Flashbacks et découverte d'internet
Ca ne vous arrive pas, vous, d’avoir de temps en temps des sortes de "flashbacks" ? Vous repensez subitement à une scène de votre vie qui s’est déroulée plusieurs années auparavant, et vous y pensez comme si c’était hier (en vous demandant bien pourquoi vous repensez à ça d’ailleurs)…
Cette nuit, je suis revenu en 1993. Limoges pendant mes années étudiantes, fin d’un cours de réseaux informatiques. Je vais voir le prof pour lui poser une question qui me turlupine : en effet à la fin d’un bouquin écrit par un universitaire américain, j’ai pu lire une mystérieuse et minuscule inscription : Pour me contacter : internet:john.smith@mit.edu * Qu’est-ce que c’est que ce truc ?
Réponse du prof : je ne sais pas…
Sur le coup ça ne m’a pas paru étonnant : le prof ne peut pas tout savoir… Mais a posteriori, ça montre que :
1) Notre prof de réseau était vraisemblablement une bille
2) En France, on était encore très loin, à cette époque-là, de la vulgarisation du net.
Et ça, ça me fait penser à tous ces français qui nous disent avoir découvert internet en 1993 ou 1994… Comme une sorte de snobisme : ça fait bien d’avoir fait partie des pionniers parmi les pionniers. Vous n’en connaissez pas ? Allez fouiller du côté du carnet du journaldunet il y en a plein ! 🙂
C’est d’ailleurs l’une de mes questions préférées pour un entretien d’embauche : quand avez-vous surfé pour la première fois sur le web ? Et au moins une fois sur 10, ça ne manque pas, le mec me dit d’un air assuré :
– C’était au moins en 1994, voire même 93 !!
– Bien, et vous surfiez à quelle vitesse à cette époque et quel était votre fournisseur d’accès ?
– Wanadoo en 56K
– Merci pour cette précision, mais le 56K n’existait pas en 1995 et Wanadoo n’avait pas encore été créé non plus 🙂
Pour ma part, et pour autant que je m’en souvienne, j’ai utilisé le mail pour la première fois au début 1996 (en passant par un BBS connecté au net et qui relayait les messages que nous échangions mes associés et moi), et j’ai surfé sur le web en 1996 ou 97.
* L’adresse email est fictive Photo : timkoch
alfamicro
le 10 décembre 2005Si mes souvenirs sont bons, j’ai commencé à surfer en 96 – 97 avec un super modem Us Robotics à 14 400 bps ! J’avais 7 h de connexion par mois (car les communications téléphoniques + les heures étaient payantes…) qui me servaient à utiliser le chat intégré dans Windows 95 sur un pentium 1 @
133 MHz….quel époque !
Lightman
le 10 décembre 2005alfamicro> Tiens j’avais pas encore été visiter ton site, faudra qu’on le référence sur cantal.com…
majest
le 10 décembre 2005Hello,
Ma première fois date d’une curiosité
d’autodidacte passionné d’informatique
depuis l’enfance, à la fac des Cézeaux en 91 je crois (ou 92)
: Des codes de calcul étaient distribués, et on pouvait accéder à des
fichiers de rapports de labos d’étude, thèses, à l’étranger, etc.).
Les outils étaient en mode texte et commandes (très proches du minitel ma
fois aux complexités de commandes UNIXiennes près lol). J’ai des souvenirs
du moteur de recherche sur serveurs ftp et gopher… hallucinogènes !
En 1993, j’intégrai ENFIN la cathédrale
d’Évry vouée à l’informatique et aux Télécoms, l’INT (http://www.int-evry.fr)
en Mastère, et j’ai pu assouvir mes impatiences et curiosités, rencontrer
les ‘fadas’ de l’INRIA (un des papas de l’Internet français, Christian
HUITEMA, y œuvrait à Sophia), et faire mumuse avec beaucoup d’outils,
qui au début me paraissaient "intouchables" [Y compris en stage une
merveille, une INTEL Paragon avec 128 nœuds de calcul, donc 256 processeurs
i960, rien que ça ! – j’avais été déformé aux architectures massivement
parallèles en même temps qu’aux télécoms –.
