Plate-forme logistique partagée pour les ecommerçants

Le 11 novembre 2014

Certains ici se souviennent sans doute que j'avais tenté avec quelques amis de lancer un site de ecommerce de produits du terroir auvergnat : Testadaz.com. Une aventure qui a duré 4 années avant de s'arrêter en 2009. Une des principales difficultés auxquelles nous ayons eu à faire face était la logistique. Un domaine que j'avais sous-estimé compte tenu des particularités de notre secteur d'activités d'alors : des produits de forme et de poids très variés, et aux exigences d'expédition très différentes, impliquant des emballages complexes donc longs et chers à réaliser.

Durant l'aventure Testadaz, j'imaginais que si nous trouvions notre rythme de croisière, nous pourrions mettre à disposition d'autres ecommerçants locaux notre plate-forme logistique. En effet, pour un commerçant, devoir gérer l'emballage de ses produits, leur affranchissement, les éventuelles déclarations de douane, et l'expédition partout dans le monde est une difficulté importante, ce qui conduit certains à se limiter volontairement : ne livrer qu'en France, ne pas livrer certains produits difficiles à emballer, ne pas dépasser un certain nombre de colis par jour, ou carrément ne pas faire d'ecommerce du tout !

Par ailleurs, pour la plupart des petits ecommerçants, les volumes ne sont pas suffisants pour négocier des rabais auprès de La Poste ou de ses concurrents, et des coûts d'achat d'emballages au juste prix… Quand en plus on se situe en zone rurale, ces difficultés-là sont accrues du fait de l'éloignement des fournisseurs d'emballages, des noeuds ferroviaires ou autoroutiers permettant de réduire les délais et les coûts d'expédition. Dans des villes plus importantes, des sociétés ont pu lancer ce genre de plates-formes logistiques travaillant en sous-traitance. C'est plus rarement le cas en zones rurales, moins rentables…

Le développement d'une plate-forme logistique commune à plusieurs ecommerçants aurait donc particulièrement du sens dans une petite ville à la campagne comme Aurillac. Prendre en charge l'emballage et l'expédition des produits pour les ecommerçants leur permettrait de se focaliser sur leur coeur de métier : la vente et la relation avec le client. Ce serait même un outil de développement économique pour la région étant donné que ce genre de plates-formes pourrait aider de toutes petites boîtes qui se lancent dans l'e-commerce et n'ont pas les reins assez solides pour avoir leur propre logistique (comme c'était le cas de Testadaz).

On pourait même imaginer de développer ce projet sous un statut de SCOP, avec un environnement fiscal et social attractifs. J'ajoute que pour une telle plate-forme, les emplois crééés ne seraient pas délocalisables puisqu'intimement liés au tissu économique local.

Bref, ça fait longtemps que je pense à cette idée, que je conçois presque comme un "équipement structurant" pour la région (comme disent les agents de développement). Si hier comme aujourd'hui, pour qu'une région se développe, il fallait des autoroutes, le TGV ou un aéroport, demain sans doute faudra-t-il d'autres équipements. L'un d'eux est indéniablement la capacité logistique B2C pour exporter le savoir-faire des producteurs locaux dans le monde entier.

Que pensez-vous de cela ?

Photo :  ecommercemag.fr

Commentaires

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  1. Nicole Soulenq

    le 11 novembre 2014

    Bonjour Sebastien,
    Je regrette que Testadaz n existe plus mais, comme beaucoup, tu as eu raison » trop tôt » avec ce concept original qui associe terroir, ruralite et nouvelles façons de consommer…C est maintenant fort de cette experience que tu connais les atouts et les freins du systeme…
    Perso, je pense que cet outil est « d’utilité publique  » et se penser à l ‘ echelle du deoartement ( pourquoi pas la marque Cantal) , banniere qui fédère mais sous laquelle chaque producteur garde son identité .
    Ensuite, ca se complique sur le plan logistique et juridique ( patenariats public-prive) et la, faut penser efficace et rentable et…durable .
    Compliqué mais je pense que le challenge ne te fait pas peur, au contraire. En tous cas , c est un projet qui te va bien : la tete dans les etoiles et les pieds sur terre …De tout coeur avec toi meme si je n ai aucunes competences dans le domaines

  2. Lightman

    le 11 novembre 2014

    Je ne suis pas sûr d’avoir eu raison trop tôt. Car bienmanger.com s’est lancé plus de 5 ans avant Testadaz et il marche encore très bien aujourd’hui. On a fait beaucoup d’erreurs, le timing n’était pas le pire 🙂
    Il faut un business qui réponde à un besoin, et qui soit rentable. Je n’aime pas trop les projets qui commencent à compter sur des subventions avant même de se lancer. A ce stade, c’est encore juste une idée, mais si elle fait son chemin et si des intervenants ou producteurs locaux sont intéressés pour s’impliquer, alors pourquoi pas.

  3. christian guittard

    le 14 novembre 2014

    Bonjour Sebastien
    Raisonner global et agir local est une piste à creuser.
    Article de la montagne ce jour
    « L’Auvergne est l’une des régions de France où la moyenne d’âge est la plus élevée. Un handicap à transformer en moteur économique, avec des personnes dépendantes avides de services, mais aussi des jeunes seniors actifs et consommateurs de loisirs, de technologie, d’habitat, de tourisme… » – Richard BRUNEL
    La « silver economy » pourrait représenter près de deux milliards d’euros de chiffre d’affaires en Auvergne d’ici 2020. La Chambre de commerce et d’industrie, la Direccte Auvergne et la Maison innovergne appellent à investir ce marché.

  4. Lightman

    le 15 novembre 2014

    C’est cet article ?
    http://www.lamontagne.fr/auvergne/actualite/2014/11/14/lauvergne-veut-sapproprier-le-marche-des-seniors_11218503.html
    Oui la Silver Economy représente sans doute pas mal d’opportunités dans la région, mais c’est un domaine qui m’est totalement inconnu, et assez différent des secteurs que je connais. Dans la santé et domaines connexes, la règlementation est très stricte, l’ouverture d’établissements souvent soumise à autorisation… Bref, on est assez loin de la créativité débridée qui caractérise des secteurs du numérique en général. Cela dit, il est possible de marier la tech et la silver economy, reste à trouver un créneau…

  5. Bertrand

    le 23 novembre 2014

    Peut être ne faut-il pas limiter l’idée à une plateforme logistique, mais l’imaginer comme une pépinière de développement e-commerce avec quelques services complémentaires pour aider les commerçants / producteurs locaux à commencer dans la vente en ligne et en attirer d’autres. Tu ne peux pas partager le paiement mais intégrer un studio photo en location, intégrer des services d’accompagnement juridiques, techniques ou marketing… Autre possibilité, tu réimagines Testadaz comme une marketplace de produits auvergnats avec une centralisation de la logistique sur une plateforme comme tu l’imagines 😉

  6. Lightman

    le 24 novembre 2014

    Oui, la logistique c’est l’idée de départ, mais il ne faut rien limiter, effectivement. En fonction des besoins et des demandes, un business comme celui-ci peut évoluer vers d’autres prestations avec plus de valeur ajoutée. D’ailleurs, cette évolution est même souhaitable.