Le marché de Figeac

Le 14 septembre 2019

On s’est garé sur le parking du cimetière, en dépit du panneau qui en réservait strictement l’usage aux visiteurs des défunts. Mais le marché de Figeac valait bien cette petite entorse aux décrets municipaux, ainsi que la grosse heure de route que nous avions accomplie juste avant.
En ce moment, ce sont les marchés. Il y a quelques années, on avait épuisé le sujet des cascades, puis on a fait pas mal d’abbayes. Finalement, on aime bien sérialiser nos petites sorties, comme autant de vignettes Panini qu’on collerait sur l’album imaginaire de nos excursions familiales.

Figeac, avant d’être un marché, c’est d’abord une histoire. Celle d’une petite cité qui a prospéré grâce à sa situation sur le chemin de Saint-Jacques-de-Compostelle, puis plus récemment par ses industries aéronautiques. Son centre-ancien est remarquablement conservé, avec de nombreuses maisons médiévales splendides en grès, parfois en briques, avec ou sans colombages, avec ou sans porches et fenêtres à meneaux finement sculptés. Figeac, c’est aussi, bien sûr, la cité de Jean-François Champollion, cet Alan Turing du XIXème qui a déchiffré les hiéroglyphes égyptiens.
Bon, le samedi matin, c’est plus convivial, gourmand, vivant, c’est le marché. Mais pas n’importe quel marché : un vrai beau marché du sud, avec des marchands venus de tous les départements limitrophes pour présenter leurs meilleures spécialités.

On a beaucoup aimé déambuler entre les étals des maraîchers pendant que sur la Place de la Halle, un groupe de fiers chanteurs basques interprétaient à pleins poumons l’émouvante Ballade Nord-Irlandaise de Renaud.
– Elles sont d’ici vos girolles ?
– Non… Je les achète à Toulouse, mais elles viennent des Pyrénées Centrales.
– Va pour les Pyrénées Centrales, mettez m’en deux barquettes.

Un peu plus loin, un jeune camelot nous a gentiment expliqué la recette du pastis quercynois, une pâtisserie locale dont le goût est cousin du Kouign Amann breton – mais en moins calorique, ce qui ne doit pas être sorcier.
« Vous voyez comme c’est difficile de faire de la pâte feuilletée, et bien le pastis c’est beaucoup plus compliqué encore ! ». Une passante d’acquiescer en rajoutant quelques détails issus de son expérience personnelle. Et nous sommes repartis, ravis de ces quelques mots, avec notre spécialité quercynoise, convaincus qu’il valait mieux l’acheter que de tenter cette périlleuse réalisation de haut vol.

Ma marseillaise a voulu s’arrêter à la poissonnerie, surprenamment bien achalandée, avec du poisson très frais, pêché le plus souvent en eaux françaises. « Quatre soles et deux sèches s’il vous plaît. Non, on ne veut pas garder l’encre. ».

Avant de repartir, petit crochet par l’abbatiale Saint-Sauveur et son intéressante chapelle Notre-Dame-de-Pitié. C’était l’ancienne salle du chapitre de l’abbaye, où se réunissaient donc les moines autour de l’abbé pour délibérer des affaires de la communauté. En ressortant, nous avons croisé dans le transept une pèlerine de Saint-Jacques avec son sac-à-dos, à la recherche du permanent qui pourrait lui tamponner sa credencial. Elle était partie du Puy-en-Velay il y a 10 jours. Myriam lui a dit qu’elle était courageuse. Devant ses réponses laconiques, on n’a pas insisté. Les pèlerins sont souvent dans un cheminement intérieur, comme le dévoile un peu Ruffin dans son Immortelle Randonnée, mais mieux encore l’ami Dominique Dernis dans Grandir à Compostelle.

Myriam dans la voiture : « Ca doit être sympa le chemin de Saint-Jacques. On pourrait le faire à vélo électrique, non ? »

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