L'effet cocktail

Le 17 octobre 2019

Vu à la télé un reportage peu ragoûtant sur les additifs alimentaires. Toutes ces substances chimiques que les industriels ajoutent discrètement dans leurs produits : le E120 dérivé de la cochenille qui fait rougir les fraises Tagada ; l’inquiétant dioxyde de titane ou E171 qui blanchit nos dentifrices et nos chewing-gums ; les E132 et E133 des M&M’s bleus ; le fameux nitrite de sodium ou E250 qui rend le jambon éternellement rose… Ces additifs seraient, pris séparément et à faible dose, sans danger pour la santé humaine, sauf qu’aucune étude n’a mesuré jusqu’à présent ce que les spécialistes appellent « l’effet cocktail ». C’est à dire « les effets d’une exposition à plusieurs additifs chimiques pris simultanément ». Voilà une définition presque effrayante pour une expression que je trouvais pourtant fort poétique. J’avais en tête autre chose en imaginant l’effet cocktail.

L’effet cocktail, c’est d’abord la promesse de destinations tropicales lointaines, de boissons exotiques multicolores, de paysages de cartes postales ensoleillées, de palmiers penchés à l’horizontale au-dessus d’une plage de sable blanc paradisiaque. Après un petit bain dans l’océan tropical turquoise, votre charmante dulcinée sort de l’eau en bikini telle Halle Berry dans Meurs Un Autre Jour – pour les plus âgés, disons la mythique Ursula Andress dans James Bond contre Dr No. Il fait chaud au point que le soleil sèche les corps instantanément. Et là, vous vous dirigez nonchalamment vers le bar pour commander deux Coco Loco. Ou deux Mojitos, ou deux Piña Coladas, ou deux ce que vous voulez…

Vous avez de la chance, derrière le bar à cocktails, c’est Tom Cruise dans le film éponyme. En fond sonore, les Beach Boys chantent l’envoûtant Kokomo, leur ultime tube. Le Tom Cruise du film Cocktail, c’est le même que celui juvénile de Top Gun, d’avant Mission Impossible et de la scientologie, un play-boy absolu. La mèche rebelle, le sourire enjôleur, celui devant lequel se pâment toutes les jeunes femmes. D’abord le barman jongle avec les bouteilles de Johnnie Walker et de Smirnoff, puis il saute soudain d’un bond sur le bar pour haranguer la foule tout en faisant voltiger son shaker miroitant. Dans le cocktail, le goût vient avant tout du spectaculaire de la préparation, des préliminaires. Boire un cocktail, c’est un divertissement pour les yeux autant que pour les papilles. Ca devrait être ça l’effet cocktail, et non pas la conséquence d’un mauvais mélange de substances chimiques incompatibles. Encore que ça puisse être les deux : la carte postale féérique alcoolisée, et en même temps le mauvais mélange. A but expérimental, tentez par exemple de verser un verre de Coca sur un fond de Bailey’s, ou bien de plonger des bonbons Mentos dans un verre de Pepsi. Faites-le plutôt dans un verre que dans votre estomac, et observez le résultat. Ca pourrait être plutôt ça l’effet cocktail en fin de compte.

Une autre fois je vous parlerai de l’effet Carlos-Magnus-Bernoulli, un effet footballistique méconnu et pourtant tout à fait passionnant dans un monde du ballon rond qui manque souvent d’originalité.

Commentaires

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  1. Pissavy

    le 17 octobre 2019

    L’effet cocktail, je le vois un peu différemment : sur une plage des tropiques, je suis en train de bronzer, lorsque soudain un beau garçon métisse aux yeux verts et musclé sort de l’eau turquoise. Les cheveux noirs mouillés, le torse bombé. Il part au bar chercher 2 coco loco, et m’en offre un. Il me propose ensuite de me passer de la crème solaire dans le dos pour éviter les coups de soleil… PS : le coco loco est bio 100% naturel sans additif ni colorant ou conservateur bien évidemment 😉

  2. lightman

    le 18 octobre 2019

    Ah non, c’est pas crédible comme histoire, ça ! 🙂