Idée de business n°7 : logiciels libres

Le 19 décembre 2004

PingouinslinuxIl y a un mois, Bill Gates était à Paris. Motif : essayer de convaincre la mairie de Paris de ne pas migrer sous Linux et Open Office ses 17.000 postes informatiques ! Y sera-t-il parvenu ? Je ne sais pas (mais j’espère que non). En tout cas, cela montre bien le mouvement qui est en train de se dessiner : les logiciels libres (logiciels conçus par une communauté de développeurs bénévoles qu’on a le droit de copier et d’utiliser gratuitement) sont en train de faire une poussée importante auprès des entreprises et des administrations françaises.
Il aura fallu le temps. Presqu’une génération. Je me rappelle quand j’étais étudiant en informatique (1990-94), quand on parlait de GNU ou de Linux à nos profs, ils nous répondaient que c’était des projets peu aboutis qui n’iraient sans doute pas bien loin… Ils ne savaient pas qu’il se trompaient à ce point… Car l’idée de logiciels gratuits avec accès au code source a fait son chemin, petit à petit. Si bien qu’aujourd’hui sur le marché des serveurs de sites web, c’est la solution libre Linux + Apache qui est leader du marché (67% !)… De même, il y a toutes les chances pour que la suite bureautique libre "Open Office" prenne de plus en plus de parts de marché à "Microsoft Office". Quand les décideurs informatiques se rendront enfin compte que ces deux solutions offrent les mêmes fonctionnalités et que l’une des gratuite, ils oublieront leur frilosité et leur conservatisme pour aller vers le libre.
C’est ce qui se passe depuis longtemps dans les petites entreprises, avec des petits moyens. Nous par exemple à JeuxVideo.com, tous nos serveurs sont 100% sous logiciels libres : Linux, Apache, C/C++, Mysql et PHP… Non seulement c’est gratuit, mais c’est aussi beaucoup plus performant que ce que propose Krosoft.
De même, pour nos ordinateurs bureautiques, on a dû acheter 2-3 licences Microsoft pour la compatibilité avec Word/Excel et Powerpoint. Egalement quelques licences de logiciels de retouche d’images (Jasc) et de création de sites web (Macromedia)… Mais à part ça, tous les autres postes tournent avec Open Office !
Devant ce phénomène d’avancée du logiciel libre, il y a un marché important à fournir. Car si les logiciels sont gratuits, il est possible et même souhaitable de proposer du service autour de ces produits gratuits. Et il y a un vrai business à faire ici :

1) Proposer des services de support technique pour les entreprises qui ont installé du logiciel libre (car pour vous dépanner en cas de problème, rien ne remplace un coup de fil à quelqu’un qui connait).

2) Convaincre les entreprises qui utilisent encore des logiciels traditionnels de passer aux logiciels libres. Comment faire ?
     – Proposer aux directions informatiques de réduire leur budget informatique logiciel et de réduire leur dépendance à Microsoft.
     – Leur faire réinvestir une partie de cette économie (moins de licences à acquérir) par du conseil à l’installation sur du logiciel libre (Linux, Apache, mySql, Open Office, etc…), de la formation, puis de la maintenance.

Il existe déjà quelques sociétés qui se sont lancées sur ce secteur en France. Ce n’est que le début d’une évolution lente mais inéluctable vers une industrie du logiciel plus transparente, avec accès aux codes sources, et la fin des tarifs prohibitifs des licences à la Microsoft. Pour votre information, le bénéfice prévisionnel de Microsoft sur l’année fiscale en cours est de 16,5 milliards de dollars, et cette société fait un tiers de son chiffre d’affaire en dormant, simplement parce que les vendeurs incluent ses logiciels d’office avec leurs machines. Et si on changeait ça ?

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Commentaires

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  1. Haazel

    le 19 décembre 2004

    Pour information, ton idée business correspond aux SSLL (Sociétés de Services de Logiciels Libres).
    Cela existe depuis plusieurs années mais on emploie ce terme surtout depuis quelques mois.

