Comment attirer les entreprises en zone rurale : l'exemple du Puy-en-Velay

Le 9 mars 2014

Voilà une question qui m'intéresse depuis des années.
En zone rurale (dans le Cantal pour ce qui me concerne), nous manquons d'emplois pour retenir nos jeunes.
La solution miracle : attirer les entreprises extérieures pour qu'elles viennent s'implanter chez nous et créer de l'activité.

C'est tellement simple que tout le monde y a pensé ! Et toutes les collectivités (de la région à la petite commune rurale) rivalisent d'ingéniosité et d'aides financières pour attirer à elles les porteurs de projets prometteurs d'emplois. Par conséquent, la concurrence est rude entre les territoires, et il est particulièrement rarissime de parvenir à attirer des entreprises extérieures, surtout lorsqu'on est dans une zone enclavée. A tel point, que la plupart des développeurs économiques ont tendance à privilégier le développement endogène, c'est à dire la création et le développement d'entreprises locales plutôt que de chercher à en faire venir de l'extérieur.

Or, vendredi dernier, lors d'un débat entre les deux candidats à la mairie d'Aurillac, la ville du Puy-en-Velay et son maire étaient cités en exemple pour avoir réussi à attirer une entreprise créatrice de pas moins de 200 emplois ! J'étais curieux d'en savoir plus, alors j'ai fait quelques recherches sur le web.

L'entreprise en question, c'est le groupe Pierre Cotte, spécialisé dans la maroquinerie de luxe (sacs à main, bagages, ceintures). Cette entreprise est basée à Lezoux dans le Puy-de-Dôme. Elle connait semble-t-il une forte croissance depuis ces 5 dernières années, portée par son client principal : la marque Hermès.

Grâce à ce géant français du luxe, la PME a été amenée à investir 5 millions d'euros pour accroître sa capacité de production. En 2011, elle a commencé par étendre son site de Lezoux de plus de 2000m². Et elle a ouvert dans le même temps une unité près du Puy-en-Velay dans des bâtiments inoccupés de la zone artisanale de Taulhac, pour une trentaine d'emplois créés.
En 2012, l'unité de Taulhac ne suffit plus et un second atelier est créé, toujours dans la banlieue du Puy, précisément à Vals-près-Le-Puy. Aujourd'hui, ces deux sites du Puy totalisent 96 emplois.
Mais le groupe Pierre Cotte n'en reste pas là. Il souhaite encore augmenter sa capacité de production. Il va donc construire un troisième site au Puy qui pourra accueillir une centaine de salariés. L'ouvrage sera livré fin 2015, et sera situé entre Chaspuzac et Loudes, près de l'aérodrome.

L'entreprise a bénéficié de financements régionaux de l'ordre de 640.000€ (300.000 d'aide à l'emploi et 340.000 pour la formation des futurs salariés). La communauté d'agglomération du Puy-en-Velay finance les travaux de viabilisation du terrain. Et le conseil général de Haute-loire par le biais de son Comité d'Expansion Economique a assuré le suivi du dossier. C'est donc une affaire d'implantation dans laquelle chaque collectivité a joué son rôle.

La question qui m'intéresse : pourquoi cette entreprise a-t-elle été au Puy ?
La réponse tient sans doute à l'histoire économique du Puy. Il y a dans ce bassin économique la plus grande entreprise de tannerie française : Les Tanneries du Puy (120 emplois). Je n'ai pas trouvé si cette tannerie est fournisseur de Pierre Cotte, mais il y a tout lieu de le penser. Dans ce cas, on imagine que la proximité avec son principal fournisseur de matières premières est un atout déterminant.

Voilà, l'exemple d'une collectivité qui a su tirer partie de ses atouts, et de la croissance forte d'un secteur d'activité. Car cela représente actuellement 96 emplois créés par Pierre Cotte (peut-être jusqu'à 200 dans deux ans).

Comment s'inspirer de cet exemple ?
Lister nos entreprises locales, toutes activités confondues, qui sont au début d'une chaîne de production de biens. Recherchez particulièrement celles qui sont des fournisseurs incontournables pour certains de leurs clients. Parmi ces clients, rechercher ceux qui sont en croissance forte, ou qui le seront peut-être dans les années à venir, et donc susceptibles de créer de nouveaux établissements…
Ne rêvons pas, ce n'est pas simple. Un travail de longue haleine, pas du tout garanti d'être couronné de succès. Je parierais bien un paquet de tic-tac que la mairie du Puy n'a pas forcément suivi cette démarche cartésienne.

C'est en tous cas une belle histoire pour Le Puy. L'histoire d'une entreprise en croissance qui trouve un intérêt économique à s'implanter dans une zone géographique donnée. Mais ne nous trompons pas, je ne vois pas là l'histoire d'un maire exceptionnel qui attirerait à lui les entreprises comme François Hollande les conquêtes féminines 🙂

Commentaires

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  1. Pany

    le 28 mars 2014

    Un manque d’ouverture se fait ressentir en France, qui se basent sur les acquis et l’individualisme, qui plane et qui la régresse. Mais le partenariat est enfin lancé et offre plusieurs visions évolutives et coopératives.
    Une suite logique et intéressante de prendre partie d’un fournisseur avec une matière qui ne peut pas être exploitée à l’étranger. Mais je pense, qu’il serait très dur de pousser les entreprises à s’expatrier en France ou dans une ville, notamment à cause des nombreuses taxes et le peu de produit exploitable exclusivement en France.
    Quelles-sont valeurs sûres en France ?
    Tous les produits qui touchent l’agriculture (gastronomie, tannerie, le cuir…), le tourisme (parcs astérix et disney, musée d’art…) et c’est tout.
    Pourquoi ?
    Les personnes qui sont hauts placés au sein de notre état préfèrent ajouter des taxes pour combler la crise (exemple d’histoire : amazon, google).
    Ils s’influencent de la crise de 1929 en faisant le contraire. Mais leurs méthodes de haussement taxe ne marche pas non plus et énerve de plus en plus d’esprit, mais ils continuent car c’est la méthode la plus facile. Ils n’ont pas compris ce qui s’est passé par le haussement de taxe pour les livres et que finalement ils l’ont remis à son taux d’avant vu les conséquence que cela a eu. Ou sur les entreprises qui sont parties s’installer ailleurs de la France (coût moins cher).
    Un des nombreux points qui refoulent l’importation d’entreprise en France et qui participent aussi au manque de productivité territorial.
    Des moyens peuvent parvenir à la productivité.
    Le numérique et son interactivité ou la conceptualisation productive qui sont encore mal exploités en France en leur donnant peu de chance.
    Je pense à ces deux productivités car sans évolution apparente rien ne peut se faire. Il y a trop d’enjeux budgétaire encore à cause des hauts placés. 🙂 Et oui, je me suis un peu étalé car la liste des entreprises se restreint très vite dans la collaboration sûre et évolutive.
    Mais bon c’est une belle initiative de la part des entreprises et bénéfique pour eux, c’est sure. 😀