« Déménager c’est prévoir ». Je ne sais plus qui a dit ça. Peut-être Christophe Castaner qui, murmure-t-on, aurait commencé à faire ses cartons au ministère de l’intérieur. La France croise les doigts. Elle ne serait pas contre un minimum de compétences Place Beauvau.

Alors comme déménager c’est prévoir, je me suis amusé à dresser une liste des cinq choses à faire d’urgence en débarquant dans le sud. Il ne s’agit pas de se laisser bercer par les événements, mais d’établir un plan que j’espère voir se dérouler sans accrocs, comme tous ceux d’Hannibal dans L’Agence Tous Risques.

1. Première chose à faire dès notre arrivée : changer les plaques d’immatriculation de la voiture. On n’est jamais trop prudents : un 15 est vite confondu avec un 75. D’après une rumeur tenace, la probabilité de désagréments serait nettement plus élevée pour les voitures immatriculées dans la région parisienne. Et je n’ai pas envie de confirmer cette statistique populaire.

2. Dès le deuxième jour, prévoir un pèlerinage à Marseille afin de se recueillir devant la statue équestre du Professeur Didier Raoult. Si des fois la statue n’était pas encore érigée devant l’IHU, lancer une souscription publique, ce qui ne devrait pas manquer de faciliter notre intégration dans la région.

3. Le troisième jour, passer au Stade Vélodrome pour savoir quand auront lieu les prochains matchs de l’OM à domicile. J’ai beau ne pas être un furieux de foot, aller voir un match au Vélodrome, c’est quelque chose à vivre quand on est dans le coin, et une lacune béante dans les conversations si l’on croit pouvoir s’en dispenser. Un peu comme ces cantalous qui ne sont jamais montés au Puy Mary, ou bien qui ne savent pas reconnaître une Salers d’une Limousine – la vache, pas la voiture de luxe.

4. Lire La Provence pour s’imprégner de l’actualité locale, des enjeux économiques, sociaux, politiques, sportifs ou culturels. La Provence, c’est l’équivalent de La Montagne, mais avec plus de pages, des titres plus accrocheurs, et plus de mauvaise foi dans les comptes-rendus sportifs. Sans doute une façon de traduire cet accent méridional qui ne s’entend pas à l’écrit.

5. Manger du poisson de Méditerrannée, parce que Myriam a trop attendu la possibilité de se fournir en poisson frais, sans avoir à se soucier de provenance, de fiabilité du fournisseur, de fraîcheur, de date de livraison. En parallèle, se mettre aussi en chasse d’un bon boucher. Parce que trouver de la viande de boeuf tendre et goûteuse dans le sud, c’est un challenge à la hauteur de celui qui consiste à trouver du poisson frais dans le Cantal.

Allez je retourne remplir quelques cartons de Michel Visy Déménagement, les Maîtres Déménageurs Auvergnats. Curieux cette mode d’accoler le mot « maître » en guise de préfixe devant une profession. Comme le maître-restaurateur aurillacois chez qui nous avons dîné samedi, fort agréablement d’ailleurs. Il y avait déjà des maîtres-tailleurs, maîtres-boulangers, maîtres-horlogers, maîtres-bijoutiers…. Les instituteurs, les avocats, les huissiers de justice, et les notaires qu’on appelle depuis toujours « Maître ». Un jour ce sera le tour des informaticiens, des plombiers, des éboueurs, des journalistes, des astronautes, des tankistes, des comptables, dans une sorte de grand mouvement égalitariste bien de notre époque.