Un incubateur à Aurillac : de la difficulté de faire aboutir un projet pourtant crucial pour le territoire

Le 6 mai 2017

Vous le savez, je me suis fixé comme objectif cette année de lancer un incubateur* d’entreprises sur Aurillac. Cette idée résulte d’un cheminement. Il y a deux ans, dans une démarche volontariste pour participer au développement économique de ma région, je décidais avec quelques amis de relancer l’association Cantal Business Angels, avec comme objectif de financer des entreprises locales à potentiel. Sans surprise, nous avons constaté un manque abyssal de projets innovants et ambitieux sur le territoire. Un manque de projets de qualité, corroboré par un effondrement en volume de la création d’entreprises : -15% d’immatriculations en 2016 vs 2015, record national ! La situation économique de notre territoire est très préoccupante. Ces dernières années, plusieurs entreprises emblématiques ont fermé ou sont parties d’Aurillac : Gilet, Flauraud, Caractère, Jeuxvideo.com, etc… Les fermetures d’entreprises et les déménagements font certes partie de la vie des affaires. Mais à condition qu’on continue parallèlement à créer des entreprises nouvelles susceptibles de créer chacune plusieurs dizaines d’emplois. Nous avons vu que ce n’est plus le cas, et ce depuis au moins une quinzaine d’années. Que faut-il faire ? Nos élus n’ont pas de réponses qui soient susceptibles de renverser la tendance. Comme simple citoyen, je propose une solution originale : avec une expérience de chef d’entreprise numérique qui a plutôt bien réussi, un réseau de nombreux jeunes entrepreneurs que je côtoie et qui me parlent de leurs besoins, je sais que nous manquons cruellement d’un d’accompagnement spécifique qui peut permettre aux jeunes entrepreneurs de maximiser leurs chances de succès. Un incubateur serait une impulsion susceptible de redonner confiance aux jeunes et, j’en suis sûr, de susciter des vocations d’entrepreneurs sur le territoire. Par ailleurs, on sait statistiquement que les projets accompagnés ont des taux de réussite beaucoup plus élevés que les autres.

Ces derniers mois, j’avais réuni autour de moi une dizaine de personnes intéressées par l’idée d’un incubateur : entrepreneurs, expert-comptables, accompagnants… Le premier objectif que je me suis fixé, c’est de trouver un local qui permettrait d’abriter le futur incubateur. Sans bureaux, rien n’est possible. Sauf qu’un incubateur n’est pas un business. Il est illusoire de louer des bureaux au prix du marché et d’espérer répercuter le coût sur les entrepreneurs débutants qui ont par définition des moyens très limités. Nous avons donc besoin de locaux sympas, et à un prix étudié. J’ai songé un temps investir moi-même dans des locaux, afin d’avoir toute liberté d’action en matière de loyer. Malheureusement, je n’ai à ce jour trouvé aucun bureau sympa sur Aurillac qui serait disponible à la vente et utilisable de suite. J’ai vu par contre plein de trucs vétustes, ou de surfaces insuffisantes. Et je n’ai pas envie de m’engager dans une construction, ou de longues rénovations. Mon projet n’est pas un projet immobilier, c’est un projet de développement et de redynamisation économique.
J’ai ensuite tenté la piste politique. A ce jour, la puissance publique, quels que soient son échelon et sa couleur politique, s’est montrée totalement incapable de me faire une proposition de location soutenable financièrement par une association. Je ne pensais pas avoir à beaucoup argumenter pour convaincre des politiques de soutenir notre initiative en mettant à disposition des locaux. Quand on sait que plus de 1000m² de bureaux sont vides depuis plusieurs années, et que notre action est d’utilité publique. Cette inertie est un mystère. Une chose est sûre, je pourrais trouver des dizaines de collectivités un peu partout en France prêtes à nous dérouler le tapis rouge, avec les garanties d’expérience et de compétence que j’apporte. Certaines m’ont déjà fait un appel du pied, spontanément.

Bref, après avoir ramé pendant 4 mois à contre-courant, je me rends compte que la chaloupe Cantal est toujours amarrée au quai. Et mon projet d’incubateur avec.
Comme je n’ai pas vocation à réussir seul dans la tempête, envers et contre tous, ou à me battre contre des moulins à vent – on m’a récemment comparé au héros de Cervantes – je trouverai à l’avenir des terrains de jeux plus propices aux projets qui me tiendront à coeur.

