Netflix et Urgences

Le 8 octobre 2020

J’ai résilié mon abonnement Netflix. Pour la troisième fois. A chaque fois, je souscris, je résilie. Puis je souscris à nouveau pour bénéficier d’une exclusivité, et quelques mois plus tard, je résilie car je ne me connecte plus. Je suis sans doute une énigme pour les algorithmes prédictifs du leader mondial du cinéma en streaming. Enfin bon, lorsqu’on n’est pas fan de séries télé, un abonnement Netflix est dispensable, surtout si comme moi vous êtes déjà abonné à Amazon Prime qui vous fait bénéficier gracieusement de sa plateforme vidéo. Et encore plus dispensable si vous aimez choisir vos films, et que vous remarquez que la plupart de vos requêtes vous dirigent non pas sur Netflix, mais sur Youtube ou sur d’autres plates-formes qui privilégient la location à la demande plutôt que l’abonnement.
Même en n’étant plus abonné – pour l’instant – j’ai mis dans le caddie l’autre jour le livre Ca ne marchera jamais qui raconte les débuts de l’aventure entrepreneuriale de Netflix, sous la plume de Marc Randolph, cofondateur.

C’est étrange de rédiger un livre sur les premières années de Netflix après tout ce temps. Je disais hier à un jeune entrepreneur qui me sollicitait qu’il y avait finalement peu de choses comparables entre l’internet actuel et l’embryon de réseau planétaire qui préexistait lorsque nous avons lancé jeuxvideo.com, six mois avant Netflix. Dans ce livre, j’ai cependant aimé retrouver l’ambiance de ce qu’on appelait alors la « net-économie », même si Randolph fait peu allusion à cette époque exaltante des pionniers. Peut-être parce que lui et son cofondateur Reed Hastings avaient déjà eu une brillante carrière avant de lancer Netflix, et que l’entreprise a commencé avec deux millions de dollars en caisse, ce qui était inhabituel à l’époque, même dans la Valley me semble-t-il. Cela n’a pas dû les prédisposer aux mêmes trajectoires que celles des geeks-artisans du web qui bricolaient dans leur grenier. J’ai toujours été plus proche des artisans que des industriels de la création d’entreprises. Ce sont l’effervescence d’idées, les tentatives fructueuses ou non, la spontanéité de la création, l’énergie du lancement qui sont intéressantes, la suite fatalement sera plus monotone donc ennuyeuse. En fait, je me rends compte que je ne me sens pas si proche que cela de l’histoire de Netflix. J’en suis même très éloigné sur certains aspects, notamment le rapport au financement qui est assez décomplexé pour Randolph, comme en témoigne cette citation qui me semble très révélatrice, page 59 : « Lorsqu’il est question de financer vos rêves, n’utilisez que l’argent des autres. » En tant que business angel, aujourd’hui de l’autre côté de la barrière, je ne souhaite pas particulièrement financer des rêveurs…

Après ce livre, je vais basculer sur Interventions le nouvel essai de Michel Houellebecq, qui n’est pas si nouveau dans la mesure où la majorité des textes qui le composent ont déjà été publiés, soit dans des éditions précédentes, soit par la presse. J’ai hâte de prendre connaissance de la pensée Houellecquienne, que je n’avais appréhendée jusque-là qu’au travers de ses romans. Valeurs Actuelles a titré à ce sujet : « Houellebecq publie un recueil pro-Zemmour, Trump et Poutine ». Ca promet !

Sinon, il faut que je vous dise que je suis devenu un grand fan des vidéos de l’IHU de Marseille. J’ai découvert que le Professeur Raoult et surtout ses collègues, alimentaient très régulièrement une chaîne Youtube dont le contenu me passionne. Je crois que je n’avais pas connu une telle addiction pour le milieu médical depuis la série Urgences vers 1997 qui avait propulsé Georges Clooney. Tiens, je me demande si je n’ai pas raté ma vocation. Il paraît qu’ils vont assouplir le numerus clausus, peut-être une opportunité imprévue de changement de carrière…
Toutes les semaines et bien avant la crise du covid, l’IHU diffuse des captations de cours ou de conférences, ou bien tourne des vidéos sur des sujets d’actualité. C’est très instructif, j’ai l’impression d’apprendre des choses. Les contenus sont beaucoup plus intelligents que toutes les polémiques stériles entre pro et anti-Raoult. J’avoue que les passages techniques remplis de jargon m’échappent complètement, mais mystérieusement ça me plaît quand même. Bizarre, non ?
Hier par exemple, j’ai visionné une vidéo captivante d’un médecin anesthésiste-réanimateur à l’Hôpital de la Conception à Marseille. Lequel décrit ce qu’il vit au quotidien, comment il soigne les malades du covid qui arrivent en réanimation. Son discours diffère radicalement de ce que l’on peut entendre de la part des politiques ou des media. Il parle avec entrain de la réalité dans son service. Ca a le mérite d’être direct, clair, parfois engagé et peu consensuel. Mais c’est ce que j’attends comme contenu en cette période, plutôt que les incantations effrayantes et manipulatoires du gouvernement, plutôt que les avis vaseux des consultants de plateaux télé. J’ai toujours tendance à croire les gens de terrain quand ils sont sincères, plutôt que les théoriciens. Ceux qui font plutôt que ceux qui pensent, au moins en période de crise.

Commentaires

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  1. Vincent

    le 8 novembre 2020

    « J’avoue que les passages techniques remplis de jargon m’échappent complètement, mais mystérieusement ça me plaît quand même. Bizarre, non ? »

    Mais non mon cher ami, sans t’en rendre compte, ton déménagement et le rapprochement de la ville de Sète commence à se faire sentir et à porter ses fruits.
    Mais quel est ce « mystère magique » dont tu nous parles là ?
    La solution est simple, au moins pour ma part.
    Quoi de nouveau sous le soleil (même celui du Cantal) ?
    Réécoute la chanson « sans le latin » de George et tu auras la réponse à ta question.
    La musique est aussi de la culture, surtout celle-là 😉
    Bonne écoute.

  2. lightman

    le 9 novembre 2020

    Chanson marrante qui avait dû faire scandale à l’époque, mais un scandale peu risqué. J’ai peine à imaginer si quelqu’un en sortait une du même tonneau sur l’islam aujourd’hui. On pourrait d’ailleurs plus globalement se demander ce qu’aurait chanté Brassens de nos jours…