Je m'attendais à un livre d'entrepreneur et c'est un livre de futurologue que j'ai eu. Fort bien écrit, et représentant une somme de travail probablement très importante. Gilles Babinet, serial entrepreneur, nous invite d'abord à une reconstitution de l'histoire de l'innovation, de nos origines jusqu'à nos jours. Les découvertes et les inventions s'enchaînent dans un récit plaisant, même s'il me tardait d'en arriver au fait, c'est à dire le présent et l'avenir.
Le futur nous est prédit pour 5 secteurs qui devraient, selon l'auteur, être complètement révolutionnés par les technologies numériques : la connaissance, l'éducation, la santé, l'industrie et l'état.

Je reconnais la pertinence du choix de ces secteurs qui vont probablement subir de profondes mutations. Le problème des futurologues, c'est qu'il prédisent l'avenir grâce aux éléments du passé et du présent, et ne résistent pas à la tentation de prolonger les courbes connues jusque dans un futur lointain. Gilles Babinet va même plus loin en expliquant que le rythme des innovations va s'accélérer considérablement. Or, le futur n'est pas forcément une continuation linéaire du passé, et encore moins une suite exponentielle de celui-ci. L'évolution de notre société est aussi faite de découvertes inattendues, de hasard, d'hésitations, d'avancées puis de reculs, d'événements imprévisibles qui rendent toute prédiction à plus de 5 ans très hasardeuses.

Je n'ai plus adhéré à la thèse de l'auteur lorsque celui-ci se risque à certaines comparaisons surprenantes comme le fait de dire que le numérique est une révolution plus importante pour l'humanité que la révolution industrielle, la découverte de l'imprimerie, de l'électricité ou même la découverte du feu… Il va même plus loin lorsqu'il parle de connecter nos cerveaux à Wikipedia, ou qu'il prédit que les robots vont nous remplacer dans n'importe quel travail d'ici une vingtaine d'années (alors qu'ils ne sont toujours pas foutus de passer l'aspirateur correctement). Là je suis perplexe. Et je dois dire que ça m'évoque plutôt des fins de soirées arrosées entre geeks, ou certains articles de presse en mal de sensationnel.

Bref, j'accorde mon crédit aux entrepreneurs lorsqu'ils me parlent d'innovation, d'entreprises, de business ou d'opportunités. Mais lorsqu'on me parle de science-fiction, je préfère aller vers les romanciers et les cinéastes qui ne se trompent généralement pas plus que les futurologues.

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