Déménager les sous

Le 22 juillet 2020

En rentrant de mon footing dominical, effectué dans le très verdoyant et bucolique quartier des Pinchinats – aucune voiture et beaucoup d’ombre, un bonheur – Jade a débarqué en courant, comme prise d’une frayeur subite : « Papa, tu sais j’ai des sous sur un compte à la banque ? »
– Oui, et alors ?
– Eh bin, on a complètement oublié de les déménager ! Il faut qu’on retourne à Aurillac pour les chercher !
Eh oui, les enfants sont d’une logique imparable. On devrait, comme dans les films de cow-boys, déménager ses sous, c’est à dire aller à la banque pour demander au guichetier de solder son compte et de le retirer sous forme de sacs d’espèces, comme dans un Lucky Luke, en prenant garde aux frères Dalton qui vous attendent à la sortie…

L’autre jour, nous sommes allés à Aix. Vous allez m’objecter que nous y habitons déjà, mais je veux dire que nous sommes descendus au centre-ville, situés à une centaine de mètres d’altitude en dessous de notre lotissement. En voiture, c’est presque imperceptible, mais quand on court on est beaucoup plus sensibles à la déclivité. On s’est garé au parking de la Rotonde. Enfin, à la seconde tentative, car bizarrement, la première fois, nous sommes entrés dans le parking souterrain, avons suivi un peu bêtement le flot de voitures, et sans trop savoir comment, nous sommes retrouvés directement à la sortie sans échappatoire. Nous avons donc été contraints de reprendre la route, de faire le tour du quartier afin de rentrer à nouveau par la même entrée du même parking. Je me suis dit sur le coup que c’était un très bon test d’effets de bord pour les algorithmes des ordinateurs qui gèrent le stationnement. Confirmation : aucun bug, tout marche, un informaticien un peu tordu avait sans doute prévu ce cas improbable. Nous avons pris un second ticket, et trouvé enfin une place dans ce parking surchauffé. D’abord agacés, on l’a ensuite pris avec l’humour des campagnards découvrant la grande ville.

Malgré le petit imprévu, nous avons réussi à être à 17h50 devant la porte de l’Office du Tourisme, but de notre périple. Nous étions confiants sur la possibilité de récupérer le programme culturel de la ville, qui malgré le covid promet d’être quand même consistant. Hélas, nous avons trouvé porte close. Le guichet fermait à 18h00, c’était écrit noir sur blanc, ou plutôt blanc sur noir à côté de l’entrée. Dans le Sud, peut-être comptabilise-t-on comme des heures d’ouverture le temps de trajet des employés pour rentrer chez eux ? Il va décidément falloir que nous nous accoutumions aux us locaux.

Je vous raconte ces anecdotes banales, mais la véritable info du jour, c’est que nous allons enfin avoir une cuisine ! Depuis quinze jours, nous campons un peu à la maison. La dépose de la précédente cuisine a été faite depuis longtemps en prévision d’une pose de la nouvelle à la fin juin, malheureusement décalée à la fin juillet pour cause de coronavirus mondialisé. Depuis mars, le covid-19 est devenu la meilleure excuse professionnelle juste devant l’informatique, l’Europe, et Macron.
Signe des temps, on se souvient que dans Les Misérables, Hugo faisait chanter à Gavroche une chanson qui rendait plutôt responsables Voltaire et Rousseau…

A partir de demain soir, si tout va bien, nous aurons donc un évier pour la vaisselle, un frigo pour refroidir les aliments, un four pour les réchauffer, et même un micro-ondes pour les réchauffer très très vite : la vraie vie quoi ! Finie la corvée d’eau dans la salle de bain, ou les restes de pizza mangés froids. En 48 heures, nous nous apprêtons à traverser un siècle de progrès technologique et électroménager. Adieu Mère Denis, et bienvenue chez nous à Electrolux, Bosch et autres Schmidt !

Commentaires

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  1. michel Delort

    le 25 juillet 2020

    le parking de la Rotonde est… 2 en fait!
    Et suivant par où on est entré avec son auto… on peut ne pas la retrouver au retour (bien qu’elle n’ait pas bougé).
    « Mystères en sous-sol »

  2. lightman

    le 26 juillet 2020

    Ah oui, piégeux !
    Il nous est arrivé une autre mésaventure, cette fois dans le parking souterrain du Pharo à Marseille. On fait un tour pour chercher une place, il n’y en a pas, alors on monte d’un étage, et là on se retrouve à l’étage d’où l’on venait. Après s’être cru dans la Quatrième dimension, on s’est finalement rendu compte que le parking était en lèger faux-plat descendant, et que lorsqu’on en fait le tour, alors on descend d’un étage sans s’en rendre compte…
    Les concepteurs de parking ont décidément une imagination débordante !