Les bienfaits de la lecture

Le 18 octobre 2019

Comment vous faites pour choisir un médecin ? Moi, j’avais une méthode pour le moins originale. Je prenais l’annuaire, et j’optais pour le nom le plus rigolo. J’étais ainsi devenu un patient du Dr Salas – la faute à Zinedine Soualem qui nous avait fait mourir de rire avec son « regard salace » dans La Maison du Bonheur. Egalement devenu patient du Dr Escalier non sans m’être préalablement assuré qu’il n’officiait pas au rez-de-chaussée, ç’aurait été dommage. D’ailleurs quand je me rendais chez lui, je ne prenais jamais l’ascenseur, histoire d’en profiter au maximum. Et puis enfin, le Dr Rambaud, mon généraliste, dont le nom seul inspire la terreur à n’importe quel virus ou bactérie, et qui vous prescrira forcément des remèdes de cheval d’une implacable efficacité.
Avec le recul, j’ai réalisé pourquoi je sélectionnais mes toubibs de la sorte. D’abord, parce que c’était plutôt drôle, et ensuite sûrement un peu par solidarité patronymique. Parce que quand on s’appelle Pissavy, quand même, ça crée des devoirs auprès de ses semblables.

Si je vous dis ça, c’est parce qu’un jour que j’étais en consultation chez le Dr Rambaud, sans doute pour ma rhinopharyngite annuelle, la discussion a dévié sur Jade qui venait de rentrer au CP. Ce jour-là, le docteur m’a donné probablement l’un des meilleurs conseils qu’on puisse donner à des jeunes parents : « Il faut lire, lire, lire, lire. » J’étais déjà assez convaincu de l’intérêt primordial qu’un enfant soit confronté assez tôt et autant que possible à la lecture. Car c’est la porte d’entrée de toutes les autres matières, le sésame pour toutes les connaissances. Ma conviction désormais renforcée nous avait fait mettre en place une routine du soir, et depuis ce temps, Jade lit tous les soirs avant de s’endormir, un livre qu’on choisit avec elle aussi ambitieux que possible, mais sans minimiser son plaisir de lecture. Car c’est ça la clé, ça doit impérativement rester un plaisir. Des histoires de loups, de chevaux, des histoires de chatons, de licornes. On vient de tenter le premier tome d’Harry Potter, que la plupart de ses copines ont déjà vu à l’écran, mais c’est un livre plus difficile qu’il n’y paraît, et qui arrive trop tôt en dépit d’une mention « dès 10 ans » très vendeuse mais un peu optimiste. On a acheté un ou deux Club des Cinq, mais elle n’accroche pas. Par contre, elle aime Mortelle Adèle, ou les Carnets de Cerise…

Les bienfaits de la lecture d’un livre papier sont innombrables. Elle a d’abord un effet apaisant, contrairement aux écrans. Y compris pour les adultes après une journée stressante.
C’est ensuite une façon d’apprendre du vocabulaire, des tournures de phrases, des formes conjuguées inusitées à l’oral. « Papa, ça veut dire quoi rétorqua ? ». Et c’est sans doute la meilleure façon d’améliorer son orthographe sans effort.
C’est enfin et surtout un enrichissement, une ouverture d’esprit, une fenêtre sur le monde. Même si on n’a pas l’impression de se rappeler grand chose de chaque bouquin qu’on a lu, par imprégnation nous nous améliorons peu à peu.

Cette année, depuis que je me suis astreint à lire un livre par semaine pendant un an, je me suis rendu compte que j’étais en train d’apprendre des quantités de choses. C’est probablement l’année où j’ai le plus appris depuis la fin de mes études il y a 25 ans. Il faut dire que pendant les six premiers mois, je n’ai lu pratiquement que des essais, mais j’équilibre avec des romans sur cette fin d’année. Je vous en reparlerai.

Je termine par ce conseil qu’un des instituteurs de Jade donne à ses élèves et qui me semble frappé au coin du bon sens. Jade, qui parle pourtant peu de l’école, nous en avait fait part car elle et ses petits camarades en avaient été très étonnés. « Quand vous passez une heure devant un écran à regarder la télé ou à jouer à un jeu vidéo, il vous faudrait essayer par la suite de lire pendant une heure. »
Sur le long terme, c’est une bonne stratégie pour ne pas finir lobotomisés par la télé-réalité. Je n’aimerais pas que les idoles de ma fille soient Nabilla ou Kim Kardashian, et toute autre autre célébrité de haut vol dont l’exposition médiatique démesurée est inversement proportionnelle à la richesse du vocabulaire. Lequel dépasse péniblement les 100 ou 150 mots, sans compter les invectives bien sûr.

Commentaires

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  1. Mehdi

    le 18 octobre 2019

    Sujet très intéressant, merci.