Ruralité : quel avenir ?

Le 8 août 2017

Quel avenir pour les territoires ruraux et dans quelle mesure le numérique peut-il y contribuer favorablement ? Voilà un sujet qui m'intéresse particulièrement en tant que natif et habitant de ce département très rural qu'est le Cantal, et aussi en tant qu'ancien entrepreneur du numérique*.

Je ne suis généralement pas du tout attiré par les livres de politiques qui m'ennuient le plus souvent. Mais quand même, j'ai fait une exception. Car celui-ci est écrit par un ancien maire d'Aurillac, et Président du Conseil Régional de l'ancienne région Auvergne, et que René Souchon a par ailleurs été très actif pour développer la fibre optique en Auvergne (même si le mouvement a été un peu survendu par les politiques 🙂

Ce qui m'a frappé d'une façon générale, c'est la vision optimiste de l'auteur, tandis qu'on a plutôt l'habitude d'entendre parler des zones rurales en termes très déclinistes ou nostalgiques. Sans chercher à résumer le livre, je vais me contenter de parler de deux points qui m'ont particulièrement marqués.

Saint-Bonnet-le-Froid
Parmi les exemples de réussite de territoires ruraux, j'ai lu avec la plus grande attention l'histoire de ce petit village de Haute-Loire qui compte 260 habitants, à la frontière de l'Ardèche, à plus de 1000m d'altitude. La réussite de ce village est fortement liée à l'esprit entrepreneurial de la famille Marcon et de trois frères en particulier : l'un est chef d'un restaurant triple étoilé au guide Michelin. Un autre est président du Conseil Départemental, tandis que le troisième est Président national des CCI. Le développement de ce petit village notamment touristique est tout à fait exemplaire.
Il me rappelle un autre village d'altitude qui aurait mérité d'être cité dans l'ouvrage : Laguiole, avec le restaurant Bras, lui aussi triple étoilé, et qui lui aussi a servi, me semble-t-il de déclencheur au développement économique du village.

Ces réussites qui sont déjà avérées depuis de nombreuses années, peuvent faire penser à ce qu'est en train de faire en ce moment-même Serge Vieira à Chaudes-Aigues. Le chef Vieira, déjà double étoilé Michelin, qui connaît bien Saint-Bonnet-le-froid pour avoir été second de cuisine de Régis Marcon, et vainqueur du Bocuse d'Or (tout comme son mentor).
En se rappelant des belles histoires qui se sont construites à Saint-Bonnet-le-Froid comme à Laguiole, nous serions bien avisés de tout mettre en oeuvre pour que s'écrive une histoire tout aussi belle à Chaudes-Aigues. D'autant plus que la cité cantalienne dispose avec le centre thermal Caleden et avec la source la plus chaude d'Europe, d'éléments d'attractivité importants par ailleurs. Bref, dans 20 ans, je verrais bien Chaudes-Aigues devenue une locomotive touristique du département… Ce serait encore mieux si Serge Vieira était rejoint par quelques autres entrepreneurs ambitieux afin que tous tirent le territoire vers le haut.

La "silver economy"
Un chapitre concerne la "silver economy", l'économie autour des séniors, qui semble fort légitime pour un territoire rural comme le Cantal disposant à la fois d'une démographie adaptée, de même qu'une nature préservée qui peut jouer un rôle important pour une clientèle en recherche de calme et de bien-être.
Ce secteur d'activité s'annonce extrêmement porteur pour les années à venir, les études sur le sujet sont toutes d'accord. Ce secteur s'annonce très créateur d'emplois d'autant qu'on travaille là sur de l'humain, et donc que les robots auront du mal à remplacer ces emplois-là. On peut anticiper des créations de postes de tous niveaux de qualification, ce qui devient de plus en plus rare. Bref, il n'y a que des avantages à aller dans ce sens. Sauf un peut-être : en terme d'image, une collectivité devra communiquer avec précaution, car on ne peut pas à la fois prétendre être une zone dynamique économiquement, attractive pour des jeunes populations, et essayer de développer la silver économie. C'est souvent perçu comme un grand écart. D'où la réticence de certains élus à aller sur ce terrain-là.

Enfin, et c'est sans doute la limite de cet ouvrage qui traite d'économie par le prisme de la politique. Il est très difficile de vouloir impulser un mouvement économique, quand celui-ci ne repose pas d'abord et avant tout sur l'existant. Vouloir thématiser un territoire alors qu'il n'y a pas d'entreprises majeures sur ce sujet sur le territoire sera compliqué. Pas impossible certes, mais ce sera long. L'efficacité entrepreneuriale commanderait peut-être plutôt de partir de l'existant et seulement ensuite de fixer le cap à atteindre… comme l'ont fait les entrepreneurs de Laguiole ou Saint-Bonnet-le-Froid, en somme.

* Notez que j'ai du mal à dire "ancien"  tant que je me sens encore 100% entrepreneur, peut-être même plus que pendant mes dernières années à jeuxvideo.com où j'étais devenu un simple manager.

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