Paradoxes de pandémie

Le 1 avril 2020

Hier soir, Myriam regardait l’émission « Rendez-vous en terre inconnue ». On y partageait la vie quotidienne d’une famille de paysans du nord de l’Inde, vivant dans des huttes sur les contreforts de l’Himalaya, avec son troupeau de buffles. Les Van Gujar sont un peuple de nomades depuis la nuit des temps. A cet égard, le message incrusté au coin de la télé était tout à fait comique, il indiquait « #Restez chez vous ». Ce que n’avaient justement envie de faire ni les Van Gujar, ni l’équipe de télévision qui avait parcouru huit mille kilomètres pour les rencontrer. Faites ce que je vous dis, mais pas ce que j’ai fait. Rendez-vous en terre inconnue : Restez à la maison.

Si l’on y réfléchit bien, la période est propice aux paradoxes de ce genre. Le premier qui vient à l’esprit, c’est « Restez chez vous, mais allez voter ». Le second, une variante du premier : « Restez chez vous, mais allez bosser ».

Un autre par rapport aux fameux « gestes-barrière » qu’on nous conseille : « Le Covid-19 se transmet par les voies respiratoires, mais il n’est pas utile de porter de masque, il faut juste se laver les mains ». Vous l’avez entendu comme moi celui-là, non ?
On sait aujourd’hui que même des masques de fortune cousus par tatie Jeannette offrent une certaine efficacité. Aujourd’hui d’ailleurs, l’un des meilleurs spécialistes mondiaux du coronavirus nous le rappelle de façon abrupte dans une interview de la très respectée revue Science (traduction dans Le Monde) : « La grande erreur aux Etats-Unis et en Europe est, à mon avis, que la population ne porte pas de masque.« 
En ces temps incertains, préférons la parole des scientifiques à celle des politiques. Les premiers sont factuels, les seconds ont en tête une stratégie de communication pour servir des intérêts qui ne sont pas toujours les nôtres.

En plus d’éviter de choper le virus, il s’agit de vivre le moins mal possible cette période de confinement qui pourrait durer. Ca me fait penser à Hollande et son histoire d’inversion de courbe du chômage qui n’en finissait plus de ne pas se produire. Cette fois, il nous faut inverser la courbe des contaminés, avant d’espérer être déconfinés. Souhaitons à Macron le succès que n’a pas eu Flanby.
Nous sommes entrés dans cette guerre la fleur au fusil comme les poilus en août 14, pensant que ça ne durerait pas. Deux semaines et demi plus tard, on entend dire que le confinement durera au minimum tout le mois d’avril, et si le 1er mai sera bien chômé, les 30 jours suivants pourraient bien être confinés.
Dans ces conditions quasi carcérales, certains individus acceptent mieux que d’autres la claustration. On pense aux astronautes, ainsi qu’aux sous-mariniers qui ont l’habitude de vivre dans des espaces clos bien plus étroits et contraignants que nos habitations. Comme si le confinement était une affaire de grande hauteur, ou de grande profondeur. Par malchance, nous autres sommes au milieu, à l’image de notre président ni de gauche ni de droite. Nous aussi sommes des centristes du confinement. Ni en haut ni en bas, ou plutôt la tête dans les étoiles « et en même temps » les pieds dans l’eau. Sauf qu’il ne pleut pas, ce qui est étrange pour la saison, c’est peut-être ça le problème finalement…

Commentaires

Laisser un commentaire

Votre adresse de messagerie ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *