Auvergnats de Paris : des business angels avant l'heure

Le 10 février 2015

Vous connaissez l'histoire des auvergnats de Paris ? C'est avant tout l'histoire de paysans du XIXème puis du XXème siècle qui, faute de vivre confortablement de leur travail au pays ont choisi de migrer vers la capitale. De consistance robuste, et parce qu'il fallait bien subsister, ils ont accepté des métiers particulièrement pénibles : d'abord porteurs d'eau, ils livraient ensuite le bois et le charbon aux parisiens, d'où probablement est tiré leur surnom de bougnats (diminutif de "charbougnat" : charbonnier). Puis ils se sont concentrés sur les débits de boisson. Et encore aujourd'hui, il n'est pas rare de rentrer dans des brasseries parisiennes tenues par des nord-aveyronnais, ou bien arborant en guise de décoration murale des photos du Puy Mary, ou de vaches Salers ou Aubrac.

Ces auvergnats de Paris, presque canonisés par la chanson de Brassens, formaient (forment encore ?) une communauté soudée, fière de ses racines. Ses membres n'hésitaient pas à s'entraider. Ainsi, un jeune auvergnat qui montait à Paris débutait souvent comme garçon de café, et pouvait espérer après plusieurs années de labeur et avoir économisé un peu d'argent, se mettre à son compte. Pour cela, nul besoin de faire un emprunt à la banque. Il avait de bien meilleures chances de trouver un financement auprès de ses aînés. Quelqu'un lui prêterait l'argent nécessaire à son installation. Le tout parfois sans contrat écrit, mais juste sur la base d'une confiance réciproque et en se serrant la main. J'imagine que le prêteur devait veiller à la bonne marche des affaires de son filleul, n'hésitant pas à lui prodiguer conseils ou à lui faire profiter de son réseau relationnel si nécessaire… Ce modèle de développement particulièrement vertueux a conduit à ce que, dans la deuxième moitié du XXème siècle, une majorité de brasseries parisiennes soient détenues par des auvergnats ou leurs descendants.

Je viens de réaliser que ces auvergnats de Paris n'étaient ni plus ni moins que des business angels avant même l'utilisation de cet anglicisme. Un business angel investit en effet son argent mais aussi son temps pour soutenir le projet d'un créateur d'entreprise. Cette conquête auvergnate des brasseries parisiennes nous montre à quel point un financement d'entreprises bien ordonné peut être redoutablement efficace. Elle pourrait servir de source d'inspiration à tous les auvergnats, qu'ils soient expatriés ou restés au pays, pour qu'ils soutiennent plus leurs créateurs d'entreprises, source future d'emplois pour nos enfants et petits enfants.

C'est dans cet esprit que j'ai adhéré l'année dernière à l'association Auvergne Business Angels, qui finance des entreprises auvergnates prometteuses. D'ailleurs, si ça vous intéresse : on est sans cesse à la recherche de nouveaux adhérents – investisseurs potentiels – et de projets à soutenir portés par des entrepreneurs dynamiques.

Illustration : cpauvergne

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