 * Un incubateur d’entreprises est un lieu où des entrepreneurs peuvent travailler et échanger/collaborer entre eux. C’est aussi un endroit où ces entrepreneurs sont accompagnés, et reçoivent du coaching, des formations, des conseils afin de les armer au mieux pour qu’ils réussissent leur boîte. Les incubateurs et autres dispositifs d’accompagnement se sont généralisés sur tout le territoire ces dernières années : ils sont généralement impulsés par des collectivités, par des écoles, ou par des grands groupes. La plupart du temps, les incubateurs accompagnent des entreprises à fort potentiel (photo : incubateur parisien spécialisé dans le tourisme)

Commentaires

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  1. Patrick

    le 6 mai 2017

    Bonjour, Je suis persuadé de l’utilité d’un incubateur et c’est pourquoi nous vous avions proposé une entrevue pour étudier votre projet (certes pas sur Aurillac mais sur la châtaigneraie Cantalienne) mais vous n’avez pas souhaitez donner suite … Je conçoit que la proximité d’Aurillac est importante et là nous étions à 10 km sur un territoire qui se démène pour garder un dynamisme entrepreneurial.
    Bref, pour dire qu’il n’est pas nécessaire de stigmatiser les élus locaux (je préfère cet appellation que de parler de politiques dans nos campagnes…) et qu’il y en a qui se battent avec autant de volonté que vous pour que les choses avance. Parfois il suffit de regarder ce qu’il se passe en dehors des murailles aurillacoises.
    Quoi qu’il en soit, les élus de la Chataigneraie Cantalienne restent à l’écoute de tous les porteurs de projets pour les accompagner sur leur territoire.
    Patrick

  2. Lightman

    le 6 mai 2017

    Bonjour Patrick,
    Dans un incubateur, le lieu est crucial. On a fait un sondage auprès des entrepreneurs du numérique aurillacois : aucun n’est prêt à s’installer à l’extérieur de la ville. L’attrait de la ZRR ne suffit pas.
    Un incubateur c’est un lieu de rencontre, on ne peut pas le mettre dans un lieu qui ne soit pas accessible facilement. Serait-il facile de faire venir régulièrement des bénévoles à 10km de leur boulot ? Pourrait-on imaginer de faire intervenir un ponte de passage sur Aurillac s’il lui faut sortir de la ville ? Certainement pas.
    Je n’ai pas rencontré tous les élus, mais quand même plusieurs, qui sont intéressés (ou devraient l’être) par ce type de projets. Et je peux vous dire que certains sont des « politiques ». Ce qui n’est pas péjoratif d’ailleurs. 🙂
    Je suis certain que certains élus se battent pour leur territoire ! L’idée n’était absolument pas de les discréditer.

  3. stephanep

    le 6 mai 2017

    Bjr
    La region n’est elle pas l’interlocuteur privilégié pour cette demarche ?
    Les projets Leader avec des fonds européens peuvent apporter une aide…apres si vous n’êtes pas soutenu localement c’est compliqué

  4. Lightman

    le 6 mai 2017

    Vous avez raison, la région est l’interlocuteur privilégié. Mais pour bâtir un dossier, il faut d’abord avoir des éléments tangibles et ça passe par trouver un local adéquat. Par ailleurs, la région peut accorder des aides à l’investissement, mais certainement pas des aides pour payer un loyer.
    Je note au passage que j’ai eu de très bons contacts avec la région où la direction des services économiques ET une vice-présidente m’ont reçu en moins de 48 heures dès le mois de janvier. Ca fait réfléchir quand ici on vous file un rendez-vous un mois et demi plus tard.
    J’en ai déduis qu’à Lyon, l’économie est LA priorité. Ici non.

  5. stephanep

    le 6 mai 2017

    Incompréhensible
    Ce territoire se meurt …
    Un tel projet doit être soutenu

  6. Pierre Jarlier

    le 7 mai 2017

    Bonjour Sébastien,
    Je vous ai laissé un message il y a plusieurs semaines pour vous proposer d’évoquer votre projet très interessant. Le cantal a besoin d’entrepreneurs et d’initiatives! A votre disposition pour en parler. Ne lâchez pas!

  7. Lightman

    le 7 mai 2017

    J’ai dû rater votre message, je vous envoie un email. Merci pour les encouragements.

  8. Le Valoisien

    le 8 mai 2017

    Bonjour Sébastien,
    Vous semblez tomber des nues : je vous comprend et c’est « normal », « normal » car je pense que vous n’avez pas dans votre vie du beaucoup « pratiquer », côtoyer le monde politique.
    Sachez que les politiques (sauf quelques execptions), surtout de nos jours que ce soit au niveau national ou local ne sont pas là pour résoudre les problèmes de la « cité » au sens noble latin du terme au temps de l’antiquité mais ils sont là pour garder, conserver le pouvoir, leurs petits ou grands pouvoirs et petits ou grands privilèges qui vont avec :
    intégrez le bien et constatez par vous même si vous le pouvez et le voulez : ca change la vision sur bien des choses et ainsi on comprend « le pourquoi du parce que »
    Une fois que vous aurez compris cela : vous ne saurez plus déçu (ou du moins votre déception sera moindre) comme de plus en plus de français comme on vient de le vérifier le 23 avril et le 7 mai
    Sinon je pense que à Saint Flour en ville haute et en ville basse dans des appartements de la mairie et de l’ Etat via Logisens ou/et à Aurillac au Château Saint Etienne il doit y avoir des locaux vides… allez constater par vous même : ils ont tout réaménagé c’est trés beau ! Ils doivent être vides

