Le besoin d'écrire

Le 4 mars 2020

Certains écrivains ressentent l’écriture comme un besoin. Un peu comme un besoin vital élémentaire : manger, boire, écrire. Je n’oserais me comparer à un écrivain, mais j’ai ressenti cet appel du clavier pendant l’aventure Jeuxvideo.com. Quelques années après les débuts de notre « odyssée interactive », je savais déjà qu’un jour je raconterais cette histoire, pas pour la postérité, pas uniquement pour laisser une trace ni pour satisfaire la curiosité de quelques internautes qui le demandaient, mais parce que je voulais sortir cette histoire de moi, comme on sauvegarde une partie après avoir réussi à battre un boss de fin de niveau. Après la naissance de ma fille, ce besoin était devenu plus impérieux, pour que Jade qui n’a pas connu cette époque des débuts d’internet, puisse en savoir un peu plus sur les péripéties de son père au tournant du millénaire.
Alors j’avais pris le clavier un matin, et j’écrivai pendant une petite heure avant de partir au bureau. Et ça tous les matins, pendant un mois ou deux. Et puis, la source s’était tarie. J’avais sauté un jour, puis deux, puis une semaine s’était écoulée. J’avais perdu le rythme. Ecrire est un sport, si vous loupez deux semaines de footing, la reprise est un effort incroyable. C’est un peu ce que je vis là, après avoir laissé ce blog en jachère pendant 15 jours. Mon projet de livre était donc resté au point mort, comme beaucoup de projets qu’on imagine reprendre un jour et qui n’en finissent plus d’être en stand by. Lorsque j’ai quitté la direction de jeuxvideo.com, j’ai eu plus de temps, j’ai replongé dedans. Plus en profondeur cette fois. Chaque matin après avoir conduit Jade à l’école, j’ai peu à peu remanié tout ce que j’avais écrit, et j’ai terminé le récit. J’ai eu la chance de trouver un éditeur – Pix’n Love – qui accepté de publier mon texte. Deux ou trois mois plus tard, au printemps 2013, jeuxvideo.com : L’Odyssée Interactive paraissait en librairie. Sentiment de fierté et d’accomplissement, et en même temps une appréhension d’avoir figé sur le papier une version d’un texte alors qu’il y aurait tant eu à faire pour l’améliorer encore. C’est ce que je fais d’ailleurs régulièrement sur ce blog, même parfois plusieurs jours après la publication, je corrige une coquille ou j’arrondis une phrase, je polis une formule. C’est idiot, mais j’assume, tout en essayant de me détacher de ce qui est paru.

En ce moment, je mûris un nouveau projet d’écriture qui me fait cogiter depuis quelques semaines déjà. Reste à trouver une façon de le raconter qui soit attractive. Je n’en dis pas plus à ce stade, et je continue à lire en parallèle. L’autre jour, au hasard d’une pause sur une aire d’autoroute délabrée et répugnante, j’ai découvert Profession Romancier, le livre du japonais Haruki Murakami, qui arrive à point nommé pour répondre à mes interrogations littéraires du moment. Le style de cet écrivain à succès est fluide et très simple, dépouillé, on a l’impression qu’il écrit comme il parle, et pourtant c’est agréable à la lecture, le propos n’est pas banal, le vocabulaire choisi. Murakami explique que pour son premier livre, il a décidé de rédiger le manuscrit en anglais, dont il ne maîtrisait pas toutes les subtilités, afin d’être contraint à la simplicité et la sobriété. Puis, il a traduit le livre en japonais, ce qui a donné un style particulier… Etrange démarche. Mais j’aime bien l’approche expérimentale. Peut-être me livrerai-je à ce genre de tentatives. Après tout, ce blog est aussi un peu là pour cela. Je vous tiendrai au courant.

Commentaires

Laisser un commentaire

Votre adresse de messagerie ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *