Gustave et marche nordique
J’ai commencé de lire La Vraie Vie de Gustave Eiffel, un livre de la journaliste Christine Kerdellant recommandé dans un article du Figaro signé Zemmour. Je patine un peu, comme à chaque fois que je n’ai pas de grandes plages horaires à consacrer à la lecture. Lire un quart d’heure de-ci de-là ne me permet pas de m’immerger pleinement dans un récit. Cet ouvrage romancé raconte la vie d’Eiffel sur des bases historiques solides, mais parfois en s’appesantissant sur des épisodes sentimentaux de sa vie qui me passionnent peu. Le style n’est pas littéraire, et même affreusement banal rempli de clichés – j’ai parfois l’impression que c’est moi qui ai écrit le livre, c’est peut-être ça qui m’énerve – les dialogues ressemblent peu à des conversations du XIXème siècle. J’aurais dû me souvenir de cette auteure qui ne m’avait pas tellement emballé dans un de ses précédents ouvrages intitulé Dans la Google du Loup…
Je crois que j’aurais dû plus facilement regarder un documentaire sur Gustave Eiffel, celui de Charles Berling par exemple, pour le même bénéfice en moins de temps et d’efforts. Je vais quand même poursuivre au moins jusqu’à la construction de la grande tour métallique parisienne et aussi celle du viaduc de Garabit qui est cité dès la première page.
J’avais un prof de physique en classe de seconde qui s’appelait aussi Gustave, on l’appelait « Tatave », un prof à l’ancienne, avec un fin collier de barbe complètement désuet, et les cheveux gominés selon un effet perpétuellement mouillé. Lorsqu’il penchait sa tête au-dessus de la copie d’un élève, la mèche unique se décollait de son crâne, et se balançait lentement comme un casque en bois d’ébène saluant la classe. Il avait toujours l’air un peu perdu et pas sûr de lui, comme s’il redoutait dès l’entrée dans la classe, la répartie redoutable des deux ou trois cadors de Seconde 1 qui prenaient un plaisir certain à le prendre en défaut. Loin de ces joutes intellectuelles, j’étais de mon côté un cancre en physique sans que je comprenne bien pourquoi. Peut-être un effet de contagion, la même année j’ai divorcé des mathématiques à cause d’un chapitre sur les vecteurs, pourtant pas spécialement compliqué selon les copains.
Les amis d’alors sont loin, je n’ai revu que quelques-uns d’entre eux, exceptionnellement et presque toujours par hasard. En Provence, pour gagner quelques nouvelles connaissances et trouver un sport moins traumatisant que la course à pied, je suis inscrit ce soir à un essai de marche nordique avec un club local. Sur les conseils d’un proche plus expérimenté dans cette activité physique, j’ai trouvé des bâtons de marche à la fois résistants et souples, en carbone (80%, le top apparemment). On va bien voir si j’arrive à suivre et si c’est un effort qui me convient. Je suis également convoité par un club de rando, ces deux activités ne sont pas incompatibles, m’a-t-on dit. Je le sens, le sportif qui dormait en moi depuis quelques temps est en phase de réveil. Peut-être un effet secondaire des jeux olympiques ?
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