  9. Christian

    le 13 mai 2017

    Bonjour, navrant ce qui vous arrive, et incompréhensible.
    A coté de ça, on incite à venri s’ installer dans le Cantal : http://www.cantalauvergne.com/
    Après, si votre projet est en attente pour le moment, il n’ est pas dit que prochainement il n’ aboutira pas. Il suffit simplement de tomber sur la bonne personne qui pourra vous donner un coup de pouce.
    Ce n’ est que partie remise, j’ en suis sur.

  10. Jacques Vermenouze

    le 22 mai 2017

    Bonjour,
    J’espère que tu n’as pas totalement abandonné l’idée d’un incubateur à Aurillac. Personnellement je serais prêt à m’investir financièrement et bénévolement à mon petit niveau à ce projet.
    Amicalement,
    Jacques

  11. COULON André-François

    le 6 juin 2017

    Monsieur Pissavy, Bonjour,
    Je comprends votre amertume face à l’inertie courante de nos élus reliée par la presse locale.
    Votre idée d’incubateur est une excellente idée. Elle aiderait ceux qui auraient (ils sont nombreux) la volonté de réveiller le Cantal. Pour ma part, cela fait Plus de 10 ans que je me bats (entre autre) pour une meilleure exploitation de l’aire de Garabit. Elle pourrait constituer une réelle vitrine pour TOUT le Cantal…. Hélas il n’en est rien… et pendant ce temps là certains engagent des campagnes à Paris, à Lyon et à la télé, relayés par le journal local. Vous trouverez ci-dessous le courrier que je leur ai récemment adressé suite à un article du journal « la montagne ».
    _____________________________
    COULON André-François Le 18/05/2017
    à
    Cantal destination
    Comité Départemental du Tourisme
    12 rue Marie Maurel
    15013 AURILLAC CEDEX
    et Clévacances Cantal
    54 rue des Carmes
    15000 AURILLAC
    Madame, Monsieur,
    Excellente idée que celle du fonds commun de promotion touristique du Cantal (lu dans la Montagne du 11 Mai).
    Tout ce qui contribue au mieux-être de mon département par sa mise en valeur, me réjouit au plus haut point.. même si je vis une partie de l’année à SETE (34).
    J’ai cru comprendre que vous étiez ouverts à toutes propositions (ou regards différents), c’est pourquoi je m’autorise à vous soumettre une idée qui ne devrait pas coûter autant qu’une promotion à la télé ou la tenue d’un stand au salon de l’agriculture ou au grand marché couvert de Lyon.
    L’autoroute A 75 traverse latéralement le Cantal avec un point visuel stratégique : le viaduc de Garabit.
    Sur l’aire de Garabit – qui draîne des automobilistes « montants » et « descendants »- plus de 1000* personnes posent pieds chaque jour.
    Et que trouvent ces automobilistes ?
    Un très beau panorama sur le viaduc et la vallée de la Truyère, un bel espace pour pique-niquer avec ombres, tables, bancs et toilettes….ET….. un bâtiment rectangulaire moderne, ouvert sur la lumière.
    A l’intérieur de ce rectangle de verre, des gondoles de « souvenirs » made in taïwan, de la nourriture « rapide », des boissons chaudes et froides, quelques produits régionaux , des dépliants gratuits et cartes payantes, un coin qui évoque la construction du viaduc par des panneaux éducatifs et, « cerise sur le viaduc » : une grande salle (ouverte irrégulièrement) dite de restaurant ! ! !
    Après son passage dans ce local, croyez-vous que le visiteur soit incité à entrer un peu plus dans notre département ?
    Croyez-vous également qu’il ait pu recueillir des infos pour envisager ultérieurement une escapade cantalienne ?
    Sûrement pas !
    Je reste persuadé qu’il y a en ce lieu d’immenses possibilités de promotions efficaces (vu le nombre de visiteurs). Promotions par des animations, un accueil, des documentations par thèmes, des offres de réservations, des vidéos, des jeux…..
    Un essai serait mérité ! NON ?
    Bien sincèrement,
    COULON A.F.
    afcoulon@orange.fr
    * source : DRIRE.
    Copie : emmanuel.tremer@centrefrance.com