Apprendre à concevoir un business plan
Hier, je suis intervenu à l’ENILV d’Aurillac (Ecole Nationale des industries du Lait et de la viande), devant une classe de licence professionnelle en produits alimentaires du terroir. L’occasion de parler de e-commerce, en se basant sur ce que je connais, c’est à dire mes expériences à L’Odyssée Interactive (jeuxvideo.com), et évidemment à Testadaz.com, qui colle pile poil à leur formation. Une intervention intéressante devant un public attentif, qui m’a quelque peu réconcilié avec l’enseignement. J’avais encore en mémoire ma déconvenue suite à 12 heures d’interventions devant le public clairsemé et blasé de la fac Infocom de Clermont. C’était il y a plusieurs années, et j’avais juré qu’on ne m’y reprendrait plus 🙂 Hier, ça m’a fait plaisir de rencontrer des gens intéressés, qui ont sans doute véritablement choisi leur filière, et qui ne sont pas là par défaut !
Au cours de ces deux heures d’intervention, j’ai parlé à un moment de la conception du business plan de Testadaz. J’ai alors demandé aux étudiants s’ils avaient vu en cours comment concevoir un business plan. Et même s’il savaient ce que c’était qu’un "business plan" ? Réponse : non.
Ca ne m’a pas choqué, je pense que si j’avais posé cette même question à une majorité d’étudiants français, la réponse eut probablement été la même. Mais ça m’a fait prendre conscience d’un paradoxe : alors que tous les gouvernements, depuis Jospin jusqu’à Villepin, essaient de promouvoir la création d’entreprises (parce qu’on sait que ce sont les petites boîtes et pas les multinationales qui créent des emplois), comment se fait-il qu’on n’enseigne pas aux étudiants la base pour créer une boîte ? Je ne parle pas de l’enseigner aux étudiants en filières généralistes, mais à ceux qui ont choisi des filières qui ouvrent directement vers la vie active.
En n’apportant pas ce type d’enseignement aux jeunes, on laisse entendre que les seules voies possibles sont d’être salarié ou fonctionnaire. Et on fait ainsi de la création d’entreprises une exception, quelque chose d’anormal, ou pire un accident ! On loupe probablement des vocations et on continue aussi à entretenir une inculture économique française qui devient peu à peu notre véritable "exception culturelle".
Photo : scheiro
François
le 6 octobre 2006Quand j’étais encore au collège (fin des années soixante-dix, je sais ça date…), il y avait eu une petite révolution qui avait consisté à introduire des cours d’initiation à l’économie en 4e ou 3e. Malheureusement, je crois que ça a été supprimé depuis quelques années…
Toujours coté paradoxe français, les étudiant des écoles de commerce apprennent à faire des business plan (généralement très bien conçus et documentés), mais ne rêvent que d’une chose en réalité: travailler dans un grand groupe si possible multinationale…
Au final, j’ai le sentiment qu’en France il y a une certaine dévalorisation des PME/PMI qui n’existe pas chez nos voisins d’Italie du nord par exemple, et comme tu l’écris très justement le résultat c’est qu’on a l’impression que les gens qui font ça l’ont fait par défaut!
Alors que je sais que pour moi (et j’imagine aussi pour toi dont je connais un peu le parcours ;-), c’est un choix personnel, le choix d’être indépendant (ce qui ne veut pas dire sans contraintes) et de se faire plaisir (non sans difficultés le plus souvent) en lançant ou gérant des projets dans un cadre de relations humaines fortes qui n’existent pas dans les grands groupes ou administrations…
Jean-Baptiste
le 6 octobre 2006Je proteste, nous ne sommes pas blasé du tout. C’est juste qu’en option multimédia les gens ne savent pas montrer leurs émotions 🙂
J’espere que vous reviendrez donner des cours à l’IUP InfoCom j’aimerais bien rencontrer une réussite sur internet, en personne.
Fremen
le 6 octobre 2006En même temps il faut se méfier de la psychologie étudiante lorsqu’un enseignant ou un intervenant pose des questions à un groupe.
Au sein d’un groupe d’étudiants, il y a ceux qui savent ce qu’est un business plan, et ceux qui ne savent pas (parce qu’ils n’ont pas appris leur cours, ou parce qu’ils ont suivi un cursus différent). Dans le doute et par « respect » envers ceux qui auraient oublié, ceux qui savent ne vont pas parler pour tout le monde. Donc il suffit qu’il y en ait un ou deux qui se la ramènent en disant qu’ils n’ont jamais entendu parler de business plan pour que ce soit la réponse définitive, car personne n’ira les contredire.
Dans toutes mes années d’études, j’ai vu ce schéma de « solidarité » se reproduire très fréquemment.
Bon peut-être suis-je paranoïaque, mais quand j’étais en DUT informatique nous avions bloqué une semaine pour créer un business plan et simuler la création d’entreprise. Il en fut de même l’année suivante quand j’ai intégré un IUP info dans une autre académie. Donc si l’on fait ça en informatique, j’ai grand mal à croire que des élèves issus en partie de DUT n’ont jamais vu ça dans leur cursus. D’autant plus que tous les DUT ont des cours en rapport avec l’économie d’entreprise (et pour un diplôme professionnel, c’est la moindre des choses !).
captain;-)
le 7 octobre 2006L’intervention de Fremen concernant la psychologie etudiante est tout a fait exacte…..
