A la recherche d'un jardinier

Le 30 septembre 2020

Pas si simple de trouver un jardinier pour tailler vigoureusement la palissade de cyprès de plus de trois mètres cinquante de hauteur qui enserre notre petite propriété aixoise. Les premiers contacts sporadiques ont lamentablement échoué. Pourtant ça partait bien, deux jeunes et fringants paysagistes de Cabriès étaient venus à la maison, restés plus d’une heure et demi à poser des questions et à bavarder pour montrer leur savoir-faire, en égrenant les noms savants de plantes et de techniques de taille. Hélas, plus de trois semaines après leur venue, et malgré de multiples relances, je n’ai reçu aucun devis.

Alors j’avais spontanément appelé une autre société en lisant le numéro de téléphone du camion de jardinage stationné devant chez nos voisins. Pas de chance, suspicion de covid pour deux de leurs jardiniers, risque de confinement d’une partie de l’équipe, j’attends toujours leur rappel. C’est dingue cette histoire. A Aurillac, il me suffisait de décrocher le téléphone pour appeler Chastanet Paysages, ou Jardin Conseil pour parler à des professionnels sérieux et compétents, basés à moins d’un kilomètre de Toulousette, et obtenir un rendez-vous en cinq minutes suivi d’un devis dans la foulée.

Ici, il faut être patient. Hier, j’ai décidé de passer à une phase industrielle en sollicitant une dizaine de jardiniers-paysagistes sur un rayon de vingt kilomètres. 24 heures plus tard, quatre seulement ont répondu. L’un d’entre eux est déjà passé. Celui-là bénéficiera d’un net avantage psychologique sur les suivants.
Le tout premier a me répondre avait été immédiatement retoqué, il avait clairement annoncé la couleur « je travaille pour 100 euros de l’heure, comme vous aurez un crédit d’impôt, ça vous coûtera la moitié ». Gonflé. Je lui ai rappelé que le tarif moyen dans la profession était plutôt de la moitié du sien, et qu’on bénéficiait également du crédit d’impôt de 50%.

C’est un truc que j’ai remarqué ici, il y a un tarif spécial Aix-en-Provence, c’est à dire nettement relevé par rapport à d’autres bourgades du département. Cela dit, je ne devrais pas m’en offusquer, j’ai souvent professé que le juste tarif n’était pas le coût additionné d’une marge, mais plutôt le prix qu’un client est prêt à payer votre service. Et si un jardinier propose un tarif stratosphérique, c’est probablement qu’il a des clients qui l’acceptent. Je pense d’ailleurs que si j’avais annoncé habiter à Marignane ou à Berre, ce très cher entrepreneur ne m’aurait sans doute pas rappelé.

J’ai terminé Yoga, l’autofiction d’Emmanuel Carrère. Génial au début, un peu poussif sur la fin. A partir de son internement à Sainte-Anne, le récit part un peu en sucette. Le passage final sur une île grecque à discourir avec des migrants du Moyen-Orient, je l’ai subi comme une digression soporifique. Dommage. Finalement, la lettre publique et vindicative de son ex-épouse dénonçant l’utilisation qui est faite de sa vie, et le beau rôle que se donne l’auteur, est beaucoup plus intéressante. Elle interroge sur les limites des autofictions, ou des romans. C’est la mode en cette rentrée littéraire. Nul doute qu’en la matière le procès qui va suivre la parution du livre de Raphaël Enthoven qui tire sur tout ce qui bouge, enfin principalement sur son ex-femme, son père et son ex-beau-père va être passionnant à suivre. Un écrivain a-t-il tous les droits, y compris celui de raconter la vie de ses proches malgré eux ? La liberté d’expression est-elle à ce prix ? Ca me rappelle aussi Pays Perdu, le livre de Pierre Jourde il y a quelques années qui n’hésitait pas à dresser des portraits peu flatteurs de ses voisins cantalous, et qui avait failli se prendre quelques torgnoles en revenant au pays. On avait alors crié au scandale, à la sacro-sainte liberté de l’écrivain. On va bien voir avec le bouquin d’Enthoven, si le petit monde germanopratin autocentré s’applique à lui-même les principes qu’elle professe pour le petit peuple.

Commentaires

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  1. Kalim

    le 1 octobre 2020

    « Grâce » au Covid, deux solutions s’offrent à vous : retrousser vos manches (mais j’imagine que ce n’était pas le but recherché justement…) ou trouver un professionnel disponible à un tarif raisonnable. Avez-vous songé aux étudiants des lycée horticultures ? Ils sont souvent très demandeurs (ou leurs enseignants) d’occasion pareilles. Peut-être avez-vous un lycée de ce type près de chez vous ?…
    Bon courage dans vos recherches 😉

  2. lightman

    le 1 octobre 2020

    Kalim> Effectivement bonne idée les étudiants horticulteurs.