Le chat existait déjà, le mail, l’échange de
fichiers (tout entre serveurs à l’époque et on utilisait des terminaux
pour les faire bosser), et le passage de commandes à distance. Nous avions
même des ‘fadas’ dans nos TPs qui avaient exploité une vulnérabilité UNIX/RCP
"bien connue" – et corrigée depuis – pour rentrer en tant que ‘root’ sur
toutes les machines UNIX de l’INT. Pour rigoler, on simulait des routeurs
OSPF sur des serveurs pour détourner le trafic, pour se détendre on sniffait
les mots de passe de l’université ou on regardait les adresses de sites
coquins sur lesquels les étudiants allaient "travailler"…
À l’époque, nous allions sur des sites australiens,
japonais, américains et canadiens aussi pour trouver des infos sérieuses et
échanger (parfois)… En 1993 j’me souviens avoir entretenu une
correspondance email (sisi) avec le père d’OSPF, MOI (non pas schyzophrène,
je m’amuse toujours du nom de John MOY qui est le génial coordinateur
d’invention de ce protocole. Un Dieu pour moi, un type charmant
sympathique et très disponible par email déjà à l’époque – Y en a
qui seraient bien inspirés d’en prendre de la graine –). En France,
nous avions (et j’ai eu la chance d’en cotoyer en cours), les héros des
laboratoires du CNET de Mister COUDREUSE, inventeurs de l’ATM !
Nous avions une liaison une ou 2 fois 2
Mbit/s symétrique (sur transfix) pour tout le campus je
crois et c’était une Porsche ou une Rolls Royce !!! (pas
mal de téléphones et quelques minitels aussi, gratuits puisque
l’école dépendait encore de France Télécom, personne ne s’en
plaignait).
En sortant du mastère, je me souviens avoir
découvert les protocoles DNS, BGP, etc. en aidant au montage
d’un grossiste d’accès Internet pour revendeurs et IAPs
régionaux fin 1995… Quelle galère pour trouver des gens
compétents à l’époque !!!
Après j’ai démarré à bosser dans des
sociétés bien moins équipées mais pas mal loties. On côtoyait à
l’époque une majorité d’anciens des grosses boîtes qui n’avaient
connu que le Télétexte et les "terminaux passifs"
(j’donne pas de noms, ça bousculerait des campagnes de pub en
cours, lol). Ça leur faisait drôle d’imaginer des familles de
machines où tout le monde est "actif" !!! mdr Un peu après en
1997, pourtant encore "picousé" par les centres de formations et
les constructeurs, j’expliquais à des responsables d’études
opérateurs que IP direct sur SDH/SONET était plus
efficace et moins cher que de s’embêter avec ATM. Ils
ricanaient presque, et préféraient se débattre contre leurs
boîtiers pseudo ATM pas finis qui ne géraient pas la qualité de
service (Cf. mésaventures du câble quand le nombre d’abonnés a
augmenté, par exemple à Strasbourg) !!! mdr L’histoire a
décidé… Idem pour la commutation performante Ethernet /
Fast / Giga plutôt que l’ATM (que le Parlement européen
avait choisi, il me souvient… Ça a du nous coûter cher ces
affaires de choix dictés par des consultants de renom…).
Quelques liens utiles pour approfondir :
Jean-Pierre COUDREUSE :
http://www.industrie-technologies.com/ingenieurs/affichage.cfm?ID_m=1684350&cd=C&id=nom
(au passsage bravo pour l’humilité et la reconnaissance aux membres de
l’équipe)
John MOY & OSPF :
http://www.networksorcery.com/enp/authors/MoyJohn.htm
Internet et Christian HUITEMA :
http://www.culte.org/projets/lecture/livres_internet.shtml (extrait de
sa biographie éloquente)
Et Dieu créa l’Internet : Un bouquin court, exaltant, à lire
ABSOLUMENT !!!
Merci lightman pour cette occasion de
nostalgie et de souvenirs émus ! (désolé si ça fait un peu spam
mon commentaire lol, je n’ai pas pu résister…)
Les flashs, perso, ce sont surtout des
regrets de ne pas avoir été plus loin, plus vite, plus fort !
(et comme tu le dis très bien, il ne faut pas compter sur les
autres, profs ou pas 😉
Lightman
le 10 décembre 2005majest> Beau parcours !
Effectivement, bon bouquin de Christian Huitema « Et Dieu créa internet ». Je pensais avoir fait une note dessus, mais non : j’ai dû le lire avant le lancement de ce blog…
Krysztoff
le 10 décembre 2005Merde, Majest m’a déjà grillé la politesse.
Parce que moi aussi, sans me vanter :-)), j’ai découvert internet en 1993 à mon arrivée à… l’INT! Et oui, nous sommes passés sans doute par les mêmes salles d’info. L’INT était effectivement sans aucun doute très en avance. Je confirme les liaisons à 2 Mbits (on était en fait connecté à Renater)et les minutes de téléphone quasi gratuites (on les payait quand même un peu Majest, mais du genre 10% du prix public). Et en plus, pour les chanceux logés sur le campus (en première année, on était tous logé sur le cmapus sauf les parisiens qui ne le souhaitaient pas), on avait une connexion dans chaque chambre. Doom en réseau dès 1994-95 et Windows 95 en version beta (qui s’appelait Chicago si mes souvenirs sont exacts) téléchargé sur des sites US 3 mois avant la sortie en France.
