut toujours faire apprendre aux autres employés de nouveaux acquis. Prends ton expérience lightma, lrsque tu as fondé jvcom, y’avait pas un « vieux »* monsieur avec vous ?
    La question est de savoir, si ce qu’il t’a appris ta concrêtement servi ou non. Peut être que non, peut être que oui.
    * J’ai lu dns une news de jvcom qu’il y avait une troisième personne avec stolfo et pissavy, et qu’il s’est lancé dans l’éditoriat de jeu, non ?

  13. Erwann

    le 2 février 2006

    Faudrait que tu lances un « questionnaire » dans ta propre boite et voir si les développeurs ont appri quelques choses aux webdesigner, si les correctrices ont su apprendre quelque chose aux rédacteurs et vice versa. Si au sein même des développeurs, tel à appris tel programme avec tel.
    Ensuite tu verras comment tes employés apprennent à se servir du net, des moyens d’expressions, et des nouvelles technologies.
    Pareil, et surtout dans l’activité jeux video portable.
    Certains employés ont peut être par leur statut et leur tache, une influence sur d’autre.

  14. Lightman

    le 2 février 2006

    Erwann> Petit garnement, si tu traites François Claustres, l’un des cofondateurs de jeuxvideo.com (et qui consulte ce blog!) de « vieux monsieur », tu vas voir tes oreilles !! 🙂

  15. Kohap

    le 2 février 2006

    Le taux de chomage des Bac +5 est fortement plus élevé que des Bac +2…….

  16. Erwann

    le 2 février 2006

    J’ai dit vieux ? J’ai dit vieux ? Arff ça doit être une maladresse, un lapsus de ma part… Je voulais évidemment dire « gentil monsieur ». ^^ :erwann mode ange:

  17. pinaud nicolas

    le 5 février 2006

    Eh bien moi je pense que recruter sur diplome relève de l’absurdité. Si avoir des diplôme signifiait avoir des compétences ça se saurait. et toc.

  18. Reaver_Guardian

    le 10 février 2006

    C clair qu’en tant que bac +5 je préfère qu’on laisse une chance aux gens surqualifiés. Qui peut le plus peut le moins… Et puis je pense quand même que ça ne devrait pas être pénalisant d’avoir fait de longues études…

  19. Jathénaïs

    le 14 février 2006

    Sur-diplômés, sous-diplômés, même combat : on se heurte au tri du CV. Contente de voir que tout de même, certains passent outre, je constate la plupart du temps que ce n’est pas encore rentré dans tous les esprits….

  20. dagorne

    le 20 février 2006

    Monsieur,
    Je viens de lire votre article qui m’a un peu rassurée.
    En effet, depuis quelques jours je suis completement pardue. J’ai commencée un master en affaires après un Bachelor en Marketing, j’avais envie d’être cadre…
    Mais depuis mon stage en tant qu’assistante marketing, je me rend compte de la difficulté du poste, de l’ambiance « bureau », du stress, du sérieux….
    Ainsi, je suis mal à l’aise depuis quelques temps et me dit que je me paye cette dernière année d’étude trés cher et pour rien car je sens que je ne suis pas faite pour ce travail et prefère finalement des poste à moindre responsabilité.
    Un ami huer m’a dit de tout laché et de me trouver un petit job plus « social » tout à fait possible avec un Bac +3 et ma collègue de classe me dit que c’est dommage à 4mois de la fin.
    J’ai peur de perdre mon temps et mon argent et de finir surdiplomé pour un métier plus basique.
    Quelqu’un paux me donner son avis svp, je ne sais que faire !!!

  21. Lightman

    le 20 février 2006

    Passe ton diplome, il te reste quelques mois pour l’obtenir : il sera toujours temps de chercher du boulot après. Ta collègue a raison 🙂

  22. Erwann

    le 20 février 2006

    Un Bachelor, c’est pas une émission de télé ?

  23. Phil59

    le 13 janvier 2007

    Monsieur, Savez vous ce que l’on risque à s’être fait embauché niveau bac+2 (dissumulé son niveau d’etudes à l’embauche donc) alors que l’on est titulaire du bac+5 ? Est il possible de le faire valoir à son employeur maintenant sans risque sur son emploi ?
    Merci

  24. Lightman

    le 13 janvier 2007

    Phil59> Pas grand chose à mon avis, à condition d’être transparent si votre patron le découvre, en lui expliquant que vous craigniez de ne pas être recruté en montrant tous vos diplomes. Je ne pense pas qu’il vous reproche grand chose.
    Par contre, si vous avez volontairement truqué votre CV (ajouté des diplomes inexistants, ou bien, mais dans une moindre mesure, supprimé des expériences gênantes), là à mon avis c’est plus grave car cela peut remettre en cause la confiance qu’il a en vous.