Cette peur qui nous gouverne

Le 1 octobre 2020

Ce matin, l’actualité était souriante. Une chance, ce n’est pas si souvent. Enfin, c’était de l’humour involontaire. Deux articles m’ont fait bien rire. Le premier concernait notre capitale. On raconte qu’hier les parisiens étaient effrayés, ou en tous cas suffisamment paniqués pour que la plupart des rédactions décident de faire état de ce fait singulier : un Rafale de l’armée de l’air a survolé Paris hier à 10.000 mètres d’altitude – autant dire que personne ne l’a vu – et a franchi le mur du son. Waouh, mazette ! C’est d’une banalité assommante. Un rafale qui franchit le mur du son, avouez que ce n’est pas précisément une surprise. Dans le Cantal, terrain de jeu favori de l’armée de l’air, même les vaches Salers ne haussent plus les sourcils lorsque passent les couples d’avions de chasse dans la vallée de la Cère à très basse altitude, même s’ils font « bang ». Ils ne seraient pas un peu stressés les parisiens en ce moment ? Ou alors ce sont les journalistes qui sont désoeuvrés ?

Second article drôle ce matin, cette fois dans La Montagne. On y interviewe un péquin, professionnel du tourisme auvergnat qui s’inquiète d’un afflux de touristes dans le Cantal. Selon lui, il y aurait désormais trop de vacanciers autour du Puy Mary. Il faudrait savoir ! A ma connaissance, au moins la moitié des hôtels/restaurants du département sont menacés de fermeture à courte échéance, faute de clients et de repreneurs, situation qui préexistait bien avant le covid.
Et maintenant, on vient nous dire qu’on n’arrive plus à gérer les touristes ? Qu’ils seraient désormais trop nombreux ? On emploie même l’expression « tourisme de masse ». Franchement, la blague est bonne, quoiqu’un peu osée si l’on se souvient de la situation démographique et économique apocalyptique du Cantal. Pour ceux qui trouvent qu’il y a trop de monde, dites-vous qu’il y a 150 ans, il y avait 100.000 habitants de plus. Il y a encore un peu de marge avant la surpopulation et le tourisme de masse. Pour rappel, densité démographique du Cantal : 25 habitants au kilomètre carré. La moyenne française est à peu près à 100 habitants/km². Dans les Bouches-du-Rhône, nous sommes à presque 400, soit 16 fois la densité cantalienne. Ici, les gens ne se plaignent pas des touristes, ils font vivre la région.

Certains cantalous auraient donc peur des touristes, les parisiens peur du bang des avions. Peut-être la conséquence de l’agitation des peurs par les politiques et les media ? Que voulez-vous, la peur fait vendre, la peur fait voter. Ca fait six mois qu’on fait peur à tout le monde avec le covid, qu’on fait peur à tout le monde avec des attentats dignes de bagarres de bals des années soixante-dix, qu’on inquiète tout le monde pour un oui ou pour un non : le réchauffement climatique, les accidents de la route, la violence endémique, les méchants migrants, les islamistes sédentaires ou itinérants, l’Europe, le trio des très méchants Trump / Johnson / Poutine, les jeunes cons qui ne respectent pas la distanciation, les vieux cons qui empêchent les jeunes de vivre…
Stop ! Débranchez tout, détendez-vous respirez. Imprimez une photo d’Olivier Veran et mettez-vous aux fléchettes. Ou mieux, mettez-vous au vert, tiens. Enfin, pas dans le Cantal, c’est surbooké !

Commentaires

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  1. Florian L

    le 1 octobre 2020

    Hello Sébastien, je me suis fait la même réflexion, les médias se régalent à nous faire peur. Ce soir c’est avis de tempête sur la Bretagne, Ouest-France à consacré sa Une internet à ce fait… en effet la peur fait vendre c’est bien connu. Et concernant le sois disant tourisme de masse dans le Cantal, l’article de la montagne nous livre le témoignage d’une seule personne, ce qui ne me semble vraiment pas refléter une idée répendue dans le Cantal donc bon pas très objectif cet article, encore un titre « Putaclick ». Quand je me suis rendu dans le Cantal cet été en mode Touriste puisque je suis un expatrié comme toi aujourd’hui, les professionnels semblaient plutôt très content d’être complet, c’est bien tout le mal que je leur souhaite.

  2. Sandrine B

    le 4 octobre 2020

    Bonjour Sébastien, je lis tes posts très régulièrement et à chaque fois c’est très pertinent. Malheureusement tu as raison et c’est affligeant