Salomone, Houellebecq, Tolstoï

Le 9 mai 2020

Est-ce que les gens qui mâchent la bouche ouverte vous agacent ? Alors, vous êtes peut-être atteint de misophonie. C’est une aversion à certains sons produits par d’autres individus, tels que les bruits de bouche, de nez, de gorge, le clic répétitif d’un stylo, d’une souris, ou la frappe sur un clavier.*

C’est dans le roman de Bruno Salomone intitulé Les Misophones que j’ai découvert cette mini-pathologie, à laquelle je pense être sujet sous une forme légère. Ne vous attendez pas à trouver des vertus littéraires à ce roman, il n’y en a guère. En revanche, j’ai aimé découvrir ce que subissent les gens qui souffrent d’une forme sévère de misophonie. J’ai avalé la première centaine de pages facilement, même si ensuite l’intrigue tourne en rond et qu’on termine l’ouvrage avec un ras-le-bol des descriptions innombrables de petits bruits du quotidien. J’avais rêvé trouver ici l’équivalent auditif du grand roman Le Parfum de Patrick Süskind (dont une partie se passe au Plomb du Cantal d’ailleurs), mais c’était beaucoup demandé. Salomone est surtout un acteur, et l’ancien complice de Jean Dujardin dans les « Nous c’est nous » a quand même produit un texte correct à défaut d’en faire un chef d’oeuvre. A lire si cette pathologie vous intéresse.

Sinon lisez plutôt la lettre que Michel Houellebecq a adressée à France Inter il y a quelques jours à propos du SARS-CoV2. L’auteur de Soumission – qui va bientôt être adapté au ciné – y fait part de ses doutes pour la suite des événements, ne croyant pas au grand changement de paradigme appelé par tous les idéologues du moment : virage écologique profond, fermeture totale des frontières, effondrement planétaire, grand virage à gauche, ou arrivée des petits hommes verts… Houellebecq est convaincu que cet épisode de confinement viral nous mène droit au même monde, avec une réduction des interactions sociales entre les individus, et vers une société toujours plus individualiste. Encore une fois, je suis assez tenté de le croire. L’acuité avec laquelle Houellebecq perçoit notre société est quand même étonnante. Lire ses textes, désenchantés mais drôles reste un plaisir, même une simple lettre. Alors lisez plutôt.

Je me prépare désormais à gravir mon Everest. Ce sera long, difficile, parfois éprouvant. J’ai décidé de m’attaquer à un monument de la littérature mondiale. Non, pas Proust : trop intimidant, trop ambitieux encore… Fnac.com, après 10 jours d’hésitation, vient de réussir à m’envoyer La Guerre et La Paix de Léon Tolstoï. Deux tomes en format poche, et deux mille pages de roman-fleuve dans l’aristocratie russe du début du XIXème. En toile de fond, la guerre napoléonienne vue par les russes. J’avais déjà tenté une incursion dans l’épopée napoléonienne en lisant les Cahiers du Capitaine Coignet, qui s’étaient révélés très rébarbatifs. Rien ne vaut un romancier pour raconter la guerre, et un officier pour la faire. L’inverse ne vaut pas grand chose.
Objectif : avoir lu cette oeuvre majeure de Tolstoï avant mon déménagement de début juillet…

* Source : https://www.revmed.ch/RMS/2015/RMS-N-462/La-misophonie-ou-l-aversion-pour-le-bruit-a-propos-d-un-cas-clinique

Tome 1 du roman de Léon Tolstoï

Commentaires

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  1. Lopes De Macedo

    le 9 mai 2020

    Bon courage pour Tolstoi, ton Everest. J’aime beaucoup cette image. Je te recommande la lecture de Proust, auteur que j’adore. Un conseil : commence par Du côté de chez Swann, qui est le plus abordable. Bonne lecture.

  2. lightman

    le 9 mai 2020

    Merci pour ce précieux conseil sur Proust !