La rentrée littéraire

Le 26 août 2020

Trois chiots dans dans une panière recouverte d’une toile à petits carreaux verte et blanche, dite Vichy. Comme les pastilles, comme le régime du maréchal – Pétain pas Dukan – ou comme l’origine des bons yahourts au lait entier que me vend la seule boutique auvergnate des Bouches-du-Rhône, située à deux pas de chez moi. Certaines mauvaises langues disent même que j’ai choisi cet endroit pour avoir l’impression de résider toujours un peu en Auvergne.

Trois mignons petits chiots, disais-je, un beige, un autre anthracite et le dernier chocolat. On pourrait croire que les deux plus sombres ont été teints, ou plutôt qu’ils ont subi un filtre Photoshop assez grossier tellement le contraste attire l’oeil. A force de les fixer pendant des heures, j’en ai rêvé cette nuit. Je regrette d’avoir pris ces trois chiots. Trop compliqué. J’aurais mieux faire d’opter pour Harry Potter, Hermione Granger, Ron Weasley, Dumbledore et les autres. C’aurait été plus facile. Mes chiots sont beaucoup trop uniformes, les variations de couleurs trop subtiles pour permettre la résolution rapide de ce puzzle. Dire qu’il y a quelques années j’aurais ri à la simple idée de faire un puzzle, l’exercice me semblait totalement stérile et même ridicule. Mais c’était avant d’avoir une fille, avant le confinement, avant ma semi-retraite subie, bref un autre monde.

Pour me sortir de mes réflexions canines tricolores, il y a la rentrée littéraire. J’ai acheté deux bouquins hier à Cultura, suite à la lecture d’extraits dans le magazine Lire de cet été. Je vais ainsi découvrir Alice Zeniter et Camille Laurens. Enfin, pour cette dernière c’est une méprise, j’avais en effet lu un extrait d’un prometteur roman historique de Camille Pascal qui sort demain, et ma mémoire défaillante m’a fait me tromper de Camille. Peut-être une bonne surprise toutefois que cette découverte fortuite.
J’ai résisté à l’envie d’un autre roman même ancien de Yannick Grannec, dont j’avais adoré Les Simples – « Un Nom de la Rose provençal » comme l’a décrit pertinemment un vendeur. J’y succomberai une autre fois.
J’ai aussi renoncé à acheter pour l’instant le dernier Amélie Nothomb, Les Aérostats. C’aurait été peut-être raccord avec ma note sur les montgolfières. J’aurais vraiment eu l’impression d’épuiser le sujet puisque dans ma lecture actuelle, Mon Tour de France des curiosités naturelles et scientifiques de Jamy Gourmaud – le père de l’émission C’est pas Sorcier – un chapitre passionnant est consacré à l’histoire des frères Montgolfier. Mais je digresse.

C’est toujours pareil avec Amélie Nothomb : le synopsis est invariablement alléchant, mais je suis toujours à moitié déçu par le contenu. En dehors de quelques formules réjouissantes, c’est une lecture qui m’est pénible.
Une chose est sûre, Amélie est une très grande marketeuse, c’est le Steve Jobs de la littérature française : elle sort un nouveau roman au même rythme qu’Apple sort un nouvel iphone, et même si l’on n’y trouve pas son bonheur, on y revient quand même, ne serait-ce que pour pouvoir en dire quelques mots dans les dîners en ville. Il faut dire que ses bouquins sont partout. Dans les coquettes librairies de quartier, les supermarchés de zones industrielles, les stations-services crasseuses, ou dans les boutiques standardisées des aires d’autoroute, toujours sur le chemin entre les portes coulissantes et les toilettes.
Amélie Nothomb est ubiquitaire, elle a atteint le niveau ultime, le stade le plus élevé du jeu consumériste. On ne peut pas la rater, et elle ne veut surtout pas nous rater.

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