Fort Boyard

Le 8 septembre 2019

Je me demande s’il y a un programme à la télévision que je déteste plus que Fort Boyard. Il faut dire que je regarde si peu la télé depuis quelques années que je n’ai plus vraiment d’éléments de comparaison. L’évolution de ce jeu est en tout cas intéressante à plus d’un titre. Il y a trente ans, Fort Boyard était un jeu sans prétention qui mettait aux prises d’anonymes candidats dans des épreuves se déroulant dans un forteresse imposante située en pleine mer, une sorte d’Alcatraz posé au large de la Charente-Maritime. Le jeu avait ses codes, son univers carcéral marin très XIXème siècle, son animateur-vedette – Patrice Lafont – qui ne manquait d’ailleurs pas, à l’occasion, d’une certaine subtilité. Aujourd’hui, il n’y a plus d’univers, la cathédrale pénitentiaire s’est muée en grand gymnase omnisports kitsch et sans âme, dans lequel des célébrités plus ou moins sur le retour viennent faire grimper leur nombre de followers Twitter.
Vous allez me dire que je ne suis pas obligé de regarder, ce à quoi je vous répondrai que j’ai une fille de 9 ans, qui est en plein dans la cible de ce divertissement mainstream détenu par la multinationale Banijay Group (Nagui, Hanouna…).

Hier, en regardant distraitement, j’aperçois la pauvre Cécile Duflot habillée en candidate. Je crois d’abord à un sosie, mais non c’est bien elle en proie à une véritable crise de panique, harnachée à bord d’une improbable cabine téléphonique londonienne qui s’éjecte dans les airs comme un bouchon de mousseux bio. J’hésite entre deux pensées non exclusives : « la politique mène à tout », ou bien « certains sont prêts à tout pour rester dans la lumière ».

Mais l’idée d’avoir une – ex – politicienne dans le jeu est une innovation intéressante. Il faudrait cependant aller plus loin, et réunir une équipe entièrement constituée de politiques qu’on n’aime pas. Cécile Duflot est certes un bon début, mais elle pourrait être rejointe par Jean-Luc Mélenchon, Laurent Wauquiez, Nadine Morano, Marine Lepen, sans oublier l’incontournable Patrick Balkany qui aurait sans doute plus de chances de finir en prison à Fort Boyard. Si ça marche, il faudrait embrayer sur une version internationale avec Donald Trump, Boris Jonhson, Vladimir Poutine, et pourquoi pas Bashar al-Assad et Kim Jong-un.
Quel pied ce serait, quand même. Vu l’évolution du jeu, il n’y a qu’à attendre un peu pour voir se réaliser ce rêve de téléspectateur sadique.

Commentaires

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  1. Gilles

    le 8 septembre 2019

    Je crois que la cible enfants est très très prégnante. J’ai regardé quand j’étais gamin et j’ai recommencé quand le mien a eu 6/7 ans et il se laisse maintenant (12 ans). J’attends les 6 ans de ma dernière pour m’y remettre.
    Le côté has been est assumé je pense et j’aime bien Olivier en présentateur, moins clivant que le dépassé Laffont.

  2. Sébastien PISSAVY

    le 8 septembre 2019

    Oui, le musculeux Olivier Minne n’est pas mal.
    Patrice Lafont est au creux de la vague : trop vieux pour être présentateur, mais bien trop jeune pour être le Père Fouras. C’est cruel.