Nouvelles de Tesson et de mon challenge

Le 3 juin 2021

Je suis en train de lire un recueil de nouvelles de Sylvain Tesson intitulé S’abandonner à vivre. C’est le sixième ouvrage de cet auteur que j’ingurgite après La Panthère des Neiges qui lui valut le prix Renaudot 2019 ; Sur les Chemins Noirs qui le mènent notamment au Plomb du Cantal, à Condat, et même aux urgences de l’hôpital d’Aurillac ; Bérézina où pour célébrer le bicentenaire de la retraite de Russie, le plus russophile de nos romanciers français a pris la route de Moscou vers Paris en vieux side-car soviétique hors d’âge pour mettre ses roues dans les pas des grognards ; Dans les Forêts de Sibérie, où il nous raconte son ermitage de six mois dans une cabane délabrée des bords du lac Baïkal sans eau ni électricité loin des hommes et de la modernité ; et enfin Une Vie à Coucher Dehors, un recueil de Nouvelles qui ne m’a pas laissé un souvenir mémorable.
Au fur et à mesure de la découverte de l’oeuvre de Tesson, je m’imprègne de la vie de l’auteur, je reconnais son style, son goût pour l’aventure, son appétence pour la vodka, son vocabulaire : « putain de bite » son injure préférée ; sa passion illimitée pour les aphorismes ; sa passion non moins raisonnée pour les écrivains russes… Il me reste encore tant à lire de lui. Sans doute devrais-je maintenant me tourner vers ses tout premiers livres…

En attendant, je poursuis mon challenge du JVBook, qui s’avère plus ardu que je ne l’imaginais. J’ai dû renoncer par trois fois à déposer un des derniers exemplaires dans une boîte à livres.

– à Saint-Cyr-sur-Mer (13), où par un dimanche ensoleillé qui me valut mon premier coup de soleil de la saison, je n’ai trouvé aucune boîte à livres malgré un site web qui attestait du contraire, confondant sans doute ces petites cabanes-bibliothèques avec les opérations estivales de lecture sur les bords de plage, qui s’arrêtent net aussitôt la saison touristique achevée.

– à Aubagne (13), patrie de Marcel Pagnol au pied du Garlaban, où aucune boîte à livres n’a été détectée. Triste. Alors, on s’est rendu dans la maison natale de l’auteur de Jean de Florette, on a été visiter le Village des santons, et puis j’ai discuté avec un santonnier qui est devenu mon meilleur ami quand j’ai découvert qu’il avait sculpté de façon étonnamment fidèle un majestueux Goldorak et même un splendide et fier Actarus. C’était une commande pour un de ses clients. Un homme de goût.

– à Manosque (04) aujourd’hui, où j’avais bon espoir car plus d’une demi-douzaine de boîtes à livres étaient recensées sur le web. On les a trouvées. Vides, délabrées, plus entretenues, parfois vandalisées. Quand même, Manosque c’est le village de Jean Giono, ça oblige. Remarquez, j’avais détesté Le Chant du Monde au lycée, et ce n’est pas le soporifique détour par le Centre Jean Giono qui m’a fait changer d’avis. On a quand même profité du centre-ville, tout à fait charmant, où l’on a détecté deux librairies, et même un bouquiniste-restaurant. Les rues étaient décorées de jolies guirlandes remplies de petits moulins à vents tournoyants et colorés. On a aussi apprécié le quartier des arts où la décoration déborde des échoppes, s’insinue de façon virale dans le pavé, autour des gouttières, sur les portes, entre les tiges des rideaux de fer, contre les murs. On a beaucoup aimé Manosque, en fait. On peut même vous recommander Le Café du Coin, pour manger du fait-maison bon et sans chichis, à un tarif attractif. Mais ce serait bien que les boîtes à livres soient entretenues. Il paraît qu’elles furent installées par la Communauté d’Agglomération. Un revers électoral aura probablement fait comme victime collatérale la lecture gratuite et collaborative ? On en a repéré de deux générations : de vieilles boîtes en bois délabrées, la version 1.0 dont la porte est généralement manquante, et puis un modèle plus esthétique, plus métallique, plus résistant, avec un toit en forme de chapeau chinois, mais dont le contenu ne différait pas des autres plus fragiles. Conclusion : elles ne méritent pas le JVBook.

Demain je dois aller chercher un bouquin sur Raoult écrit par des journalistes du Monde, dont je me suis délecté des bonnes feuilles. Donc ce soir, je vais expédier les dernières pages de nouvelles de Tesson.

Ici 4 livres dont un GéoGuide du Québec, et un opuscule de mots croisés