  2. Haazel

    le 19 décembre 2004

    Petit lien pour compléter ta note :
    http://www.toolinux.com/news/economie/36_de_progression_pour_linux_de_2004_a_2008_ar5651.html

  3. Lightman

    le 19 décembre 2004

    Haazel> Ah tiens je ne connaissais pas le terme « SSLL » par analogie aux SSII (à prononcer certainement « SS2L »)… Je vois sur ton lien une prévision de croissance de 36% pour Linux de 2004 à 2008. Quand je disais qu’il y avait du business à faire !! 🙂

  4. Haazel

    le 19 décembre 2004

    Lightman> Oui y a du business à faire, d’ailleurs je ne crois pas que le Cantal comporte de SSLL à ma connaissance.
    Maintenant, dans notre département, il va falloir commencer par faire évoluer les mentalités car parmis toutes nos institutions locales (Mairies, Conseil Général, CCI, Ecoles …) combien connaissent le terme « Logiciel libre » ?
    A mon avis pas beaucoup, du coup avant de se lancer j’espère que le futur entrepreneur sera assez tétu pour persévérer.
    En effet l’idée « Si c’est payant c’est donc que c’est mieux » est (malheuresement) encore très vivace pour chez nous.

  5. haazel

    le 19 décembre 2004

    Petit ajout car j’ai oublié un point important !
    Pour en revenir à la phrase : « Si c’est payant c’est donc que c’est mieux », il faut aussi se rappeler que les auvergnats ont une réputation à tenir.
    Ils seront donc plus naturellement attirés vers quelque chose de « gratuit » 🙂 🙂 🙂

  6. Stoub

    le 19 décembre 2004

    Je rajoute une petite précision : les logiciels libres sont certes gratuits et librement copiables (et modifiables grâce au code source fourni), mais ne sont pas toujours le fruit de développeurs 100% bénévoles.
    Open Office par exemple est fortement sponsorisé par Sun (c’est un dérivé de sa suite StarOffice), ce qui permet de payer pas mal de monde à plein temps pour accélérer le développement. D’autres societés comme Red Hat ou Mandrake contribuent beaucoup au développement de Linux lui-même en faisant profiter la communauté de leurs améliorations (c’est le principe des logiciels sous licence GPL: on peut les modifier, les copier et les adapter à loisir, mais les produits dérivés doivent alors être rediffusés à la communauté).
    Mais c’est clair que dans un monde où le logiciel est gratuit, c’est avec les services, ou le matériel qu’on peut gagner de l’argent, IBM l’a bien compris par exemple en vendant ses serveurs qui tournent sous Linux.

  7. lionel

    le 19 décembre 2004

    La question posée par les ll est de savoir où il est préférable de créer de la valeur ajoutée. Le ll signifie de façon décentralisée, au plus près du client, le logiciel propriétaire de façon uniforme et centralisée (les critiques diront deshumanisée). Le logiciel libre permet aux SSII de ramener la création de valeur ajoutée chez elle, qui avait jusque là tendance à se faire du côté des éditeurs, les SSII se contentant d’assembler des briques de lego. On passe d’une dépendance aux éditeurs propriétaires à une dépendance à une SSII/SSLL. Je ne suis pas sûr qu’à terme ce soit si efficace que ça.

  8. lavieestbelle

    le 19 décembre 2004

    en tout cas pour celui ou celle (.))) qui se lance , en reference à la Mairie de Paris et une fois qu’il a la reponse de DELANOE : qu’il s’adresse à l’association des maires de France (AMF) à Paris, mais aussi presente dans chaque departement…et donc aussi dans le Cantal: du coup, il rencontre deux/trois guss au lieu des fameuses trente six mille mairies et hop en avant le buziness.
    DELANOE: y ‘a ecrit noel dans son nom…alors faut y croire à son OUI au logiciel libre.
    Bravo pour les plans business! (reste juste comment on finance tout çà?????

  9. Lightman

    le 19 décembre 2004

    Stoub> Effectivement, dire que les logiciels libres sont développés par des bénévoles est réducteur. merci pour la précision.
    Lavieestbelle> Pour financer une SSII, c’est pas cher au début : il suffit d’un mec (ou une fille Julie!), un PC et de la matière grise 🙂

  10. Julie

    le 19 décembre 2004

    Lightman> ;0)

  11. Dinowan

    le 19 décembre 2004

    C’est aussi ça être un bon entrepreneur/manager : la diplomatie 🙂

  12. alex

    le 21 décembre 2004

    Où est-ce que l’on peut trouver la suite Open Office ?

  13. haazel

    le 21 décembre 2004

    Alex> http://fr.openoffice.org/index.html