Bref, le clair sentiment d’appartenir à une génération de précurseurs… et de privilégiés.
Paulop
le 10 décembre 2005Que je me souvienne, ma première connection à la maison c’était vers 1998 avec un modem 28k sur je ne sais quel FAI qui n’existe plus.
Sinon je me souviens avoir utilisé Rénatar (93 ou 94) au travail de mon père. Enfin utiliser est un bien grand mot, vu mes 6 ans j’ai plus regardé qu’autre chose. 🙂
Eddy
le 10 décembre 2005un pentium 133 en 97 ??
Moi j’ai commencé un peu tard (98) sur un modem 33k
C’était au lycée sur un vieux netscape tout pourri, mais j’ai eu la révélation qui fait aujourd’hui de moi le meilleur des webmasters mdr
Merci pour cette note Lightman !
frar
le 10 décembre 2005Je vous admire tous : je serais bien incapable de me rappeler la première fois que j’ai surfé sur le net… 1997 au mieux, 1998 au pire. Ca m’a franchement pas marqué plus que ça. Ce dont je me rappelle par contre c’est que j’avais un mal de chien à trouver quelque chose d’intéressant sur le net tellement certains domaines étaient déserts. Je trouvais ça frustrant, sans compter le temps d’attente pour afficher une page web (souvent bien laide)…
Heureusement tout ceci a bien changé et je ne suis pas du tout nostalgique de cette époque. Y a juste le « tout gratuit » d’internet qui me manque un peu, mais fallait vraiment être niais pour croire que ça durerait.
super.panda
le 10 décembre 2005Eh bien ! Vous êtes sur le net depuis un bon bout de temps ! Pour moi, c’est un peu plus récent. Il me semble que c’était au cours de l’année 2000. Mon fournisseur d’accès était Freesbee (racheté par Tiscali depuis). Et bien sûr, la connexion était en 56K. D’ailleurs, j’ai surfé à cette vitesse d’escargot jusqu’à cet été (2005) au moment où l’ADSL est enfin arrivée dans mon petit village lotois de 550 habitants.
jdo
le 10 décembre 2005ca faisait longtemps que je ne m’étais plus penché sur le « cas huitema » (non non, je vous ferai pas le coup du vieux routier du net 😉 ), en farfouillant un peu, j’ai appris qu’il bossait maintenant chez microsoft, et qu’une de ses « oeuvres » était le firewall inclus dans Windows XP SP2 !
http://www.huitema.net/sp2-firewall.asp
c’est vraiment interessant de se retourner un peu sur le passé du net et de l’informatique en général, ca me donne des envies de bouquin ca….
Lightman
le 11 décembre 2005jdo> On manque de bouquins sur le net en France, je parle surtout de bouquins non techniques : généralistes ou alors orientés vers une expérience professionnelle. Donc si t’as des idées et l’envie n’hésite pas ! 🙂
Krystoff> Tiens j’ai cru t’apercevoir hier soir tout en haut d’une tribune de supporters déchaînés, tu avais une écharpe rouge et bleu autour du cou, une fusée éclairante dans chaque main et tu criais « Aurillac ! Aurillac ! Tes supporters sont là ! » ;-))
Krysztoff
le 11 décembre 2005J’étais bien à Payrolles hier soir mais je n’avais pas d’écharpe rouge et bleu ni de fusée éclairante, et je ne criais pas non plus. Ou alors c’était à l’insu de mon plain gré!!
François
le 11 décembre 2005Le BBS sur lequel nous étions à l’époque s’appelait EDEN, je me trompe Séb’? C’est sur ce BBS parisien que j’ai en fait commençé à faire des e-mail, en utilisant une passerelle qu’avait monté Tchi entre la messagerie du BBS & les e-mails sur Internet… Donc pour moi, ça doit bien faire 1995… 🙂
Dinowan
le 12 décembre 2005Pour répondre à la question > en 94, en squattant les bureaux du CNET.
Oui, j’assume mon snobisme et ma totale frime attitude.
Jeff
le 12 décembre 2005La première que j’ai surfé, c’était en 1999. J’avais un bon 56k avec Club-Internet en FAI. Pourquoi j’avais besoin du net ? J’ai utilisé internet sur les conseils d’une amie qui me soutenait qu’internet était la plus grande bibliothèque du monde et pour trouver de l’infos, il n’y avait pas mieux. C’était parfait car à l’époque, j’était étudiant en droit et donc sommairement fauché pour acheter des livres extrêmement coûteux.
Internet était donc la réponse car à l’époque, beaucoup de contenus étaient encore gratuit car ce média encore en état embryonnaire n’était pas développé donc n’avait pas d’intérêt pour les financiers.
