Porte-parole du mouvement des pigeons l'année dernière, et également l'un des fondateurs de PriceMinister, Olivier Mathiot a écrit ce livre pour exposer ses idées à l'attention des politiques de gauche qui manquent singulièrement de culture d'entreprise. C'est d'ailleurs, à quelques rares exceptions près, une caractéristique de la classe politique dans son ensemble.

J'ai hésité avant de commander le livre, craignant de me retrouver dans un bouquin idéologique. Et en fait, cette lecture fut une bonne surprise !

L'auteur se décrit comme un social-libéral, ce qui peut paraître assez paradoxal. Dans le même esprit, ça me rappelle une conférence de Jacques Attali (plusieurs fois cité dans le livre), au cours de laquelle il se présentait comme un "libéral de gauche", ce qui n'avait pas manqué de m'étonner. Les libéraux, très minoritaires au sein de la classe politique, sont presque toujours situés à droite de l'échiquier. Olivier Mathiot, tout comme Jacques Attali, n'hésite pas à la fois à faire largement confiance au marché, ce qui ne doit pas être facile à assumer quand on est de gauche, mais en même temps à louer les mérites de la redistribution et de l'état-providence, ce que ne peut normalement pas comprendre un libéral.

Ceci dit, en tant qu'entrepreneur, l'auteur tient des propos auxquels je ne peux que souscrire, qui sont plus basées sur un certain pragmatisme, du bon sens, et la connaissance du monde de l'entreprise que sur une idéologie. J'approuve donc la grande majorité des constats de cet ouvrage :
– critique de la gauche archaïque et démagogique (ah Mélenchon ou Montebourg !)
– critique de la droite réactionnaire
– critique de l'égalitarisme franchouillard
– le code du travail imbuvable, et le mille-feuille administratif français
– la France frileuse et allergique au risque, incarnée par Chirac et son principe de précaution ("piège à cons" comme dit Allègre) 
– l'ascenseur social en panne…

Sur les 16 propositions de l'auteur pour remettre la France en ordre de marche, là encore, j'approuve la plupart des propositions :
– Privilégier les petites et moyenne entreprises
– Porter l'effort sur l'innovation et l'économie numérique plutôt que sur les entreprises d'hier
– Une fiscalité simple, incitative et stable sur la durée…

Je suis plus réservé en revanche sur d'autres propositions comme celle qui vise à surtaxer les dividendes qui semblent être pour l'auteur le mal incarné, alors que c'est juste le mode de rémunération normal des actionnaires. Pour moi, cette mesure ressemble plus à une défense corporatiste des start-up (qui par nature ne versent jamais de dividendes) qu'à une proposition visant à doper l'investissement dans les entreprises…

Mais, bon, ne boudons pas notre plaisir, ce livre est agréable à lire et avec un contenu argumenté et sérieux. A lire impérativement si vous êtes un politique de gauche, et même de droite !

Après un bouquin comme ça, je me demande si l'auteur ne va pas avoir envie de se présenter lors d'une prochaine échéance électorale. Un député entrepreneur, ça ne pourrait qu'apporter un peu d'air frais dans un hémicycle qui sent un peu le renfermé avec ses 50% de fonctionnaires ou professions libérales et ses 10% de retraités.

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