Comme annoncé à la fin de ma note précédente, voici une mini-interview d’un cantalien expatrié en Californie à San José, où il travaille pour le numéro 1 mondial du commerce électronique : j’ai nommé eBay. Des propos assez éclairants sur la façon dont on perçoit la France depuis l’étranger, et également sur certains maux de la classe politique franco-cantalienne…

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Pourrais-tu te présenter en quelques mots : nom prénom, âge, ce que tu fais dans la vie ? Pourquoi eBay et la Californie ?

Henri Moissinac, 35 ans, Ytrac. J’ai découvert l’Internet en 1995 et depuis je ne le quitte presque plus. Passion pour les produits et services grand public internet (et mobile). J’ai participé au montage d’une entreprise, iBazar, rachetée par eBay. C’est en Californie que tout se passe.

Qu’est-ce qui t’a amené à quitter le département du Cantal ? C’était quand ? Quel a été ton parcours depuis ?

Je suis cantalien dans l’âme et reviens chaque année, mais j’ai toujours grandi en dehors du Cantal. Etudes prépa, Normale Sup, Thèse en traitement d’images, France Telecom, iBazar puis eBay, avec une parenthèse dans un fond d’investissement dans les hautes technologies.

Envisages-tu de revenir dans le Cantal ? Si oui à quelle échéance et quelles conditions devraient être réunies pour cela ? Si non, pourquoi ?

Rentrer m’installer dans le cantal : c’est malheureusement impossible vu le secteur dans lequel je travaille. Il faut un éco-système et c’est à Paris ou en Californie qu’il faut être. On peut changer cela, mais il faut désenclaver. Quelques sujets de discussion :

Cantal : Les 7h de train sont presque aussi longues qu’un Paris New-York!
Rentrer plus souvent dans le cantal. Ah oui, ça j’aimerai. Mais c’est loin, très loin.

Au niveau national :
– une volonté forte, pas des bla blas : Les gens sur le terrain sont motivés et les administrations sont fantastiques. Je doute cependant beaucoup de nos pouvoirs politiques locaux et nationaux. On devrait interdire le renouvellement des mandats, surtout quand ces gens racontent n’importe quoi dans le but de rester en poste. La France fait beaucoup république bananière vu de l’exterieur. Des gens très connus qui racontent n’importe quoi en public, alors que leur propre administration leur conseille exactement le contraire.

– Cette hypocrisie sur l’emploi. Vu d’ici c’est inimaginable de voir la France s’auto-condamner. Il faut absolument rendre le marché du travail flexible et dynamique. Comme partout dans le monde, les entreprises françaises souhaitent se développer. Mais en France, beaucoup ne veulent pas tenter l’aventure et embaucher plus parce que c’est impossible de reculer et  licencier ensuite si les choses tournent mal. Les opportunités de croissance ne sont jamais exploitées car on ne peut pas mettre les ressources humaines en face. Mieux encore, on réduit le temps de travail pour répartir le peu de travail quitte à pénaliser ceux qui veulent travailler plus. L’activité stagne et ralentit, c’est la mort à petit feu. Combien de PMEs dans le Cantal condamnées à terme ? J’aimerai tellement les aider. Je suis d’accord sur le fait que c’est facile à dire et difficile à faire : les gens ont peur et se refugient dans un système avec toujours plus de protections et donc moins de dynamique. Cela prend du temps très long à changer mais il faut commencer dès maintenant.

– Tuer une bonne fois pour toute la fraude. Fraude aux impots, assedic, au RMI, aux allocs (vivre 2 ans sur la bourse de ses voisins, cool non ?), fraude à la sécu, PV qui sautent, alcool au volant. Aux US et en Angleterre, c’est très simple : tu triches ? Tu perds tout. Tu peux te faire pardonner mais il faut travailler pour la communauté.

Merci Henri, bonne continuation, et j’espère à un de ces jours dans le Cantal 🙂
Photo : rba