Bref je vous confierais que mon surf a quelque peu dévié. Non pas pour des sites à caractère sexuel, je vous rassure. Etant fan de jeux vidéo, j’ai fait une recherche dans un moteur (ne me demandez pas le nom, je ne me souviens plus) pour trouver des trucs et astuces. De manière totalement anodine et avec la peur de mal faire, je tape sans prétention aucune : « jeux vidéo ». Et là merveille, je suis tombé sur un site, mine d’or pour tous les gamers et je ne l’ai plus jamais quitté.
C’est ce jour que j’ai arrêté d’acheter des mags papier dont j’étais très friand et admiratif. Reconnaissant volontier l’avenir de ce média, j’avais toujours en tête que je finirais par être rédacteur pour une telle entreprise éditoriale. Quelques années plus tard et des diplômes en poche, j’ai réussi à intégrer une telle société et je me sens pas trop mal même si la place que j’occupe n’était pas celle dont je rêvais dans mes utopies estudiantines.
alfamicro
le 12 décembre 2005> Oui Light, j’avais déja fais une demande d’ailleurs mais je n’ai pas eu de réponse…
terreur
le 12 décembre 2005warf, c’était ma prime jeunesse, mon second modem était un 300bauds pour C64, j’en avait un autre avant (en fin 80) mais je ne sais plus du tout la marque, ni la vitesse, je le branchait sur mon TI99-4A, c’était un de ces modem sur lequel on devait déposer le cornet du téléphone… Tu sais hein Lightman, comme dans Wargame 😉
A ce moment, bien entendu on ne se connectait pas à INTERNET, d’ailleur on ne connaissait pas encore, on utilisait le modem pour « parler » à des copains, ou télécharger des programmes qu’on écrivait (pas de périphériques de stockage à l’époque)… Je pense que c’est vers 1985 que j’ai eu ma première connection vers usenet, c’était vaguement intéressant, je préfèrais continuer à utiliser les BBS pour échanger des données avec mes copains plutôt que d’aller sur un usenet trop lourd pour les vitesses de transfert de l’époque, plus tard, les mails sont arrivés chez moi, uniquement pour m’identifier sur usenet!!! ce n’est qu’après 4-5 ans (honnêtement) que j’ai découvert l’intérêt d’un mail « structuré » par un protocole de transfert qui permettait d’être contacté rapidement de partout à travers le monde. Mais je préfèrais toujours aller sur les BBS (en utilisant le moteur RIP qui donnait des résultats stupéfiants)…
Vers 1992, j’ai commencé à utiliser fidonet, et ce n’est qu’en 1995 (si j’ai bon souvenir) que j’ai accédé réellement au web, premièrement pour rigoler (y-avait pas grand-chose…) puis pour me faire une adresse hotmail (qui n’avait pas encore été phagocyté par microsoft)…
quelle histoire…
Jeremie Berrebi
le 12 décembre 2005Je me souviens d’un certain Lightman que j’avais contacté en 95 pour la diffusion de l’ETAJV sur les forums Compuserve que je gérais (c’était là qu’il y avait du monde à l’époque :-))
Si mes souvenirs sont bons, il était dispo dans un format HLP très sympathique
Ca te rappelle quelque chose ? 🙂
PS: J’ai perdu ton email en passant
Lightman
le 12 décembre 2005Jeremie> Bon sang, ça fait 10 ans déjà ! 🙂
J’suis en train de voir que ce post est devient peu à peu un rendez-vous d’anciens combattants ! (enfin anciens mais toujours fidèles au poste !) :-))
DBardel
le 13 décembre 2005Premier surf en 1995 ou 1996 avec Compuserve… C’était un peu décevant à ce moment-là parce que, étant seule dans mon univers à être connectée, je ne pouvais pas échanger de mails. Ma BAL restait désespérément vide, le spam n’existait pas ! ;-))
Et puis je surfais un peu sur des sites en anglais, mes compatriotes traînaient un peu pour mettre leurs pages en ligne.
J’avais d’ailleurs appris à coder en HTML pour m’amuser, un site entier rentrait largement sur une disquette (je me servais de la disquette pour tester la rapidité du chargement des images). Il fallait faire de bons gros tableaux avec des bordures de 3 ou 4 pixels pour être dans le coup, sinon c’était pas joli… Des motifs hallucinants en fond de page, genre papier gaufré ou carrelage de salle de bain… Un jour ça reviendra à la mode, j’en suis persuadée ! 😉
DB_finalement_ça_fait_un_bail_que_je_débute
Jeremie Berrebi
le 13 décembre 2005Ca me donne la nostalgie de Compuserve…:-)