La France : pas un enfer entrepreneurial

Le 20 mars 2016

Attiré plus par les commentaires positifs sur Amazon que par le titre provocateur, la lecture de ce livre rédigé par un professeur en entrepreneuriat de l'ESSEC était un exercice stimulant. J'ai apprécié de prendre un peu de recul sur l'écosystème français pour le comparer à d'autres sur la planète. De réfléchir aux critères qui sont importants pour un entrepreneur par rapport à d'autres plus secondaires.
Au final, je retiens que, comme je le pensais, nous ne sommes pas dans un enfer entrepreneurial dans notre pays malgré quelques gros défauts minimisés par l'auteur.

Seul inconvénient du livre : c'est l'oeuvre d'un enseignant, donc plutôt d'un théoricien. Si l'exercice est stimulant, le propos reste un peu in vitro et se heurte en partie à la réalité du terrain. D'abord parce que l'auteur limite son discours sur l'entrepreneuriat aux startups (les "entrepreneurs d'opportunité") et qu'il considère que les "entrepreneurs de subsistance" (artisans, commerçants…), souvent moins qualifiés, pourraient aisément devenir des entrepreneurs d'opportunités : or, rien n'est plus faux.
Il est vrai qu'à l'ESSEC, on doit rarement renconter des gens de la seconde catégorie, ce qui aurait pourtant permis d'avoir un argumentaire beaucoup plus nuancé sur ce "paradis pour entrepreneurs" dans lequel nous sommes sensés évoluer. Bonne lecture, que peu d'entrepreneurs partageront toutefois en totalité.

Commentaires

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  1. benicourt

    le 25 mars 2016

    Pour ma part, et sans comparer notre système à d’autres, je trouve qu’il y a plusieurs pièges à éviter lorsqu’on se lance: le premier, c’est d’entrer dans un réseau de création d’entreprises comme les ruches et autres incubateurs – on y trouve certes des gens comme nous qui veulent se lancer, et la possibilité de faire quelques partenariats intéressants, mais au-delà de cela, on se retrouve happé par une bande organisée et sans scrupule de comptables, banquiers, assureurs, etc. qui sont plus des sangsues que de bons conseillers. Enfin, on nous entraine à voir plus grand, à emprunter, faire rentrer des actionnaires, gonfler les business plans… jusqu’à y croire vraiment. Et puis, on se rend compte que la réussite, c’est souvent plus une question de tenir sur la durée et d’opportunités… et là, il faut avoir des charges minimales pour commencer.
    En France, difficile la période durant laquelle on ne fait pas encore 2000€ de bénéfices par mois, car s’il existe l’Acre, cela reste temporaire, et les charges sont rapidement élevées pour verser un premier salaire. Et ne parlons même pas des indépendants qui doivent payer des charges sans même avoir facturé leur premier client. La tenue d’un compta n’est pas accessible à tous. Il y a les difficultés fiscales (TVA intra et extra communautaire complexe, les droits de douanes,etc.), les lois du travail et autres codes compliqués… où nul n’est censé ignorer la loi!
    Les contrôles fiscaux hardis, les contrôles Urssaf, l’entrepreneur qui est relativement mal vu du grand public. La condamnation de l’échec (avec des fichiers bancaires illégaux mais qui archivent ad æternam en réalité). Le RSI, la CIPAV et autres organismes qui peuvent envoyer les huissiers sans répondre au moindre courrier recommandé et sans passer par un juge… tout en vous demandant des sommes énormes et non justifiées. Bref, tout cela est vraiment complexe, les accidents possibles et nombreux, les banques qui vous aident à couler quand vous avez besoin d’elles,…
    Voilà, c’est du brut, c’est brouillon, mais c’est du vécu. Pourtant, je continue – mais je partirai prochainement. Cela fait 20 ans que je gère des entreprises en France et cela va en empirant. Mon conseil: restez salariés ou mieux, fonctionnaires – et si vraiment vous voulez créer une entreprise, fuyez vers un autre pays plus simple comme la Suisse, les USA… ou mieux, l’orient. Désolé si mon message ne va pas trop dans le sens de ton blog Lightman, je sais que tu agis localement et que tu es positif en général – le fait d’avoir réussi brillamment ça aide peut-être. Moi, je ne me plains pas, mais j’ai tellement vu de gens méritant échouer à cause de notre système dans son ensemble, que je suis devenu très critique à son égard.

  2. Lightman

    le 25 mars 2016

    Merci pour ce feed-back très intéressant. La France n’est pas le pays idéal pour les entrepreneurs, on est d’accord. Cela dit, d’autres pays peuvent avoir aussi des inconvénients. En Suisse par exemple, le coût de la vie prohibitif va en freiner plus d’un. Ailleurs, la barrière de la langue et de la culture, le manque de réseau relationnel, sont souvent sous-estimés.

  3. Lucien

    le 24 novembre 2016

    La nouvelle loi sur le logement locatif me motivait a lancé ma propre agence immobilière,je suis dans ce domaine depuis 10 ans, et je rejoins Benicourt car j’ai du rebrousser chemin rapidement et quand je vois mes collègues a l’étranger je rejoins Lightman car dans certains pays c’est encore moins évident qu’en France. Il faut s’armer de patience, de courage et entrer en relation avec beaucoup de personnes pour avoir des conseils