Fibre, liberté et écologie

Le 10 septembre 2020

Depuis deux jours, on a la fibre. Alleluia ! Dix ans que j’attendais ça !
A Toulousette, j’avais fait tirer deux gaines enterrées sur une centaine de mètres depuis le poteau téléphonique le plus proche jusque dans notre garage, pour être certain que les techniciens n’aient pas d’obstacles à l’installation du très haut débit à la maison. Finalement, nous sommes partis avant que la fibre soit là. Les gaines qui attendent patiemment à un mètre sous terre le précieux câble optique depuis presque une décennie finiront bien par servir un jour aux nouveaux propriétaires.
A Aix, après une attente de plus de trois mois et deux interventions techniques incertaines, on a enfin notre prise PTO sous la télé. Le débit est moins important que ce que j’imaginais (environ 300Mbits/s, 400 en crête), mais c’est quand même un changement radical quand on le compare au très irrégulier 15 à 25 Mbits/s que me servait mon routeur 4G. Concrètement, la télé est devenue très nette, avec une abondance de chaînes de télévision qu’on ne regardera probablement pas. Quant à la vitesse de téléchargement, elle s’est considérablement accélérée, la vitesse de surf sur le web aussi, mais moins spectaculairement.

Hier soir, on a inauguré le streaming fibre en regardant le film The Circle avec Tom Hanks et Emma Watson. Un long métrage intéressant sans être passionnant, mais qui montre les dérives d’une entreprise numérique planétaire qui aurait pu s’appeler Facebook ou Google et qui, comme dans la réalité, fait peu de cas des libertés individuelles, de la vie privée, du vivre ensemble ou de la démocratie. L’intrigue est assez simple, mais les acteurs sont bons et la trame de fond passionnante. Vers quel monde de plus en plus numérique nous mènent les GAFA ? La société de surveillance généralisée est-elle inéluctable ? Va-t-on vraiment continuer à numériser nos vies, nos cerveaux, nos corps ?
Ca me donne envie de m’intéresser à des business qui sont à l’exact opposé de cela. Privilégier les rapports humains, développer les compétences plutôt que des algorithmes, aider les autres à se déconnecter, à réaliser leur potentiel loin des écrans. Après avoir travaillé pendant 17 ans à promouvoir le numérique le plus addictif, le jeu vidéo, je me verrais bien, par un mouvement de balancier inverse, participer à un mouvement de résistance face à l’omniprésence des écrans dans nos vies.

Pour ce qui est de la lecture, j’ai arrêté à un peu plus de la moitié Le Camp des Saints, écrit par feu Jean Raspail. Publié en 1973, ce roman inclassable prophétise l’arrivée massive d’immigrés en France, ici pas moins d’un million d’indiens qui arrivent par bateaux et s’échouent sur les rivages de la Provence. Un livre qui a fait couler beaucoup d’encre à sa sortie, qui serait probablement interdit s’il était publié aujourd’hui, et qui a depuis été récupéré par une partie de l’extrême droite qui en a fait sa bible. Pour ce qui me concerne, j’ai aimé la thématique, Raspail écrit très bien. Je n’ai pas trouvé grand chose de choquant dans cet ouvrage. Il faut dire qu’aujourd’hui, on s’émeut de tout, y compris des écrits ou des dessins qui ne seraient pas politiquement corrects. Soyons clairs, Le Camp des Saints, qui décrit les immigrés comme quasiment des animaux n’est pas politiquement correct, mais ce n’est pas parce qu’on lit ce livre, qu’on épouse les idées du narrateur. C’est justement tout le sel des fictions. D’ailleurs Raspail lui-même n’était pas connu pour être un xénophobe, bien au contraire.
Malheureusement, aussi stimulant soit-il, le récit devient assez long et ennuyeux. L’auteur avoue avoir écrit ce livre au jour le jour, sans savoir à la fin de la journée ce qu’il écrirait le lendemain. Malheureusement, on le ressent.

J’ai donc basculé sur un livre de Rob Greenfield, blogueur américain et activiste écologiste qui a traversé les Etats-Unis en vélo en s’imposant de lourdes contraintes environnementales. L’obligation de ne pas utiliser d’eau du réseau (il purifie l’eau des ruisseaux ou des flaques de pluie), de ne pas utiliser d’électricité (il utilise un générateur solaire pour alimenter son téléphone et son ordi portable), de ne manger que des produits locaux sans emballages, ou alors des produits qui ont été jetées à la poubelle ou qui sont sur le point de l’être… L’action se déroule en une centaine de journées, de la Californie jusqu’à la côte Est. Après avoir lu un quart de l’ouvrage, ça commence à être un peu lassant. Contrairement à un autre voyageur brillant, Sylvain Tesson, Greenfield n’est pas un écrivain. Le texte est ici assez mal écrit, il reste même quelques fautes d’orthographe dans cette traduction française, et puis l’auteur ne s’attache qu’à son petit quotidien : chercher de l’eau, de la nourriture, s’abriter de la pluie, pédaler, réparer son vélo. C’est donc un propos très terre à terre qui s’attache à une description du quotidien assez futile et même presque méprisable. Je ne sais pas encore si j’irai au bout de ce Drôle de Voyage de Mister Green.
Je me rappelle que « ne pas finir un livre » figure en troisième position de la liste des droits imprescriptibles du lecteur publiée par Daniel Pennac, dans Comme un Roman, que je vous conseille sans réserve.

Commentaires

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  1. Yoan De Macedo

    le 10 septembre 2020

    Je n’ai pas lu le livre de Mister Green. En revanche, j’ai vu un reportage sur lui et c’est un personnage impressionnant. Il fait beaucoup pour promouvoir une société alternative et franchement chapeau à lui.

  2. lightman

    le 10 septembre 2020

    Ca a l’air effectivement… Dans le bouquin tu trouverais des choses à redire, car il fait un usage abondant du numérique et ne prend en compte que l’énergie consommée par son poste client, en omettant complètement l’énergie dépensée pour les équipements réseaux et les serveurs, comme quelqu’un qui estimerait le volume de glace d’un iceberg simplement avec à la partie émergée…

  3. Yoan De Macedo

    le 11 septembre 2020

    Ok je vois. Bon il faut quand même dire que le souci, ça reste principalement le terminal utilisateur. GreenIT insiste beaucoup là dessus.

    Bien sûr que l’énergie pour faire marcher les machines, les serveurs est importante et qu’il faut beaucoup travailler là dessus.
    Mais, le souci n°1 c’est de renouveler beaucoup moins les terminaux utilisateurs.

    ça n’empêche pas de travailler sur le reste en parallèle car c’est important aussi.