Lettres de Pompidou 1928-1974

Le 18 janvier 2015

Un recueil de lettres est intéressant dès lors que le volume est suffisamment important et que les lettres laissent transparaître la personnalité de l'auteur, ici le deuxième président de la Vème République, Georges Pompidou, natif du Cantal.

Georges Pompidou est un des présidents dont les français se souviennent le moins du fait de son mandat écourté et qu'il a succédé au grand Charles après être longtemps resté dans son ombre. Ainsi, beaucoup ne se rappellent peut-être même pas qu'il y a eu un président entre De Gaulle et Giscard. Ce n'est pas le cas dans le Cantal où Pompidou a été élu triomphalement député à chaque fois qu'il s'est présenté et où il jouissait d'une popularité impressionannte alors qu'il ne venait quasiment jamais ici (3-4 jours pour chaque campagne électorale, guère plus).

Je pensais en savoir plus sur cette dichotomie entre d'un côté le Pompidou très parisien, presque people, qui fréquente la bonne société, ancien directeur de Rothschild, grand amateur de littérature et d'art contemporain (très fan de Pierre Soulages dont il avait un grand tableau dans son bureau à l'Elysée),  qui passe ses vacances à St Tropez. Et de l'autre côté l'image du président-paysan, proche de la terre qu'ont en mémoire les cantalous.

Ces lettres n'ont malheureusement pas grand intérêt, car elles ont toutes été coupées ou censurées. Quasiment aucune lettre entière ne figure à ce recueil. Alors que c'est justement ce qui serait intéressant : avoir l'intégralité d'une correspondance pour mesurer l'importance de différents sujets dans la vie de l'auteur, sa personnalité, ses motivations profondes, son attachement ou pas au pays (qui n'est cité qu'une seule fois et de façon insignifiante).

Je reconnais toutefois avoir été amusé par le Pompidou socialiste à 20 ans, très engagé politiquement, et qui plus tard suivra les pas du général de Gaulle. J'ai pris plaisir à lire certaines missives adressées à son ami de jeunesse qui fourmillent de conseils de lectures, Pompidou ayant été tout au long de sa vie un très grand amateur de littérature, extrêmement cultivé, diplomé de Normale Sup et capable de lire des oeuvres latines ou grecques "en V.O." comme on dirait aujourd'hui 🙂
Amusant : il cite Patrick Modiano comme l'un des plus grands espoirs de la littérature alors qu'il n'avait publié que son premier roman. Une remarque qui résonne aujourd'hui, plus de 40 ans après, alors que Modiano vient de recevoir le prix Nobel.

J'ai été surpris par le jeune Pompidou pas seulement ambitieux, mais prétentieux et suffisant, comme c'est souvent le cas des élèves très brillants à qui l'on répète un peu trop souvent qu'ils sont l'élite de la nation. J'ai aussi été surpris de certaines remarques qui collent mal à son image de président-paysan : sa volonté farouche de ne fréquenter que la bonne société et d'avoir avant tout des amis lui permettant de progresser intellectuellement et de gravir les échelons de la société. Surpris tout autant de son dénigrement pour l'occitan : il cite Mistral qui selon lui aurait pu être un des meilleurs poètes français s'il n'avait choisi de se restreindre au "patois", et d'être suivi par des felibres considérés par Pompidou comme tous plus ou moins médiocres…

Sinon, c'est un livre peu dense, dont la plupart des lettres parlent de politique politicienne qui n'ont pas grand intérêt de nos jours. Si vous considérez de vous procurer le bouquin, optez pour une version numérique si elle est disponible, qui permettrait d'éviter une lecture séquentielle fastidieuse.

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