L’etudiant a l’habitude d’un cours en amphi ….il vient il copie et repart!!!!sans poser de question! si en amphi les etudiants se mettaient a poser des questions toutes les 5 minutes, le prof ne ferait pas un seul cours!!!
alors la regle est celle ci, le prof parle, les etudiants ecoutent!
alors ils ont fait pareil avec toi!
tu as parle, ils ont ecoute!!!
et lorsque tu as pose une question, trois ont repondu au grand maximum!!!!!!!
c est le meme cas de figure dans un cours en amphi…lorsque le prof pose une question, meme si des etudiants savent la reponses, ils se taisent….car en amphi la regle est de ne pas cooperer avec le prof!
tout cela se deride lorsque le nombre d etudiants baisse…..
n’accablons donc pas l’enseignement universitaire, qui a mon avis est bien superieur a la majorite des IUT ou autres formations (je m explique)
un iut forme pour faire une chose precise et des que l on sort un peu du contexte l etudiant est completement perdu et demuni!
une universite forme pour apprehender un probleme …..et donc des que l etudiant rencontre un probleme nouveau il ne s affole pas et essaie de le resoudre!
attention a l enseignements efficace!!!!celui forme des specialistes qui ne sont pas du tout maleables!!!et dans un monde ou on change deux ou trois fois de boulot, cela est tres dangereux!
Paulop
le 7 octobre 2006Petit hors sujet, mais en quoi consiste l’iup InfoCom ?
Nico
le 7 octobre 2006Puisque tu parles de Business Plan, on trouve beaucoup de plan type de business plan mais qui sont tous très théoriques, voir scolaires.
Par contre, impossible de trouver des business plans « réels » qui ont fait leurs preuves, réalisés par de vrais sociétés.
Si quelqu’un sait où il serait possible d’en trouver, je suis preneur !
jen-baptiste
le 9 octobre 2006L’IUP InfoCom est la formation « d’ingénierie de l’information et de la communication » de Clermont-Ferrand. C’est pompeux mais en gros il y a l’option communication (pour faire chargé de com/chef de pub etc…) et multimédia (pour faire chargé de projets multimédia/commercial du web).
C’est une formation dite « professionalisante » avec pleins de stages dedans (en ce moment je suis chez De Bussac Multimédia).
Lightman a dû donner des cours à l’option multimédia qui est connu pour sa grande passivité en cours mais qui écoute malgré tout beaucoup. c’est pourquoi je réfute le côté « blasé ».
Paulop
le 9 octobre 2006C’est dans la continuité du DUT Infocom ?
momo-89
le 12 octobre 2006en IUT GEA on voit pleins de trucs, droit, compta, gestion et d’autres.
jean-baptiste kechi
le 12 octobre 2006Oui c’est dans la continuité du DUT InfoCom (pour l’option com de l’IUP). Il y a tout de même certains cours qui se rejoignent.
Tu peux te renseigner là :
http://www.lacc.univ-bpclermont.fr/rubrique.php3?id_rubrique=8
et sur le site l’association des étudiants :
http://www.assowellcom.org
Scheiro
le 12 juin 2007J’ai suivi un double cursus Sciences du Langage et Médiation Culturelle & Communication à Mtp3, jusqu’en licence et le master GAF ensuite. Le buisness plan ne figure dans aucun de mes cours, pas même en note de bas de page. Peut-être que ceux qui ont suivi la filière comm. avec Muchielli en ont entendu parler.
Merci d’avoir pris soin d’accréditer ma photo, preuve d’honnêteté intellectuelle, ce qui se raréfie en ce bas monde 🙂
Julien Verkest
le 3 juillet 2007Ayant également été étudiant à l’IUP infocom je confirme la certaine mollesse qui se dégage de cette formation et de ces élèves.
Dû à un certain nombre de choses :
– Les mêmes cours sont donnés à des personnes de sensibilité différente ; on mélange option multimédia avec option com’ ; des garçons avec des filles, en somme. Venant tous d’univers très différents. DUT de commerce ou deug de langues pour les unes DUT informatique ou de réseaux pour les autres. A ceux-là on ajoute 1/3 d’étudiants étrangers – chinois – qui bien souvent ne maîtrisent pas la langue française. On obtient une classed’élèves plutôt individualistes ;
– L’IUP est situé à l’intérieur d’une fac de langue ; avec un public (plutôt féminin) pas vraiment attiré par la prise de risque et l’envie de créer quoique ce soit. Petit rappel : interruption de plus de 3 semaines des cours en 2006 pour cause de CPE. Ok, c’était une « crise » nationale, mais ça révèlait bien l’état d’esprit individualiste, feignant et d’assisté de certains… qui se rêvent salariés en CDI avec un gros salaire après avoir pollués pendant plus de 5 ans les bancs des universités ; mais ce sont là des propos faciles de parvenu à la Loïc Lemeur…
– certains diront qu’on demande beaucoup aux élèves, lesquels mènent différents projets de front en plus des cours ; pas facile donc de s’intéresser pendant 4 * 3h à un intervenant extérieur (même si ce sont souvent ces personnes qui sont les plus pertinentes) qui vient vous parler de choses qui sur le moment vont sans doute s’avérer attirantes voires passionantes mais dont l’étudiant aura totalement oublier le contenu 1 jour après. Et pas sûr que la totalité des étudiants reviennent au cours suivant ;
– Également peu d’équipements informatiques et logiciels ;
– Et quelques incompétences professorales…
Bon, après ça veut pas dire grand chose tout ça ; sans doute que tu n’as pas eu de chance, que tu donnais tes cours le lundi dès 8h, l’étudiant n’aime pas trop ça… Et puis je sais pas peut être que c’est toi qui attendait trop de ton public, ce ne sont que des étudiants il ne faut pas les brusquer non plus. (la pyschologie de l’étudiant, ouais… )